purement techniques.
Stimulé par l’adoption des technologies, le marché de l’emploi a connu des transformations profondes au cours des dernières décennies. Toutefois, il y aura un avant et un après l’apparition de l’intelligence artificielle. Car si les technologies d’avant l’IA demeuraient des outils d’amélioration de l’efficacité humaine, l’IA, grâce à l’automatisation et à ses capacités de prise de décision, redéfinit le marché de l’emploi, non seulement en modifiant les compétences requises, mais aussi en créant un nouveau modèle de travail.
Les compétences technologiques, notamment celles liées à l’IA, à l’apprentissage automatique et à la science des données, sont devenues essentielles dans de nombreux secteurs. Cependant, l’un des aspects les plus intéressants de cette transformation est la montée en puissance des compétences humaines parallèlement à celle des technologies. Malgré l’explosion des besoins en compétences technologiques, les soft skills, comme le leadership, l’intelligence émotionnelle et la capacité à résoudre des problèmes complexes, sont désormais deux fois plus demandées que les compétences purement techniques. Cette tendance s’explique par le fait que les machines prennent en charge des tâches automatisables, tandis que l’humain se consacre à des tâches requérant créativité, innovation et jugement.
Les offres en GenAI ont augmenté de 411 % depuis 2019
Le rapport « Global State of the Skills Economy 2024 » publié par SkyHive by Cornerstone révèle des tendances significatives dans l’évolution du marché du travail et des compétences professionnelles à l’ère de l’intelligence artificielle et de l’automatisation. Tout d’abord, l’une des conclusions majeures est l’explosion des offres d’emploi liées à l’IA générative (GenAI). Depuis 2019, ces offres ont augmenté de 411 % à l’échelle mondiale, contre une hausse de 65 % pour les offres liées aux autres types d’IA et au machine learning. Cette demande croissante ne se limite pas au secteur technologique. Bien qu’elle soit encore concentrée dans le développement logiciel et le conseil en informatique, elle s’étend progressivement à des secteurs comme les services financiers, la santé, l’industrie pharmaceutique et le secteur bancaire.Un autre enseignement clé de l’étude est que, malgré cette poussée technologique, la demande pour les compétences humaines, souvent appelées soft skills, reste nettement supérieure à celle des compétences technologiques. En effet, ces compétences sont deux fois plus recherchées que les compétences technologiques dans toutes les régions analysées. En Amérique du Nord, les compétences humaines sont 2,4 fois plus demandées que les compétences numériques, tandis qu’en région EMEA, elles le sont 2,9 fois plus. Cette tendance souligne l’importance accordée aux qualités interpersonnelles et comportementales dans le monde professionnel. À l’heure où des avancées technologiques rapides redessinent les périmètres des compétences et les processus.
Inde, le principal marché de l’emploi en GenAI
Le secteur de la réalité augmentée (RA) et de la réalité virtuelle connaît également une forte croissance. Depuis cinq ans, les offres d’emploi dans ces domaines ont augmenté de 154 %, ce qui montre que ces technologies ne sont plus seulement perçues comme des outils de divertissement, mais commencent à être largement adoptées pour des usages professionnels tels que la formation, la collaboration à distance et l’amélioration de l’expérience client.D’un point de vue géographique, l’Inde se distingue comme le principal marché demandeur de compétences en IA, avec 4,1 % de son portefeuille d’offres d’emploi orienté vers l’intelligence artificielle et le machine learning. L’Allemagne et le Japon suivent avec respectivement 2,5 % et 2,2 % de leurs offres liées à ces technologies. La France, quant à elle, se positionne au 7e rang avec 1,1 % de ses offres d’emploi dans le domaine de l’IA, soulignant un certain retard par rapport à ses voisins européens.
Le rapport met également en lumière l’évolution du télétravail et des modalités de travail flexible, avec une demande en hausse de 39 %. Les pays les plus avancés dans l’adoption du travail à distance sont l’Australie (22,8 % des offres), l’Allemagne (21 %) et la Nouvelle-Zélande (20,3 %). En revanche, la France, avec seulement 4,9 %, figure parmi les pays les moins offreurs en termes de télétravail, aux côtés de l’Italie.
La technologie va plus vite que les entreprises
Enfin, l’étude souligne un défi majeur pour les entreprises : l’écart croissant entre la demande en nouvelles compétences et l’offre disponible sur le marché. Selon Corinne Bidallier, Country Manager et Vice President chez Cornerstone, cet écart freine l’innovation et l’agilité des entreprises, car la vitesse d’évolution des compétences dépasse souvent la capacité d’adaptation des organisations. Elle insiste également sur l’importance de préserver les compétences humaines, essentielles pour maintenir un équilibre au sein des entreprises à l’ère de l’automatisation et de l’IA.En somme, bien que l’IA continue de transformer le marché du travail, la demande pour des compétences humaines reste prépondérante, ce qui appelle les entreprises à repenser leurs stratégies de gestion des talents, car l’avenir du marché de l’emploi, à l’ère de l’IA, s’oriente vers une collaboration homme-machine. Les entreprises devront composer avec des équipes hybrides, où les machines exécutent les tâches analytiques ou répétitives, tandis que les humains se concentrent sur la stratégie, la gestion des relations et la résolution de problèmes complexes. Selon certains analystes, cette transformation pourrait ouvrir de nouvelles opportunités pour les employés capables de combiner des compétences techniques et humaines.