Après une période de flou à la création du poste, la mission du patron de la donnée, le CDO, commence à prendre forme autour de l’apport de revenus à l’entreprise et de sa rentabilité via les données et les analytiques.
La création du CDO (Chief Data Officer), du directeur de la donnée, est assez récente. Elle coïncide avec l’entrée de l’entreprise dans une nouvelle phase de gestion de la donnée. La première phase a suivi le début de la crise économique. L’objectif était moins de piloter la donnée que de limiter les risques imposés par l’explosion des nouvelles règles de gouvernance et des règlementations. Si cette tendance restrictive est loin d’être terminée, elle est entrée dans les pratiques.
Vient aujourd’hui une nouvelle phase, la gestion de la donnée. Et avec elle se créent de plus en plus de postes de CDO (à ne pas confondre avec le Chief Digital Officer), qui tiennent un rôle intermédiaire, aux côtés de la Direction générale et de la DSI. Sa mission était au départ de seconder la DSI sur les données de l’entreprise. Elle devient de plus en plus stratégique et peut aujourd’hui s‘exprimer ainsi :
Le CDO est le responsable de l'utilisation des données et des analyses pour augmenter les revenus et la rentabilité de l’entreprise.
Du technique au stratégique
La position hiérarchique du CDO est représentative de cette mission : il reporte…
- 33% au PDG (CEO)
- 32% au DSI (CIO)
- 13% au conseil d’administration (OPCC)
- 12% au DG (COO)
Ces chiffres sont donnés par Forrester, qui estime qu’en 2020 seulement 20% des CDO reporteront aux DSI. Un mouvement qui marque l’évolution de la fonction d’un rôle technologique vers un rôle plus stratégique.
Le service de la donnée
Les organisations affichent trois prises de conscience : la donnée a une valeur ; son exploitation apporte de la valeur ; et la plus récente, elles ont besoin de la donnée pour résoudre leurs problèmes. C’est un sacré parcours pour les entreprises !
Concrètement, cela se traduit par un service de la donnée en temps réel, qui offre des analyses pour accompagner, voire automatiser la prise de décision. Le tout reposant sur le numérique.
La donnée étant aujourd’hui perçue comme un atout pour l’entreprise, elle doit désormais être gérée. Ce besoin est renforcé par l’attitude des métiers qui tendent à conserver leurs silos, et gardent jalousement leurs données, refusant de les partager. Un comportement encore très présent et qui impacte lourdement la mission du CDO.
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Les défis du CDO
Toute la difficulté du CDO est de s’intégrer dans la stratégie de l’entreprise. Plus celle-ci est mature, et plus sa mission est logique et acceptée. Mais c’est encore très loin d’être le cas partout où le poste est créé. Seules ses proximités avec la Direction générale, qui le légitime, et la DSI, qui l’appuie et lui apporte son support, sont pour le moment les moteurs acceptés de sa mission.
Le CDO doit donc afficher plusieurs objectifs et traits de personnalité :
- Obtenir de donner la priorité à toutes les données et à leur analyse dans les projets de l’entreprise ;
- Jouer de la diplomatie pour faire collaborer à travers le PDG, les dirigeants métiers et BU, les DSI, les architectes et les propriétaires de données ;
- Traiter les données fragmentées, en silos, et complétées de sources extérieures dans de nombreux formats, avec des niveaux de qualité des données, et dans un contexte business limité car peu de gens en comprennent l’importance stratégique ;
- Gérer les technologies au travers des changements, des applications dans le cloud, des analytiques, du Big Data, de l'analyse prédictive, de l’Internet des objets, etc. ;
- Intégrer la sécurité, avec une difficulté supérieure, surveiller et contrôler des données qui proviennent de l'extérieur et qui sont largement partagée à travers l'organisation.
Une sacrée mission, et l’on comprend mieux pourquoi le DSI a besoin du CDO, et pourquoi il n’hésite pas à laisser échapper le poste hors de sa DSI.
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