Donald Trump a invité les hackers russes à pirater les comptes de sa concurrente Hillary Clinton. De quoi jeter un peu plus de confusion tant sur les élections américaines que sur la cybersécurité. Et apporter une nouvelle preuve que nous sommes entrés dans l’ère des menteurs.

Son équipe de campagne aura beau affirmer que Donald Trump n’a jamais invité explicitement à pirater les comptes d’Hillary Clinton, Trump lui-même peut toujours affirmer qu’il ne s’agit que d’une « remarque sarcastique », son discours est bel et bien une invitation au piratage : « Russes, si vous m’écoutez, j’espère que vous pourrez trouver les 30 000 messages manquants ». Donald Trump fait référence aux emails qu’Hilary Clinton a supprimés d’un serveur de messagerie privée. C’est navrant et irresponsable !

Trump et les pirates, une vieille histoire

Ce n’est pas la première fois que le candidat républicain à la Maison-Blanche fait ainsi un appel du pied non déguisé aux cyberpirates. En 2014, il s’attaquait directement au Président Obama en invitant via Twitter à fouiller la toile et ses documents afin de collecter des renseignements sur ses origines ! Déjà à l’époque, celui qui n’était pas encore le candidat républicain invitait au piratage...

Donald Trump a également plusieurs fois cité en exemple le Président Poutine et ses pratiques. Son invitation au piratage des comptes d’Hilary Clinton n’est qu’une escalade supplémentaire dans une dérive qui en dit long sur le respect des individus et de leur vie privée. S’il accède à la Maison-Blanche, Trump invitera-t-il les pirates du Kremlin, car ne l’oublions pas une partie des hackers russes travaille pour le gouvernement russe, à collaborer avec la NSA ?

Tremblez, responsables sécurité...

L’invitation ouverte aux pirates russes aura au moins eu pour effet de réveiller les craintes de tous les responsables sécurité du monde. En particulier au sein des administrations et les entreprises américaines et occidentales qui sont déjà la cible des pirates. Le discours du candidat est ni plus ni moins qu’une invitation ouverte au piratage. Qui tombe bien mal, car une rumeur circule selon laquelle les systèmes de vote numérique du Comité national démocrate ont été piratés par les hackers russes.

À l’invitation à l’espionnage s’ajoute le risque de voir les résultats électoraux devenir l’objet de doutes, avec des résultats truqués au profit d’un candidat par des pirates russes. Qui aurait pu imaginer cela ? Le candidat Trump ? La question mérite d’être posée.

La dérive des menteurs

Le discours de Donald Trump, avec ses multiples dérives, renvoie vers une pratique qui se fait jour avec insistance, jusque chez nous d’ailleurs, celle des menteurs. Les candidats britanniques au Brexit en ont usé et abusé, multipliant les mensonges pour détourner l’attention des électeurs. Une partie de la classe politique française a profité des derniers attentats pour véhiculer des affirmations mensongères. Quant au discours de Trump, ce n’est pas une invitation explicite au piratage, nous affirme-t-on !

Le mensonge n’est pas nouveau, mais c’est devenu une denrée courante, qui se consomme avec un aplomb désarmant. Et une coupable absence de réaction tant pour ceux qui le pratiquent que pour ceux qui s’en défendent. Cette double attitude, l’invitation à la dérive et le mensonge, est souvent le fait des mêmes personnes. Mais lorsqu’elle est pratiquée par un candidat à la Maison-Blanche et son entourage, qui plus est d’un des deux grands partis américains, il est légitime de s’en inquiéter…

Mais pour l’heure, ce sont les responsables sécurité qui sont inquiets, à juste titre ! Comme s’il ne suffisait pas que nos systèmes soient attaqués quotidiennement, un potentiellement futur président des États-Unis lance une invitation ouverte aux pirates russes. Que croyez-vous que ces derniers vont faire ? Ils sont déjà présents dans nos systèmes, et on les invite à y rester. Donald Trump a franchi une limite, et fait preuve d’une grande irresponsabilité ! Il ne sera pas pour autant sanctionné pour cela par son électorat. C’est peut-être là le plus inquiétant...