Les ordinateurs vont probablement remplacer 45 % des employés américains, a affirmé l’Université de Oxford. Pour le Prix Nobel d'économie Daniel Kahneman, le PDG/CEO devrait suivre.
Pourquoi les algorithmes vont-ils gagner ? Parce que, à la différence des humains, ils ne sont pas sensibles au bruit… Le bruit, ce sont toutes les choses imprévisibles qui poussent les humains qui se posent des questions à aboutir à des réponses très différentes.
Intervenant lors de la Wharton's People Analytics Conference de Philadelphie, le Prix Nobel 2002 d’économie Daniel Kahneman - pour ses travaux fondateurs sur la théorie des perspectives, base de la finance comportementale - a évoqué ses études qui ont permis de mesurer la variance, c’est à dire la différence dans les réponses aux questions que se posent deux individus qui doivent prendre une décision.
Réduire la variance a fait gagner Google au GO
Généralement, les dirigeants estiment que cette variance est de l’ordre de 5 % à 10 %. Par exemple, l’estimation de deux cadres qui doivent déterminer un taux d’intérêt financier ou un remboursement d’assurance afficherait une différence de 5 % à 10 %. Les travaux de Daniel Kahneman ont révélé que la variance réelle serait comprise entre 40 % et 60 % !
C’est par ce phénomène qu’il explique les victoires de Google face aux champions de Go. Les chercheurs du géant du Web ont programmé un système qui repose sur 30 millions de mouvements de maitres. Et ont intégré une approche de machine learning qui génère de nouveaux mouvements en faisant jouer la machine contre elle même.
Pourquoi l’algorithmique de Google ?
J’évoque l’algorithmique de Google pour rappeler la vision d’avenir portée par Eric Schmidt, le patron de Google, en matière d’intelligence artificielle. Elle prend la forme d’un assistant numérique aux multiples talents qui aide son utilisateur à prendre des décisions. Ou plutôt qui prend la place de son utilisateur.
« Nous développons l'intuition avec les données que nous recueillons dans une vie, a indiqué Daniel Kahneman. L’AI sera en mesure de faire mieux (...) L'un des effets de la création d'algorithmes qui font des choses complexes, comme des jugements d'affaires ou des diagnostics médicaux, c’est que la fonction divine du jugement humain est éliminée ».
Les algorithmes vont-ils remplacer le PDG ?
Avec l’élévation en puissance de l’algorithmie appliquée au Big Data, pour Daniel Kahneman une variabilité de 50 % dans la prise de décision du patron de l’entreprise ne satisfera pas le conseil d’administration et les grands actionnaires bien longtemps.
Sauf que la plupart des systèmes de soutien décisionnel développés jusqu’à présent n’ont pas rempli leur promesse. Mais là encore Daniel Kahneman a une explication étonnante : l’emploi de ces systèmes serait « très menaçant pour les dirigeants. S'il y a une chose qu’ils n'aiment pas, c’est que la décision vienne de l'extérieur ». Autant dire que ce qui pourrait le plus s’opposer aux algorithmes, c’est celui qui pourrait/devrait le plus en profiter. Jusqu’à ce que le ‘board’ décide de le remplacer… par des algorithmes !
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