À l’occasion de la conférence SuperComputing 2024 (SC24) à Atlanta,
aux États-Unis, et de la Conférence Européenne sur les Technologies Quantiques à Lisbonne,
au Portugal, le consortium EuroQCS-France annonce qu’il ouvrira prochainement un accès à distance anticipé à un ordinateur quantique photonique de 6 qubits développé par la startup française Quandela.

Ce consortium, composé de GENCI et du CEA, s’inscrit dans l’infrastructure hybride HPC/QC européenne d’EuroHPC. Cet accès sera destiné à la communauté de recherche européenne, en amont de l’installation du système Lucy en France l’année prochaine.

EuroHPC (European High Performance Computing Joint Undertaking) est une initiative européenne visant à développer une infrastructure de calcul haute performance (HPC) de classe mondiale et à renforcer les capacités de l'Union européenne dans ce domaine stratégique. Créée en 2018 sous forme d’entreprise commune (Joint Undertaking, JU), EuroHPC regroupe des institutions européennes, des États membres, des pays associés et des acteurs industriels et académiques.

EuroQCS-France (European Quantum Computing Services - France) est une initiative française intégrée au cadre d’EuroHPC, dédiée à l’intégration et au développement des technologies quantiques au sein des infrastructures européennes de calcul haute performance (HPC). Ce projet vise à coupler des calculateurs quantiques avec des supercalculateurs traditionnels pour créer une infrastructure hybride, combinant les forces des deux technologies. EuroQCS-France met particulièrement l'accent sur les technologies quantiques photoniques, grâce à des partenariats avec des entreprises
innovantes comme Quandela.

Un accompagnement quantique pour les chercheurs

GENCI et le CEA, respectivement entité et site d’hébergement du calculateur quantique Lucy au sein d’EuroQCS-France, ont déjà mis en place des outils pour familiariser les communautés académiques et industrielles avec l’informatique quantique à base d’optique linéaire (LOQC). Parmi eux, Perceval, l’environnement de programmation et d’émulation de Quandela, est accessible depuis plus d’un an sur le supercalculateur Joliot-Curie. Dans ce cadre, un accès distant à un dispositif photonique de 6 qubits sera proposé, jusqu’à ce que le système Lucy soit entièrement déployé et opérationnel au TGCC, le centre de calcul du CEA. Les chercheurs pourront ainsi écrire leur code avec Perceval et l’exécuter à distance.

Lucy, le futur calculateur quantique photonique universel de 12 qubits, a été acquis par l’EuroHPC Joint Undertaking (JU) auprès d’un consortium réunissant Quandela et l’Allemand Attocube systems AG. Son installation est prévue pour mi-2025 au TGCC, situé au sud de Paris. Ce système sera interconnecté au supercalculateur Joliot-Curie de GENCI, à l’instar de Ruby, le calculateur quantique de Pasqal intégré dans le cadre du projet européen HPCQS. Lucy fera partie d’un réseau unique de six calculateurs quantiques EuroHPC, chacun basé sur une technologie matérielle distincte :
  • Qubits supraconducteurs évolutifs (Euro-Q-Exa, dirigé par LRZ, Allemagne)

  • Qubits supraconducteurs en étoile (LUMI-Q, IT4Innovation, République tchèque)

  • Ions piégés (EuroQCS-Pologne, PSNC, Pologne)

  • Recuit quantique (EuroQCS-Espagne, BSC-CNS, Espagne)

  • Atomes neutres (EuroQCS-Italie, CINECA, Italie)

  • Photons uniques (EuroQCS-France, GENCI/CEA, France).
À ce jour, quatre systèmes ont été acquis auprès de fournisseurs comme IQM (Euro-Q-Exa, LUMI-Q), AQT (EuroQCS-Pologne), et le duo Quandela/Attocube (EuroQCS-France).

Soutien et expertise pour les utilisateurs finaux

Outre l’accès anticipé, les utilisateurs bénéficieront de l’accompagnement d’experts de Quandela pour développer des applications adaptées à l’environnement LOQC, en vue de leur exécution sur Lucy. Pour les chercheurs académiques, cet accès représente une opportunité de défricher une technologie émergente. Ils peuvent ainsi explorer de nouveaux domaines scientifiques tels que la simulation de phénomènes physiques complexes, comme les interactions moléculaires en chimie, ou encore la résolution de problèmes d’optimisation impossibles à traiter avec des calculateurs classiques.

Cet accès permet aussi d’accélérer la recherche fondamentale en donnant la possibilité de tester des algorithmes quantiques sur une plateforme opérationnelle, complétant les travaux théoriques ou les simulations informatiques traditionnelles. En outre, cet accès favorise la formation et la montée en compétences des chercheurs, qui pourront se familiariser avec les spécificités des qubits photoniques et se préparer à utiliser des systèmes plus avancés, comme Lucy, un ordinateur quantique photonique universel
de 12 qubits prévu pour 2025. Enfin, l’intégration de cette initiative dans l’infrastructure EuroHPC garantit un partage équitable des ressources entre tous les pays européens participants, permettant à toutes les institutions académiques, quel que soit leur niveau de financement, d’accéder à cette technologie.

Cela marque une étape clé dans l’intégration de technologies quantiques dans les infrastructures européennes, renforçant ainsi le positionnement stratégique de l’Union européenne dans le domaine du calcul haute performance et de l’informatique quantique.