Si l’adoption des services proposés par les FinTechs ne cesse de progresser, le stress test 2017 de la Bank of England a révélé qu’ils pourraient représenter une menace pour le système bancaire en fragilisant son équilibre et son modèle économique…
Chaque année, la Bank of England (BofE), la Banque centrale britannique, réalise des stress tests qui sont des scénarios hypothétiques conçus pour garantir que les grandes banques britanniques puissent résister à un retournement défavorable de l'environnement économique.
Pour la première année, l’ensemble du système bancaire du Royaume-Uni a participé au stress test de la BofE. Et le résultat indique que les banques britanniques seraient en train de sous-estimer l’impact de la concurrence des FinTechs sur leur rentabilité.
Trois principaux domaines de nuisance, qui se traduisent par une réduction des revenus et une hausse de certains coûts, ont été identifiés :
1La réduction des recettes des découverts bancaires
Les produits découverts bancaires, plus spécifiquement les frais de découverts bancaires non autorisés, figurent parmi les plus gros contributeurs aux bénéfices avant impôts des banques britanniques. Or, en aidant leurs clients à mieux gérer leur argent, et en particulier à réduire leurs découverts et à accéder à des options de crédit moins cher, les FinTechs vont probablement réduire cette manne. Surtout que les autorités de la finance (Finantial Conduct Authority) préparent également un plafonnement des frais de découvert…
2La fidélisation et des ventes croisées plus difficiles
Les nouvelles législations imposent aux banques de partager leurs données avec des tiers, ce qui augmente le risque de désintermédiation. Avec les FinTechs qui proposent des outils plus intuitifs pour gérer leurs finances, la fidélisation des clients des banques s’érode. Et cela rend plus difficile la vente croisée de produits et services. Le corollaire est une augmentation des frais de marketing visant à retenir les utilisateurs.
3La vulnérabilité aux cyberattaques
Les consommateurs gèrent de plus en plus leurs finances en ligne, et par le jeu des nouvelles réglementations, leurs données personnelles sont plus facilement partagées par les banques et donc accessibles. Les FinTechs créent des points de faiblesses exploitables par les cybercriminels. Ce qui oblige les banques à revoir à la hausse leurs stratégies et dépenses dans la cybersécurité. Des dépenses qui devraient doubler jusqu’en 2023.
Les banques doivent-elles céder à la paranoïa ?
Le risque que représentent des FinTechs en compétition avec le système bancaire probablement sur évaluer, et les banques elles-mêmes ont mis en place des stratégies, d’incubation par exemple, qui leur permettent non pas d’affronter mais plutôt de collaborer avec les jeunes pousses de la finance. Nous assisterons moins à des prises de parts de marché, donc des débauches de clients, qu’à des déplacements d’opérations vers l’Internet.
En revanche, pour intéressante qu’il soit pour démontrer la problématique des banques face aux FinTech, le stress test de la Banque d’Angleterre n’en est pas moins incomplet. En effet, il ne prend pas en compte l’impact potentiel des GAFA qui investissent dans les services bancaires, avec des moyens considérables que leurs envient les FinTechs. Qu’il s’agisse de moyens de paiement, de transfert d’argent, de gestion de comptes et de portefeuille, ou encore d’assurance, le trésor de guerre d’un Apple, d’un Amazon ou d’un Google représente un danger autrement plus grand car d’entrée ces services disposent de moyens que le regroupement de l’ensemble des acteurs d’un pays ne pourra égaler…
« Stress testing the UK banking system: 2017 results » de la Bank of England, à télécharger ici.
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