Logiciels de GED, IA pour analyser les masses de données, outils d’automatisation des tâches répétitives, etc. Ce sont autant de solutions numériques pour prévenir les risques juridiques et améliorer l’efficacité dans ce domaine. Un rapport de Wolters Kluwer dresse un état des lieux européen mitigé qui montre les contraintes du secteur.

Le document d’enquête de Wolters Kluwer, acteur néerlandais de l’édition et des solutions logicielles et services, porte sur les professionnels seniors des services juridiques exerçant dans plus de 10 pays européens dont la France. Et cela, dans les entreprises
de toutes tailles.

D’après ce rapport, la « legal tech », à savoir les technologies destinées aux métiers juridiques, est le parent pauvre des fonctions d’une organisation. Une situation qui s’améliore cependant puisque le nombre de services du domaine disposant d'un budget a augmenté de 8 % en 2024 par rapport à 2023. Désormais, une majorité des services juridiques (71 %) disposent d'un budget défini pour le legal tech mais avec des niveaux d'investissement variables. Le graphique ci-dessous est explicite et montre, notamment, que prés d’un tiers des départements juridiques consacre moins de 10 k€ à l’achat annuel de logiciels et services. Cela laisse supposer des dépenses technologiques répondant à des besoins ponctuels mais aussi un manque de planification structurée des investissements.



Grégoire Miot, Directeur Produit, Wolters Kluwer Legal Software se veut optimiste en déclarant que l'augmentation des budgets alloués à la Legal Tech reflète un changement global dans la reconnaissance de la valeur ajoutée des outils et services numériques dédiés aux métiers du juridiques. En contrepoint, il suffit de noter dans le graphique précédent que seuls 11 % des répondants à l’enquête disent disposer d’un budget
dépassant 50 K€/an.

Les écueils : forte charges de travail, complexité face aux règlementations, gestion des données éparses, etc.

En tête des difficultés rencontrées, figure une charge de travail croissante. Autre préoccupation, la complexité des règlements, Code civil et Code du commerce, décrets et arrêtés, le règlement général sur la protection des données (RGPD), les obligations sociales et environnementales, etc.

Le graphique ci-dessous montre en un coup d’œil les nombreuses contraintes qui pèsent sur les métiers juridiques. Noter que la décentralisation des données et des processus est aussi un défi majeur pour les directions juridiques.



Comme pour tous les métiers de l’entreprise, toute demande d’augmentation de budget doit être justifiée mais le juridique se prête mal à l’élaboration de KPI (indicateurs) même si la chose n’est pas impossible

La situation globale évolue cependant avec 35 % des services juridiques français déclarant disposer d’une fonction « Legal Ops », un chiffre en augmentation par rapport à l’an dernier en France, soit 28 % des réponses. Un directeur juridique sur cinq dit avoir progressé dans la gestion des priorités et des dates limites au niveau européen, un résultat meilleur pour la France avec 31 % des réponses.

Côté IA, les directions juridiques commencent à l’utiliser mais il ne s’agit que de prémisses. Elles ne sont encore que 40 % à l’utiliser en France, soit l’équivalent au niveau européen, principalement pour la gestion administrative (50 %) et l’analyse de documents (50 %).