Notre premier jour à la rencontre des start-ups 'infrastructure' de la Silicon Valley a tenu ses promesses, avec la virtualisation des réseaux (SDN) en présence de Big Switch Networks et de la française Nuages Networks, et de puissantes solutions de stockage flash hybride RAM et SSD Nextgen Storage au parcours cahotique.
La première étape de notre périple dans l'univers des start-ups de la Silicon Valley aura été d'une très haute tenue technologique, avec des parcours parfois étonnants, et toujours des solutions en avance sur le marché.
Big Switch Networks
Douglas Murray, CEO et au board de Big Switch Networks, est le premier à nous recevoir. Inscrite dans la mouvance disruptive pour le datacenter du SDN (Software-defined Networks), ou de la virtualisation des réseaux, la jeune start-up a lancé son premier produit en 2013. Et séduit au passage quelques grands noms des IT en accueillant à la table des investisseurs prestigieux comme Vinod Khosla, co-fondateur de Sun, et Michael Dell, le patron de la société qui porte son nom.
Exclusivement tournée vers le logiciel, elle a déjà levé 47 millions de dollars, et voit son chiffre d'affaires, qui vient d'atteindre le million de dollars, progresser de 30 % chaque trimestre. De quoi soutenir son développement international, présente en Amérique du Nord et en Asie (Japon), Big Switch Networks s'apprête à débarquer en Europe, via une première implantation en Grande-Bretagne.
Big Switch fait le double constat que, malgré l'évolution des technologies, les switchs modernes sont toujours programmés comme dans les années 90, et surtout de l'explosion des switchs bare métal (Juniper, Dell, et bientôt HP, les ont ajoutés à leur catalogue), sous l'impulsion de l'Open Compute emmené par Google et Facebook.
Douglas Murray fera régulièrement référence à ces derniers pour justifier de sa stratégie. Qui consiste à adopter des solutions technologiques standardisées autour d'un silicium (composants et processeurs) quasi unique, pilotées par du logiciel. Ainsi Dell propose aujourd'hui des switchs en laissant à ses clients le choix de l'OS qui le pilote, dont Big Switch. Cette approche se traduit par un marché florissant de White Box (switch sans marque), mais également, et c'est un phénomène nouveau, de Brite Box, des white box commercialisées sous une marque.
Mais pour piloter ces switchs, il faut un logiciel. C'est là que Big Switch cherche à se faire une place, avec ses solutions SDN, une sur-couche d'abstraction qui vient coiffer le matériel et offrir un pilotage centralisé. Car si la promesse du SDN est celle de la virtualisation du réseau, dans la réalité il est très difficile de changer les pratiques du networking dans le temps. L'usage d'Openflaw l'a démontré, la technologie est mature mais pas l'interopérabilité entre les équipements qui l'adoptent.
La solution proposée par Big Switch, nommée Switch Light OS, repose sur un outil de monitoring du bare métal, Big Tap, et une fabric logiciel pour supporter le cloud privé, Big Cloud Fabric. Elle forme la couche d'abstraction qui réduit la complexité du traditionnel box-to-box qui régit la relation entre switchs, simplifie le management, et augmente l'efficacité opérationnelle. L'ensemble est proposé sous la forme d'une licence, avec un modèle de souscription.
Dans un futur proche, Big Switch Networks a l'ambition de générer la nouvelle version du datacenter, mais également de continuer de respecter la démarche par silo des entreprises conservatrices. Les prochaines étapes de son produit s'appellent Fabric Trace, Fabric Analytics (pour la visibilité), et Fabric programmable (un contrôleur qui fournira un seul point de gestion des API), ainsi que le support VMware NSX et des containers.
NextGen Storage
Basée au Colorado, NextGen Storage propose des solutions de stockage Flah hybride haute performance pour le mid-market, dont l'originalité est d'associer des cartes PCIe de mémoire RAM de haute capacité à des 'disques' SSD pour un tiering puissant. La start-up a connu des débuts pour le moins cahotiques : Créée en 2011 par John Spiers et Kelly Long, elle est acquise par Fusion IO en 2012. Logiquement, cette dernière est son fournisseur de cartes RAM et cherche à se diversifier. En 2014, Fusion IO est à son tour acquise par SanDisk. Mais ce dernier veut se concentrer sur ses activités, pas sur la conception de produits finis dans le stockage. Alors vient le spinn-off en décembre 2014, NextGen Storage devient indépendante, soutenue par un fonds de Private Equity.
Ces aléas ne remettent pas en cause la technologie puissante de la société, qui a profité d'une R&D qui a plus que doublé au cours des deux dernières années. Ses produits hardware reposent sur un CPU unique qui embarque 4 designs avec des modèles de RAM différents pour différencier ses offres - elles permettent de stocker jusqu'à 5 fois plus de VM (machines virtuelles) que sur une configuration classique, tout en réduisant le temps de provisioning.
L'ensemble profite d'un QoS (Quality-of-Service) qui garantit la performance des VM, ce qui répond aux attentes des clients pour lesquels le coût est critique. Le QoS « écoute le bruit » en offrant une base de contrôle par objet, en pratiquant l'automatisation de la réaction, et en disposant d'algorithmes d'auto-ajustement. NextGen Storage a également intégré SPBM de VMware.
Dans un futur proche, la start-up compte étendre son QoS sur la protection des données. Et peut-être associer le compute et le stockage, dans une approche d'infrastructure convergée « Nous avons des idées », nous a malicieusement glissé Ben Bolles, qui libéré des contraintes de Fusion IO et de SanDisk se sent pousser des ailes.
Nuages Networks
Cette start-up française, bénéficiant des investissements d'Alcatel-Lucent, est basée sur la Silicon Valley. Elle développe une solution de SDN basée sur un nouveau framework qui associe les fonctions d'abstraction, d'automatisation, de visibilité, et de contrôle. Et qui « permet de déployer en un clic tout en s'assurant de conserver le contrôle », nous a affirmé Sunil Khandekar, CEO de Nuages.
La solution, appelée Nuages Networks VSP (Virtualized Service Platform), permet de « créer des tunnels entre deux points sans toucher à l'infrastructure ». Elle repose sur 3 produits : VSD – Virtualized Service Directory ; VSC -Virtualized Services Controller ; VRS – Virtual Routing & Switching. Face à ses compétiteurs, VMware ESX et Big Switch (voir plus haut), elle offre la particularité de bénéficier du support de toutes les technologies de virtualisation (VMware, Hyper-V, Citrix, open source, etc.).
Nuages Networks est également en avance sur un point important: elle affiche plus de 75 pilotes déployés, dont plus de 20 accords commerciaux publics. A la différence de certains de ses concurrents, le succès de la start-up est bien réel…
Nous reviendrons sur Nuages Networks avec l'interview vidéo que nous a accordé Sunil Khandekar.