L’accélération de la transformation numérique a porté essentiellement sur l’adoption de technologies matures pour faire face à la crise. Toutefois, l’adoption de technologies émergentes, encore balbutiante, devrait s’accélérer dans les cinq ans qui viennent.
D’une approche stratégique de la transformation numérique, étalées sur de longs cycles, et la plupart du temps par départements, les entreprises sont passées à une approche volontariste, voire agressive. Le réflexe darwinien de la survie du plus apte a joué à plein dans ce changement de stratégie, grâce, ou à cause, d’une pandémie impromptue. Toutes les études convergent pour prédire que cette dynamique devrait se poursuivre en 2021.
Cependant, même si le consensus est général concernant la poursuite énergique de la transformation numérique, les études diffèrent quant au contenu de cette transformation. Chacun, voyant midi à sa porte, classe les différents thèmes selon son marché et les métiers qu’il maîtrise le mieux. C’est tantôt les outils relatifs au télétravail (bureau virtuel, outils collaboratifs, visioconférence…), tantôt les applications qui automatisent les processus ou aident les salariés à être plus productifs, entre autres.
L’adoption des technologies émergentes devrait s’accélérer
Une étude sur les technologies de 2021, menée par le cabinet iResearch pour Pegasystems, stipule que « les dirigeants désireux de faire évoluer leur entreprise doivent parvenir d’urgence à une responsabilisation plus forte en matière de gouvernance, d’intégration, d’innovation et d’adoption de technologies émergentes ».
Le cabinet de recherche a interrogé 1 350 cadres dirigeants issus de 12 pays et représentant sept secteurs d’activités différents, afin de réaliser une étude sur la façon dont les tendances technologiques les plus marquées (gouvernance de l’intelligence artificielle [IA], hyperautomatisation, réalité étendue [XR], périphérie étendue et cloud distribué) devraient évoluer ces cinq prochaines années. Voici ses conclusions et les prédictions des répondants pour les cinq prochaines années.
- Le secteur public est en passe de combler les lacunes de la gouvernance de l’IA. Près des trois quarts (65 %) des personnes interrogées estiment que le niveau actuel de gouvernance de l’IA est insuffisant pour gérer sa forte croissance. Plus d’un quart d’entre eux (27 %) disent ne pas avoir de responsable désigné pour superviser tout ce qui a trait à la gouvernance de l’IA et seuls 25 % disposent d’une politique officielle au niveau de l’équipe dirigeante. La question est donc de savoir qui va assumer la responsabilité de la gouvernance de l’IA : le législateur ou les entreprises ?
Bien que la majorité (78 %) des personnes interrogées se prononcent en faveur d’une responsabilité partagée ou totale lorsqu’il s’agit de réglementer l’IA, la tendance s’inverse lorsqu’on leur demande leurs prévisions pour les cinq prochaines années : 75 % s’attendent à ce que les gouvernements assument la quasi-totalité, voire la totalité de la gouvernance de l’IA, loin de ce qu’ils estiment pourtant être le plus juste équilibre. Quoi que nous réserve l’avenir, l’enjeu est de taille : plus de la moitié (53 %) s’inquiètent de voir une réglementation extérieure ou du gouvernement freiner l’innovation.
- Une intégration réussie est indispensable à l’ère de l’hyperautomatisation. Plus de la moitié (52 %) des personnes interrogées disent que la pandémie les a contraints à identifier de nouvelles opportunités d’automatiser leurs activités. C’est surtout vrai pour les flux de travail et le case management, deux domaines où les entreprises ont tendance à concentrer leurs efforts pour réduire les coûts et gagner en efficacité dans les moments difficiles.
Toutefois, l’étude suggère que le passage à l’hyperautomatisation est plus qu’une mesure à court terme prise par nécessité. Aujourd’hui, seuls 32 % des répondants pensent que l’hyperautomatisation les aide à améliorer le workflow et le case management, mais ce chiffre double ou presque pour atteindre 61 % lorsque la même question porte sur les cinq prochaines années. En parallèle, dans les chaînes d’approvisionnement et de distribution, seuls 26 % perçoivent déjà l’impact de l’hyperautomatisation. Or, ce chiffre grimpe à 64 % lorsqu’on demande aux participants de se prononcer sur son impact à cinq ans.
Toutefois, l’intégration aux systèmes existants reste un défi majeur pour 58 % des répondants, tandis que 40 % d’entre eux voient la compatibilité avec les technologies tierces comme le problème numéro un du secteur.
- La réalité étendue (XR) ajoutera de nouvelles dimensions aux expériences client… un jour ou l’autre. Même si la réalité étendue est l’une des principales tendances technologiques émergentes du point de vue du consommateur, seuls 35 % des dirigeants d’entreprise estiment qu’elle modifie déjà l’expérience client offerte. Néanmoins, les choses pourraient être très différentes dans cinq ans, puisque 30 % des personnes interrogées estiment que la réalité étendue deviendra indispensable à l’engagement client et plus de la moitié (52 %) pense que la XR constituera un jour un avantage concurrentiel.
- Le cloud distribué et la périphérie étendue optimiseront l’efficacité des applications, à condition que l’infrastructure technologique suive le rythme. Pour 73 %des participants, le travail nomade et le télétravail font des déploiements cloud une haute priorité, et plus de la moitié (51 %) estime que les technologies mobiles et à distance resteront l’un des moteurs de l’adoption de la technologie de périphérie étendue.
Pour réaliser pleinement leur potentiel, le cloud et la périphérie étendue auront besoin d’un coup de pouce : 41 % des participants disent que la maturation de l’IA, l’automatisation et le machine learning sont nécessaires pour en favoriser le développement. Aujourd’hui, seuls 22 % des personnes interrogées estiment que leur technologie de cloud distribué est « intelligente » ou « mature », tandis que 18 % disent la même chose à propos de la technologie de périphérie étendue, illustrant l’ampleur des défis à relever.