Dans un contexte où les coûts de l’IT augmentent, mais où les budgets restent limités, une collaboration accrue et une vision commune sur le ROI et l’innovation technologique pourraient permettre aux entreprises françaises de transformer leurs défis en avantages compétitifs.

Lors de la soudaine irruption de la pandémie, une crise de type « cygne noir » marquée par son caractère imprévisible et ses profondes répercussions, les équipes techniques dédiées aux systèmes numériques ont joué un rôle fondamental. Elles ont permis d'assurer la continuité des activités malgré les défis inédits imposés par les confinements et les restrictions. Cet épisode a mis en lumière, avec une acuité sans précédent, l'importance stratégique des hommes et des femmes qui garantissent chaque jour le fonctionnement des systèmes d'information. Leur engagement a démontré non seulement leur rôle clé dans la résilience organisationnelle, mais aussi la valeur incontournable du numérique comme pilier central de la continuité et de l'adaptabilité des entreprises face à l'incertitude.

Une étude publiée par Rimini Street et menée auprès de 1 500 CFO et DSI dans la région EMEA, incluant le Royaume-Uni, révèle une transformation profonde des rôles de ces dirigeants dans un contexte d’évolution rapide des technologies et des priorités économiques. La France, bien qu’alignée sur certaines tendances régionales, présente des particularités qui soulignent des défis spécifiques à relever.

Les CFO sont insuffisamment engagés dans les enjeux IT

Alors que 87 % des répondants à l'échelle régionale constatent un renforcement de la relation entre CFO et DSI, ce chiffre est inférieur en France (76 %). Cette différence peut refléter une communication moins fluide ou un alignement stratégique encore en construction. Cependant, cette relation reste perçue comme un vecteur clé pour des résultats commerciaux positifs, 43 % des CFO interrogés considérant que ce partenariat a directement amélioré les performances de leur entreprise.

Pour renforcer cette relation, 85 % des CFO estiment que les DSI doivent mieux comprendre les enjeux commerciaux, tandis que 87 % des DSI pensent que leurs homologues financiers devraient s’impliquer davantage dans les décisions technologiques. En France, ce besoin d'amélioration mutuelle est encore plus marqué, les DSI français percevant souvent les CFO comme insuffisamment engagés dans les enjeux IT.

La priorités des CFO français : équilibre entre ROI et innovation

En France, les CFO sont particulièrement focalisés sur le retour sur investissement, tout en cherchant à équilibrer cette priorité avec des investissements dans l’innovation. Les initiatives génératrices de revenus et la gestion des risques arrivent en tête des priorités des CFO français (25 % chacune). En revanche, l’optimisation des technologies existantes est jugée moins critique (17 %), un chiffre plus bas que dans d'autres régions comme DACH (23 %). Ce choix stratégique reflète une volonté de se concentrer sur des projets à fort impact économique.

Cependant, les différences régionales sont marquées. Alors que le Moyen-Orient privilégie la sécurité (39 % des CFO), et que la région DACH valorise la durabilité des solutions
(33 %), la France place au premier plan le coût d’investissement initial et la valeur stratégique (28 % chacun). Cela témoigne d’une approche plus pragmatique et orientée sur des résultats mesurables à court terme.

Une implication plus faible des CFO
dans la gouvernance IT

En matière de gouvernance IT, les CFO français se montrent moins impliqués que leurs homologues régionaux. Par exemple, seuls 48 % des CFO en France fixent le calendrier des projets IT, contre 56 % au niveau régional. De même, 47 % participent à la définition des résultats commerciaux attendus, un chiffre également inférieur à la moyenne EMEA
(56 %). Cette dynamique laisse davantage de contrôle aux DSI, mais peut également refléter un manque d’alignement stratégique.

Fait intéressant, les CFO français sont plus enclins que leurs pairs régionaux à soutenir les demandes de financement IT auprès des conseils d’administration (30 %, contre 27 % en moyenne). Cela pourrait indiquer une plus grande reconnaissance de l’importance des investissements technologiques, malgré une implication opérationnelle plus limitée.

Vers une collaboration renforcée : leviers et opportunités

Malgré les défis identifiés, les rédacteurs de l’étude mettent en évidence des opportunités pour renforcer la synergie entre les CFO et les DSI en France. Selon eux, une première priorité consiste à améliorer la communication stratégique entre ces deux fonctions, en établissant un langage commun qui facilite l’alignement des objectifs commerciaux et technologiques. Par ailleurs, l’adoption des technologies émergentes pourrait être accélérée grâce à des investissements ciblés, soutenus par des stratégies hybrides ou des partenariats avec des prestataires tiers, ce qui permettrait de maîtriser les coûts tout en stimulant l’innovation.

Pour répondre aux imprévus du marché, les chercheurs jugent essentiel de renforcer la résilience organisationnelle en élaborant des plans d’urgence robustes, capables de gérer efficacement les perturbations. Enfin, un effort concerté doit être entrepris pour aligner les priorités des CFO et des DSI sur des initiatives à forte valeur ajoutée, notamment celles générant des revenus ou visant à améliorer la gestion des risques, deux axes stratégiques cruciaux identifiés par les dirigeants français.