Une étude constate une adoption croissante des outils digitaux dans le quotidien des juristes d’entreprise. On observe une volonté de s’outiller sur le plan technologique, notamment en matière de gestion des contrats et des entités.

En Europe comme aux États-Unis, les juristes d’entreprise occupent un rôle de plus en plus stratégique. Confrontés à des responsabilités croissantes, ils sont appelés à participer activement aux décisions commerciales tout en repensant leurs méthodes de travail pour gagner en efficacité.

La Cartographie Legisway 2025 des Directions Juridiques propose une analyse approfondie de la manière dont les services juridiques internes s’adaptent à ces nouveaux défis.

S’appuyant sur les réponses de plus de 700 professionnels interrogés des deux côtés de l’Atlantique, ce rapport offre une vision complète de l’organisation des services juridiques : leur fonctionnement interne, leurs critères de sélection des cabinets d’avocats et prestataires externes, ainsi que l’intégration des technologies dans leurs processus métier.

Ce qu’il en ressort ? Une fonction juridique en pleine transformation, qui s’appuie sur des outils innovants et des approches modernes pour redéfinir sa place dans l’entreprise.

Un nombre croissant de directions juridiques adopte désormais des solutions de gestion du cycle de vie des contrats (CLM), avec une progression marquée dans les structures les plus importantes.

Un budget en hausse

La lecture de cette troisième édition montre qu’une dynamique à deux vitesses semble se dessiner : les directions juridiques ayant initié leur transformation numérique poursuivent leur accélération, contrairement à celles qui n’ont pas encore franchi ce cap.

L’intelligence artificielle s’impose également comme un levier clé de transformation de la gestion des contrats :
  • 60 % des juristes interrogés affirment en faire usage. Parmi eux, 56 % utilisent l’IA générative
  • 14 % emploient des outils spécifiquement conçus pour la gestion des contrats juridiques, comme Legisway ou d’autres solutions du marché.
On observe aussi que, quel que soit le pays, les équipes juridiques sont structurées de façon similaire, et confrontées aux mêmes défis. Selon les pays, l’adoption des technologies et les stratégies d’outsourcing progressent à des rythmes différents. Concernant l’hexagone, on découvre que :
  • Plus de la moitié (53 %) des juristes français affirment faire usage de l’IA (c’est 60 % au niveau européen).
  • Parmi eux, 46 % utilisent l’IA générative (c’est 56 % en Europe), et 14 % emploient des outils spécifiquement conçus pour la gestion des contrats juridiques (même chiffre qu’en Europe).


Comme en Europe, deux tiers des départements juridiques français ont un budget technologique spécifique. Ce budget est en hausse, dépassant 50 K€/an dans 14 % des cas en France -c’était 11 % l’année dernière en France (et c’est 16 % au niveau européen cette année).

De manière générale, les équipes juridiques françaises gardent davantage la main sur les tâches traditionnelles, ce qui les place un peu au-dessus de la moyenne européenne : gestion des contrats (à 89 % en France, contre 81 % au niveau européen), des entités (73 % en France, 71 % en Europe), des dépenses juridiques, de la conformité et la prestation de conseils juridiques. 89 % des équipes juridiques françaises ont eu recours à des cabinets d’avocats durant l’année écoulée (c’est 86 % en Europe), et ces collaborations absorbent en moyenne 40 % du budget juridique.

Les équipes juridiques françaises sont celles qui ont le moins recours aux prestataires alternatifs (ALSPs pour Alternative Legal Service Providers). Seuls 27 % ont répondu y avoir recours, contre 48 % en Belgique par exemple, et 32 % au niveau européen.

Reste la question du budget. La rationalisation de la gestion des contrats et des entités est cruciale pour gagner du temps et garantir la cohérence de l’ensemble de l’entreprise, mais elle nécessite des investissements technologiques adéquats.

Selon les résultats de l’enquête, 26 % des entreprises dépensent moins de 10 000 € par an en technologies juridiques, 15 % entre 10 000 et 20 000 € et seulement 16 % plus de 50 000 €. Plus généralement, si environ deux tiers des entreprises disposent d’un budget dédié aux technologies juridiques, 34 % n’en ont pas.

Ces données suggèrent une disparité dans l’adoption des technologies : les directions juridiques disposant déjà d’un budget technologique continuent d’y investir, tandis que celles qui n’en ont pas demeurent dans la même situation.