Les émojis ou émoticônes sont-ils un nouveau langage ? Non, certainement pas, en revanche, véhicules d’émotion ils offrent un vaste potentiel pour la communication.

Savez-vous qu’il existe une journée mondiale des émojis ? Les petites images qui accompagnent nos messages sont fêtées le 17 juillet. En cette occasion, Facebook a publié une infographie sur les tendances des émojis utilisés sur Messenger, que nous publions ci-dessous. Nous nous sommes intéressés à ce phénomène et nous avons enquêté en nous posant une question : y a-t-il une psychologie des émojis ?

74% des américains envoient en moyenne 96 emojis par jour dans leur communication en ligne Click to Tweet

Mais commençons par répondre à une autre question que l’on peut légitimement se poser, surtout lorsque l’on apprend qu’un écrivain s’est soumis à l’exercice d’écrire un roman tout en émojis… Les émojis sont-ils une langue ? En la matière, la réponse est directe, ‘non’, car les émojis ne disposent pas d’un ensemble de règles linguistiques claires.

Etonnamment, cette réponse nous aide dans notre mission, car l’absence de règles linguistiques participe à renforcer les capacités de communication des émojis. Comment ? Tout simplement en offrant originalité et flexibilité, ce qui augmente singulièrement leur potentiel.

Le ton de la voix, le geste verbal, et les émojis

Prenons un exemple : un émoji ‘cœur’ associé à un message. Sans un seul mot, l’émoji embarque une foule d’informations issues du contexte – si le message porte sur la sortie d’un film, il indique au choix du lecteur que l’expéditeur aime ce film, qu’il a envie d’aller le voir, qu’il invite son correspondant à l’accompagner, ou plus simplement qu’il aime son correspondant ou la relation qu’il entretien avec lui via le film en question…

Emoticônes et emojis sont reconnus et traités par le cerveau comme une information non verbale, ce qui signifie que nous ne les lisons pas comme des mots, mais comme une communication émotionnelle. Celle-ci peut être tout aussi importante que les mots pour transmettre un message clair. Par exemple, en communication orale, les chercheurs savent maintenant que si celui qui s’exprime n’est pas autorisé à utiliser des gestes, l’information qu’il transmet est moins efficace. Essentiellement, on peut considérer que les emojis font ce que le ton de la voix fait au téléphone, ou ce qu’expressions et gestes font dans une communication face-à-face.

Souplesse et émotion

On le voit, la souplesse de l’émoji se prête à véhiculer une masse d’informations et d’émotions, tout en s’adaptant à la psychologie de la personne qui reçoit le message, ce qui en étend encore la portée. A ce titre, c’est moins l’émoji lui-même que les sentiments qu’il peut générer qui sont importants. Les psychologues évoquent une ‘contagion émotionnelle’, en grande partie due à la façon dont nous faisons preuve d’empathie et nous établissons des relations via les émojis.

C’est là aussi qu’est le danger des émojis. Un langage et une communication écrite s’accompagnent d’une précision de l’information. Cela a le mérite de permettre de communiquer une information claire. Avec l’émoji, la communication ne fonctionne que si le récepteur à la capacité de comprendre le massage porté par l’image symbolique. Or, la symbolique dépend de l’état d’esprit de celui qui émet et de celui qui reçoit. La relation entre l’émetteur et le récepteur est donc essentielle.

9 milliards d’émoticons circulent chaque jour sur la toile Click to Tweet

Autre différence dans la communication orale ou écrite, chacun joue un rôle social dans la relation. Ce rôle exige que l’on réagisse de manière différente selon le positionnement occupé, et que nos actions en prennent compte, actions appelées ‘travail d’émotion’. Certes, les émojis peuvent être considérés comme le support de ce ‘travail d’émotion’. Ils peuvent transmettre beaucoup d’émotions, sauf que le sens est celui que le récepteur veut qu’il soit…

Le sens et l’émotion positive

Le sens est donc essentiel, c’est pourquoi les émojis sont assimilables à des idéogrammes, qui représentent des idées, à la différence des pictogrammes, qui représentent des objets ou des expressions. Essentiel également, l’émoji véhicule une émotion positive. Lorsque l’information qu’il accompagne est négative, la présence d’un émoji qui pleure, par exemple, en atténue la portée, le message semble alors moins négatif. C’est pourquoi si vous souhaitez transmettre un message négatif, il est déconseillé de l’accompagner d’émojis.

A l’inverse, la présence d’un émoji permet d’adoucir un message négatif, comme une critique, une déclaration, un sarcasme ou une insulte. Le ‘travail d’émotion’ permet de préserver une relation lorsque le message doit être négatif. C’est pourquoi là encore si le massage recherché doit véhiculer une émotion négative, comme la colère ou la peur, il faut tenir les émojis à l’écart.

Alors que le smartphone et les SMS occupent désormais une place centrale dans notre quotidien et dans notre communication – les adolescents communiquent plus aujourd’hui avec leurs amis par textos qu’en face à face – les émojis participent à la construction et à l’entretien des relations sociales. La compréhension du potentiel des émojis dans la communication humaine devient essentielle, et doit accompagner le développement des technologies.

Vers un nouveau cerveau…

Les scientifiques ont découvert que lorsque l'on regarde en ligne l’image même simplifiée d’un visage, les mêmes parties du cerveau sont activées que lorsqu’on regarde un vrai visage humain. Notre état d'esprit change, et nous pourrions même modifier nos expressions du visage pour correspondre à l'émotion de l'émoticône. Ce qui est vraiment intéressant c’est que c’est quelque chose que nos cerveaux ont développé au cours des dernières années avec l'apparition des émoticônes et des émojis. Pour l'essentiel, la culture des médias sociaux aurait créé en nous un nouveau modèle de cerveau !

En tout cas, chez Instagram qui par essence est nativement porté sur l’image, 50% des légendes et des commentaires sont désormais des émojis. Un phénomène qui a en particulier réduit l’usage de l’argot Internet (lol, rofl, bae, etc.) remplacé par des émojis. Qui également tendent à remplacer les hashtags… Selon les experts du site, l’émoji transmet ce qui manque au texte : l’émotion.

FacebookWorldEmojiDayInfographic