Les PDG sont conscients que l’avenir de leurs organisations dépendra de leur capacité à naviguer dans un monde de plus en plus polarisé, tout en investissant dans le développement des compétences et en favorisant une culture d’agilité et d’adaptabilité.

Une fois n’est pas coutume, l’article de ce jour porte plutôt sur le moral des PDG d’entreprises que sur leurs projets par rapport à la technologie, l’IA en particulier. Dans un contexte mondial pour le moins incertain, alors que les tensions géopolitiques et la polarisation régionale en blocs économicopolitiques hostiles caractérisent notre époque, les PDG manifestent une résilience remarquable. Ils misent sur la technologie et les talents pour assurer la croissance future de leur entreprise. C’est le constat dressé par l’étude CEO Outlook 2024, réalisée par KPMG.

L’étude a été menée entre le 25 juillet et le 29 août 2024, auprès de 1 325 dirigeants de plusieurs régions (Australie, Canada, Chine, France, Allemagne, Inde, Italie, Japon, Espagne, Royaume-Uni et États-Unis) et de 11 secteurs industriels (gestion d’actifs, automobile, banque, consommation et commerce de détail, énergie, infrastructure, assurance, sciences de la vie, industrie manufacturière, technologie et télécommunications).

L’étude souligne un déclin de la confiance des PDG dans l’économie mondiale au cours des dix dernières années. Alors que 93 % des dirigeants se disaient optimistes en 2015, seulement 72 % partagent ce sentiment en 2024. Cette baisse de confiance est exacerbée par des défis tels que la résurgence de l’inflation, les tensions géopolitiques et les incertitudes liées à la chaîne d’approvisionnement, qui obligent les entreprises à repenser leurs stratégies de croissance et d’expansion.

La technologie, une partie de la réponse aux incertitudes

C’est bien connu : « l’incertitude freine l’investissement ». La décennie écoulée a été marquée par des événements perturbateurs, notamment la pandémie, la résurgence de l’inflation et des tensions géopolitiques, ainsi que les menaces de protectionnisme et de guerres économiques. Alors que le monde fait face à une « déglobalisation » croissante et à des tendances isolationnistes, notamment aux États-Unis, les PDG naviguent dans un paysage complexe où les relations internationales sont redéfinies par l’émergence de nouveaux blocs économiques et les menaces de conflits armés.

Dans ce climat d’incertitude, les dirigeants essayent d’adapter leur réponse. C’est ce qui explique que 72 % des PDG ressentent une pression accrue pour assurer la prospérité à long terme de leur entreprise, soulignant les défis croissants liés à la gestion d’organisations. Selon l’étude, les dirigeants placent leurs espoirs dans l’innovation technologique et la transformation numérique pour garantir la croissance et la durabilité de leurs organisations. Pour ce faire, 92 % des PDG prévoient d’augmenter le nombre total d’employés. Ce qui démontre une volonté d’investir dans l’avenir et de renforcer les compétences de leur personnel pour s’adapter.

Une forte confiance dans le potentiel de l’IA

Parmi les principales conclusions, l’étude observe une forte confiance des dirigeants dans le potentiel de l’intelligence artificielle et des technologies émergentes, perçues comme des catalyseurs d’innovation et de croissance durable, malgré l’instabilité économique. L’intelligence artificielle est perçue comme le principal moteur de transformation au cours des prochaines années. Selon l’étude, 64 % des PDG mondiaux déclarent qu’ils investiront dans l’IA, quelles que soient les conditions économiques. Ce chiffre reflète une confiance croissante dans la capacité de l’IA à stimuler l’innovation, à améliorer l’efficacité opérationnelle et à offrir un avantage concurrentiel.

Les dirigeants considèrent que l’IA est une réponse aux défis à venir, notamment en matière de productivité et de gestion des talents. Une portion réduite (16 %) des PDG estime que l’IA augmentera l’efficacité et la productivité de leurs entreprises, tandis que 13 % la voient comme un levier majeur d’innovation organisationnelle. L’IA apparaît, pour une petite partie des dirigeants, certes, comme un outil pour améliorer les opérations existantes, mais aussi une technologie capable de générer des solutions
entièrement nouvelles.

Un point important relevé dans l’étude est que 76 % des PDG pensent que l’IA ne réduira pas fondamentalement le nombre d’emplois dans leurs organisations au cours des trois prochaines années. Ils reconnaissent toutefois que la montée en compétences
(« upskilling ») est nécessaire pour permettre à leurs employés d’exploiter pleinement cette technologie. Cependant, seuls 38 % des dirigeants se disent confiants quant au fait que leurs employés possèdent actuellement les compétences nécessaires pour utiliser efficacement l’IA​.

Anticiper les besoins en compétences

En réponse à cette lacune, 58 % des PDG ont repensé les compétences requises pour les postes de début de carrière, anticipant un besoin accru d’agilité et de compétences techniques pour s’adapter à un environnement de travail automatisé et axé sur l’IA​. Cela montre que les dirigeants se concentrent non seulement sur l’adoption technologique, mais aussi sur l’adaptation du capital humain pour assurer le succès futur de leurs entreprises.

Un autre point important abordé par l’étude est relatif à la question du retour sur investissement. Malgré l’enthousiasme ambiant pour l’IA, les PDG sont conscients que les retours sur investissement ne seront pas immédiats. Une majorité de 63 % d’entre eux s’attend à ce qu’il faille entre trois et cinq ans avant de voir un ROI substantiel provenant des investissements dans l’IA​. Cela montre que, bien que l’IA soit une priorité stratégique, il existe une compréhension que l’impact réel prendra du temps à se concrétiser.

Alors que les tensions et l’incertitude freinent la collaboration mondiale, les leaders d’entreprises restent optimistes quant au potentiel de la technologie, en particulier l’IA, pour transformer leurs entreprises et l’économie mondiale. Ils voient l’adoption de l’IA comme une clé pour débloquer une nouvelle vague d’innovation et de croissance durable, et entendent investir dans la transformation numérique et l’amélioration des compétences de leurs collaborateurs, tout en adaptant leurs engagements en matière de gouvernance environnementale et sociale (ESG), pour naviguer dans cet océan d’incertitudes.