Malgré les mesures d’accompagnement du gouvernement pour amortir les effets de la crise, les ESN, même si elles ont moins souffert que d’autres, ne devraient pas échapper à une vague de consolidation du secteur dans les mois à venir.
Après l’arrêt brutal de l’économie par la fermeture des établissements et lieux de travail et la mise en confinement des collaborateurs, voici le temps de la reprise et avec lui, celui des évaluations des effets pendant et après celle-ci. Nous n’avons donc pas fini de sonder, ausculter et observer les entreprises en cette période de tous les dangers. Après la maladie, la convalescence est la période la plus critique, car une rechute est possible ou simplement l’impossibilité de se relever de la crise. Voyons donc ce que nous rapportent les sondeurs sur les effets pendant la crise et leurs prévisions pour l’après, concernant les entreprises du numérique.
Cette fois les chiffres viennent d’In Extenso Finance & Transmission, le cabinet de conseil en stratégie et ingénierie financière et dans l’accompagnement et la conduite d’opérations de cession, acquisition et financement pour les PME et leurs dirigeants. L’enquête qu’il a menée auprès de 87 ESN françaises, réalisant entre 500 000 et plus de 100 M€ de CA, entre le 7 avril et le 17 avril 2020, révèle qu’elles n’ont globalement pas trop souffert de la crise, en comparaison à d’autres secteurs. Elles sont 29,9 % à prévoir une stabilité de leur situation ou une croissance en 2020, alors que 73,5 % envisagent une croissance dans les 3 prochaines années.
Une réduction des plans de recrutement est à prévoir
Cela s’explique par une croissance soutenue au premier trimestre et par une confiance sur la continuité des missions en cours malgré le contexte, peut-on lire dans le rapport. Une grande majorité des ESN est confiante dans son avenir à un horizon de 3 ans. Cependant, à court terme les ESN voient leur taux de placement de consultants diminuer en moyenne de 18,5 % conduisant à une baisse de chiffre d’affaires au deuxième trimestre.
En conséquence, 88,5 % des ESN envisagent de réduire leur plan de recrutement avec 59,8 % qui entendent geler les embauches. Par ailleurs, un tiers des sondés déclare qu’il avait un projet d’opération (cession, LBO, levée de fonds) avant le début de la crise. Les difficultés de financements ou la baisse des valorisations seront probablement des freins quant à la réussite de leur projet.
Des rachats et des rapprochements en perspective
Malgré un certain optimisme sur le maintien de l’activité, les incertitudes sur les situations financières des entreprises incitent les répondants à anticiper une certaine « volatilité » » des valorisations, pour emprunter au langage des traders. La majorité des répondants, soit 86,2 %, anticipe une baisse des valorisations des ESN, avec une majorité qui considère que celle-ci sera significative. Ils s’attendent par conséquent à des rachats et des rapprochements.
« Avec la crise, la croissance organique va être plus difficile pour les ESN et certains acteurs souhaiteront procéder à des acquisitions pour gagner des parts de marché. Malgré le contexte, il devrait tout de même y a voir des opérations de rapprochement possibles pour ceux qui le souhaitent, même si celles-ci se feront probablement à des valorisations revues à la baisse », analyse Mickaël Fitoussi, directeur de mission chez In Extenso Finance & Transmission.
Bien que les mesures d’accompagnement gouvernementales aient eu un effet amortisseur sur les contrecoups de la crise, il semble bien que les mesures de chômage partiel et les prêts garantis n’ont pas permis de préserver les fonds propres de certaines ESN. Un mouvement de consolidation dans le secteur des services numériques apparaît alors inéluctable.