Une annonce passée presque inaperçue pourrait pourtant être le signal d’une révolution, celle du Transportation-as-a-Service : Apple travaille avec Hertz sur la gestion d’une flotte de voitures auto-conduites.

Retenez bien cette expression, Transportation-as-a-Service, elle pourrait bien entrer dans notre langage courant, comme dans nos modes de consommation. Et plus rapidement qu’on ne le pense dans les entreprises qui disposent d’une flotte de véhicules, créant un nouveau et immense marché où les géants du numérique entendent s’octroyer la part du lion !

Quand les BAFA débarquent dans l’automobile

Le paysage de l’automobile autonome évolue à une vitesse inattendue. Alors que les constructeurs, cherchant toujours à consolider leurs acquis, étaient concentrés sur l’apport d’automatismes et de systèmes sécuritaires pour aider la conduite, l’arrivée des BAFA sur ces technologies, à commencer par Google, a changé la donne. Leur particularité : les géants du numérique ne s’embarrassent pas de l’héritage de l’automobile pour construire des solutions qui intègrent la progression des constructeurs vers une autonomie raisonnée, ils attaquent directement au plus haut à partir d’une quasi page blanche pour un véhicule autonome.

A partir de là, le domaine a enregistré une accélération très nette, concrétisé par l’engagement d’Uber pour des raisons économiques moins louables, supprimer l’humain dans la conduite afin de remplacer les flottes de taxis ou de camions par des robots, la création de robots pour les livraisons de proximité, sur le sol ou dans les airs avec Amazon par exemple. Et plus récemment l’arrivée d’Apple ou de Microsoft dans l’arène.

Cette profusion d’acteurs, des constructeurs automobiles aux géants du numériques, a entrainé un changement stratégique notoire. Là où un Google ou un Apple étaient attendus sur le véhicule, à la façon d’Elon Musk avec Tesla, ils s’orientent aujourd’hui vers la fourniture des plateformes numériques pour équiper les voitures, ou d’une manière plus stratégique pour assurer la communication, le transfert et le traitement des données. Ce qui les repositionne dans leur zone de confort, celle du contrôle et de la propriété de la data.

Apple et Google avec Hertz et Avis Budget

Mais voici qu’un simple flash info de l’agence Bloomberg nous apprend que « Apple travaille avec Hertz pour gérer sa flotte de voitures auto-conduites ».

C’est d’abords inattendu, nous attendions ce type d’annonce via Uber ou son concurrent Lyft... C’est ensuite un peu surprenant parce que via l’électronique embarquée qui s’affiche sur les tableaux de bord, des accords ont déjà été passés entre des firmes comme Apple et des constructeurs, nous attendions plutôt un renforcement de leur collaboration. C’est enfin un mouvement de fond qui s’installe, car ce n’est pas le premier accord stratégique, Apple et Hertz ont en effet, mais là encore l’information est presque passée inaperçue, été précédés par un accord similaire passé par Alphabet (Google) avec Avis Budget Group, un concurrent de Hertz dans la location de voiture.

On ne connaît pas le contenu de l’accord, ni ses objectifs, nous savons en revanche qu’il prévoit la mise à disposition d’Apple et de Google par les loueurs de véhicules de tests pour continuer de développer leurs technologies. Or, et c’est là une révolution, le client d’un loueur recherche un service avec des prestations, pas une marque de véhicule en particulier. En travaillant avec eux, les géants du numérique se dédouanent des constructeurs, ce qui élargit leur champ d’application.

Des entreprises non-automobiles qui développent avec des loueurs pour créer des véhicules ‘driverless’…, nous quittons clairement le domaine fortement balisé des constructeurs automobiles pour rejoindre celui du transport, à savoir non plus, nous venons de l’évoquer, la recherche d’un véhicule, mais celle d’un service, capable pour le consommateur de satisfaire la plupart des conditions de conduite. Autrement dit, le Transportation-as-a-Service.

De nouveaux modèles économiques à créer

Les usages du véhicule autonome dans la location automobile sont multiples. Par exemple pour toutes les opérations de manipulation des véhicules sur les parkings des loueurs. Voire pour amener le véhicule directement chez le client, qui en prend possession chez lui ou devant son bureau sans intervention humaine. Automatisation également de la gestion des parcs de flottes automobiles. On imagine des véhicules circulant la nuit indépendamment de leurs utilisateurs pour les opérations d’entretient…

Mais le plus riche dans les partenariats passés entre les géants des IT et les loueurs automobiles, c’est la perspective d’un nouveau ‘business model’ qui pour les conducteurs comme les entreprises repose non plus sur l’acquisition de véhicules de marques, ni d’ailleurs sur la location de véhicules qui n’est rien d’autre qu’une forme de financement, mais sur la fourniture d’un service TaaS (Transportation-as-a-Service). Ou la révolution du presque tout numérique dans l’automobile.

Reste une question que l’on peut se poser : jusqu’où ce mouvement pourrait-il aller ? Ou posée autrement, Apple et Google vont-ils se contenter de développer des solutions numériques pour les loueurs et/ou les constructeurs automobiles, qui les intégreront dans leurs véhicules pour accélérer la dynamique du service avec le support des app stores ? Ou Apple va-t-il acquérir Hertz et Google pourrait-il faire de même avec Avis Budget ? Et ainsi accéder à des parcs automobiles sans passer par les constructeurs ! C’est qu’ils en ont les moyens, les bougres…