Plusieurs études et analyses corroborent une baisse inédite du taux d’emploi des développeurs aux Etats-Unis. En France, l’APEC note un net recul de 18 % des recrutements dans l’informatique et les télécommunications. Le BLS (Bureau of labor statistics) est le plus grand organisme mondial d’analyse et de statistiques sur le monde du travail. Selon cette référence sérieuse, citée par le Washington Post, l'emploi des développeurs serait tombé à son niveau le plus bas depuis 1980. Pas moins. En d’autres termes, plus d’un quart des postes auraient disparu entre 2023 et 2024 et le BLS prévoit une baisse d'environ 10 % des perspectives de recrutement dans le secteur du développement sur la période située entre 2023 et 2033. Certes, cette sinistre prédiction n’est pas assurée, mais elle montre l’ampleur des vents contraires qu’affrontent les professionnels du développement et d’autres fonctions IT. Surtout, cette situation concerne les jeunes générations formées dans les cursus universitaires et privés ou les bootcamps (formations courtes et professionnalisantes). Le taux de chômage aux États-Unis est parmi les plus importants de toutes les filières technologiques, jusqu'à 7,8 % selon les estimations.

Selon le bureau de New-York de la Réserve fédérale (FED), 6,1 % des salariés sont au chômage et 16,5 % seraient sous-employés dans la catégorie Computer science qui inclut les développeurs. D’autre part, 7,5 % sont au chômage et 17 % sous-employés dans la catégorie Computer Engineering (matériel, logiciel embarqué, IA, etc.).

Des multiples causes à la chute des recrutements

Le contexte économique incertain et sans perspectives immédiates d’amélioration, surtout en Europe, explique en grande partie cette situation. L’automatisation et l’IA sont régulièrement pointées du doigt avec l’avènement de l’IA générative fin 2022. Elles réduisent notamment les perspectives des développeurs juniors. Mais cela n’explique pas tout. Le marché de l’emploi serait saturé, intensifiant la concurrence pour un nombre limité de postes. D’aucuns signalent aussi le décalage entre la formation académique et les compétences requises ainsi que la lenteur du processus de recrutement, trop lent.

Un ralentissement des embauches en Europe et en France

En Allemagne, les recrutements de profils hautement qualifiés en technologies ont chuté de 12 % sur la période précédente, tandis que l’Espagne et l’Italie enregistrent respectivement une réduction des recrutements de 6 % et 9 %.

En France, l’APEC, signale un arrêt net des embauches dans le secteur des activités informatiques et des télécommunications qui, avec 59.340 recrutements, enregistre un repli de 18 %. Plus précisément, dans l’IT, l’agence note une polarisation accrue des recrutements. Les développeurs full-stack, les architectes cloud et les experts en IA générative captent près de 40 % des offres, tandis que les profils plus généralistes peinent à trouver des opportunités.

Le forum spécialisé Reddit/r/developpeurs offre une vision ponctuelle et précise des difficultés rencontrées par les développeurs, notamment sur le manque d’encadrement des jeunes en alternance. Il s’agit pourtant d’une porte d’entrée essentielle dans la profession.

L’école américaine de commerce privée, Hult International Business School, a publié en janvier 2025 une étude selon laquelle 37 % des recruteurs préféreraient utiliser une IA plutôt qu'embaucher un jeune diplômé. Reste à confirmer et à préciser les secteurs dans lesquels cette substitution des compétences s’effectuerait.