Une étude de l’Université du Massachusetts à Amherst publiée en 2019 a notamment démontré que l’entraînement de grands modèles d’apprentissage profond peut générer des émissions de CO₂ équivalentes à plusieurs années de fonctionnement d’une voiture. De même, l’Agence internationale de l’énergie estime que les centres de données, indispensables pour traiter les masses de données et entraîner les modèles d’IA, concentrent déjà près de 1 % de la consommation mondiale d’électricité.
Inspiré par le label Energy Star
L’AI Energy Score est inspiré par le label Energy Star, connu pour avoir encouragé la généralisation d’appareils électroniques et d’électroménagers moins gourmands en énergie. Reconnu par le gouvernement français, cet indicateur établit un cadre de référence standardisé permettant d’évaluer la durabilité des modèles d’IA selon une grille de notation de 1 à 5 étoiles, où la note la plus élevée distingue les modèles les plus sobres énergétiquement. Salesforce devient d’ailleurs la première entreprise à divulguer les données d’efficacité énergétique de ses propres modèles, dont SFR-Embedding, xLAM et SF-TextBase, en se prêtant à l’exercice de ce nouveau classement.Salesforce, dont la stratégie a longtemps reposé sur sa plateforme CRM et sur le cloud, a régulièrement renforcé son offre à la suite de rachats tels que Tableau en 2019 pour l’analyse de données et Slack en 2021 pour les outils collaboratifs. Le rachat de Tableau, spécialiste de la visualisation et de l’analyse de données, lui a permis de renforcer son positionnement dans un contexte où les organisations recherchent non seulement des solutions de gestion de la relation client, mais aussi des outils d’exploration en temps réel des données volumineuses et de production d’insights stratégiques. Avec l’arrivée de l’IA, Salesforce a profondément remanié sa stratégie afin d’intégrer l’analytique avancée et l’intelligence artificielle dans l’ensemble de son offre.
La sobriété énergétique de l’IA en question
Aujourd’hui, en se positionnant sur la question de la sobriété énergétique de l’IA, l’entreprise confirme sa volonté d’inscrire ses innovations dans une démarche respectueuse de l’environnement. Il convient de rappeler que Salesforce s’est fixé pour objectif d’atteindre la neutralité carbone pour ses opérations d’ici 2050 (Salesforce Stakeholder Impact Report 2021). Dans cette logique, Agentforce, la solution d’agents autonomes lancée par Salesforce à l’automne dernier, illustre la démarche d’optimisation énergétique revendiquée par l’entreprise.Conçu pour être déployé dans l’ensemble des fonctions métier, que ce soit la vente, le service client, le marketing, le commerce électronique, Tableau, Slack ou d’autres applications, Agentforce a pour objectif de réduire la consommation d’énergie associée à l’intelligence artificielle. La différence majeure avec de nombreuses approches classiques, qui nécessitent un réentraînement coûteux en ressources et en électricité pour chaque déploiement, se traduit ici par un modèle initial déjà optimisé, ce qui épargne les processus d’entraînement répétitifs et particulièrement énergivores.
De petits modèles de langage spécialisés
En outre, Agentforce ne repose pas uniquement sur un grand modèle de langage, mais combine différents petits modèles de langage spécialisés, un raisonnement agentique et d’autres outils. Cette architecture modulaire, qui inclut notamment le modèle SFR-RAG développé par Salesforce, a pour but de délivrer des réponses précises et citer ses sources tout en diminuant la consommation d’énergie. Parallèlement, l’intégration native de Salesforce Data Cloud et de la plateforme Salesforce permet d’exploiter en continu et de façon plus sobre les données nécessaires, sans recourir à des ressources informatiques surdimensionnées ou sous-utilisées.Les récentes déclarations de Salesforce en faveur d’une plus grande transparence quant à l’efficacité énergétique de ses modèles, conjuguées à la généralisation d’offres telles qu’Agentforce, confirment que l’intelligence artificielle « verte » n’est plus seulement un argument de communication, mais bien un axe stratégique pour des entreprises désireuses de répondre aux défis climatiques.