C’est un effet secondaire de l’élection de Donald Trump, et de ses déclarations opposées au réchauffement climatique, la NASA a fait appel aux hackers pour sauver ses données scientifiques sur le climat.
« This very expensive GLOBAL WARMING bullshit has got to stop. Our planet is freezing, record low temps, and our GW scientists are stuck in ice ». (Ces très chères conneries de RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE doivent s'arrêter. Notre planète est gelée, les températures historiquement basses, et nos scientifiques GW sont coincés dans la glace), célèbre tweet de Donald Trump en janvier 2014.
Le nouveau Président américain est un climato-sceptique. Lors d’une émission de radio, en 2015, il a déclaré « Je ne crois pas dans le réchauffement climatique d’origine humaine ». Puis, à l’occasion d’un récent discours en Caroline du Nord, il en rajoutait une couche en assimilant le réchauffement climatique à un « canular ». Difficile d’être plus explicite !
Trump alimente la peur de la perte des données
Concrètement, sa prise de position devrait se traduire par la suppression des budgets fédéraux consacrés à la veille et à la recherche sur le réchauffement climatique. Des coupes budgétaires qui devraient se ressentir jusque dans le stockage des données.
L’opération menée par la NASA et que nous évoquons ci-dessous a par exemple permis de découvrir que déjà des archives du Global Change Data Center, comme les données du programme de mesure du dioxyde de carbone dans l’atmosphère de la NASA ont été supprimées ! Le Président Trump a également signé les ordres exécutifs qui relancent le projet controversé d’oléoduc dans le Dakota, et qui ont entrainé la suppression de la page liée au changement climatique sur le site web de l’EPA (Environmental Protection Agency) !
Ajoutons que Donald Trump a nommé Scott Pruit, le procureur général de l’Oklahoma - un climato-sceptique acharné qui en 2016 a déclaré que le changement climatique est une « croyance religieuse » ! – à la tête de l’EPA. Ce dernier a obtenu de Trump un décret qui permet d’accélérer les examens environnementaux liés aux projets d’infrastructure.
La position de Donald Trump, de son entourage et de ses soutiens, mais également d’une partie de l’industrie pétrolière, minière et énergétique américaine, génère aujourd’hui une très grande peur sur la perte de données. Or, les scientifiques s’appuient principalement sur elles pour leurs études. Et c’est tout un ensemble de données historiques, sociologiques et culturelles qui se trouvent également menacées de disparaître !
L’appel aux hackers
Pour faire face à ce danger, la NASA a réuni environ 200 hackers, des programmeurs, à la Doe Library de l’Université de Californie, à Berkeley, pour prendre part à un hackaton centré sur les programmes de sciences de la Terre de l’administration spatiale américaine. Avec un objectif commun : sauvegarder les données qui pourraient être effacées ou cachées sous la présidence de Donald trump.
C’est ainsi qu’en utilisant des scripts de web-crawler et en recollant les ensembles de données, les pirates ont réussi à préserver avec succès 8.404 pages web sur l’Internet Archive - une bibliothèque numérique avec une pléthore de captures d'écran de sites Web - et télécharger 25 Go de données provenant de 101 jeux de données publiques.
Par ailleurs, ces mêmes hackers ont créé des systèmes ‘robustes’ de suivi des modifications apportées aux sites Web du gouvernement américain. Ce sont eux qui ont permis de découvrir les suppressions évoquées plus haut.
Il n’y a pas que les hackers mafieux
L’expression ‘hacker’ est aujourd’hui largement associée aux pirates informatiques. L’opération menée par la NASA vient rappeler opportunément que le hacker est d’abord un ‘codeur’, et que tous les développeurs, même isolés ou évoluant derrière la ligne d’horizon, ne sont pas des mafieux. Nombre d’entre eux n’hésitent pas d’ailleurs à s’associer à des actions citoyennes.
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