En 2024, le marché mondial de l’IA générative a connu une croissance spectaculaire, doublant de taille pour atteindre environ 20 milliards de dollars, selon les données recueillies par Sopra Steria Next. Cette accélération repose sur un contexte technologique particulièrement favorable : des investissements massifs estimés à 57 milliards de dollars réalisés au deuxième trimestre 2024 par les géants Amazon, Google, Meta et Microsoft (68 % de plus par rapport à l’année précédente).
L’émergence de nouvelles solutions de plus en plus performantes participe également à cette croissance, illustrée par l’adoption fulgurante de ChatGPT. En octobre 2024, ce service a généré un trafic mensuel de 3,7 milliards de visites, soit 2,3 fois plus qu’en octobre 2023, dépassant même Google sur cette période. Les revenus d’OpenAI, développeur de ChatGPT, suivent cette dynamique, atteignant 3,7 milliards de dollars en 2024, contre 1,6 milliard en 2023, dont 75 % provenant d’abonnements.
Dans ce contexte, euphorique que certains qualifient de bulle, le cabinet de conseil Sopra Steria Next dévoile la seconde édition de son étude intitulée « IA générative : de l’exploration à l’impact ». L’étude confirme la dynamique exceptionnelle du marché de l’intelligence artificielle générative, tout en mettant en lumière les défis que rencontrent encore les entreprises dans son déploiement à grande échelle. Mais, si les perspectives de croissance restent très favorables, avec une prévision de marché estimée à plus de 100 milliards de dollars d’ici 2028, les entreprises devront impérativement dépasser le stade expérimental et structurer leur approche pour inscrire durablement l’IA générative dans leurs processus métier.
Passer à une IA opérationnelle pleinement intégrée
Malgré cette effervescence technologique, seulement 22 % des grandes entreprises ont réussi à déployer une solution d’IA générative à l’échelle. Cette situation traduit un véritable contraste : d’un côté, une multiplication des expérimentations et des preuves de concept (POC), et de l’autre, une difficulté persistante à passer à une phase opérationnelle pleinement intégrée. Les fonctions ayant le plus souvent réussi ces déploiements incluent le support informatique (36 %), la chaîne logistique (26 %), la gestion des risques (26 %), le service client (25 %), les ressources humaines et le juridique (24 %), ainsi que le marketing (23 %).Selon l’étude, trois facteurs principaux expliquent ces freins : tout d’abord, une gouvernance des données souvent insuffisantes, freinant l’exploitation optimale des capacités de l’IA. Ensuite, des barrières organisationnelles et techniques compliquent l’intégration transversale des solutions. Enfin, le manque chronique de compétences : malgré la mise en place de formations dédiées à l’IA, les entreprises peinent encore à recruter suffisamment d’experts spécialisés, tandis que la communication entre les équipes métiers et techniques reste à renforcer.
Quatre axes stratégiques pour améliorer le ROI
Face à ces constats, Sopra Steria Next a identifié quatre axes stratégiques pour faciliter le déploiement opérationnel et améliorer le retour sur investissement (ROI) des technologies cognitives :- se concentrer sur des impacts tangibles en matière de résultats financiers (P&L), en identifiant les cas d’usage les plus matures et en favorisant leur adoption quotidienne par les utilisateurs finaux ;
- explorer plus en avant les capacités de l’IA agentique, évoluant ainsi d’une logique purement conversationnelle (« Text-to-Text ») vers des interactions plus actives (« Speak-to-Action ») ;
- combiner différents modèles d’IA générative pour exploiter les forces de chacune, et maximiser l’équilibre entre coûts, performance, rapidité d’exécution et empreinte environnementale ;
- veiller à l’éthique et à la responsabilité des déploiements, notamment par l’usage de données synthétiques pour améliorer la gestion des données tout en respectant les réglementations telles que l’AI Act européen.