La prochaine grande échéance du mainframe est à 5 à 10 ans : à ces dates, le marché devra affronter un manque de compétences opérationnelles…
Comment affronter les difficultés du mainframe, l’augmentation régulière de ses coûts et la disparition de ses ressources vieillissantes ?
C’est à Las Vegas que nous avons rencontré Serge Lucio, ex-IBM qui a rejoint la direction stratégique de la division mainframe de CA Technologies. Il nous a dressé un portrait réaliste du mainframe. A commencer par l’incompréhension des utilisateurs sur la tarification d’IBM. Qui se traduit par des coûts en hausse, et une estimation de la mise à jour sur la dernière version qui peut atteindre 45 millions d’euros, soit le prix d’un datacenter !
Une fenêtre de tir de 5 ans
L’autre problème du mainframe interviendra dans 5 à 10 ans : le manque de ressources. Contrairement au discours, le problème ici ne porte pas sur les développeurs, car la masse critique existe et elle est alimentée par de nouveaux arrivants, en Inde, en Europe de l’Est où les développeurs en place sont à la recherche d’augmentations de salaires, ou en Chine où IBM met en place des cursus de formation avec les universités, voire aux Etats-Unis où un flux de militaires ou de développeurs en milieu de carrière recherche des augmentations de revenus de l’ordre de 30 à 50%.
Le problème vient des compétences et expertises opérationnelles des équipes en place dans les entreprises. Nous avons 5 ans de retard sur le recrutement des personnels qualifiés. Or, il faut de 5 à 7 ans pour amener une personne à devenir un expert ! Les clients du mainframe disposent donc d’une fenêtre de 5 ans pour retrouver la maturité sur le mainframe. Mais les pratiques commerciales d’IBM, et la fragmentation de son offre - la division matérielle avec z-OS, la division logiciels dont les développements sont chez HCL, et les services avec GTS (Global Technologies Services).
La solution est dans l'automatisation
Pour CA Technologies, une partie de la solution est dans l’automatisation et la simplification de la gestion opérationnelle. Avec par exemple des systèmes de détection anticipée des problèmes qui donnent des résultats surprenants, comme la détection des problèmes 5 heures avant leur occurrence. A terme, le mainframe sera doté de systèmes intelligents capables d’automatiser 40% des évènements dans le mainframe.
Côté développement, l’objectif est de travailler sur des modes proches d’AWS, de docker ou de CloudFoundry, mais en ligne de commande et avec la manipulation de concepts, de revisiter Hadoop, d’implémenter SPARC et les processus Jenkins, de déployer la blockchain, qui profiteront de la vraie valeur de mainframe. Sans oublier les workloads de développement et de test dans des conteneurs, dont le coût pour les développeurs sera quasiment inexistant.
Conclusion, si les prochaines années s’annoncent difficiles, l’écosystème du mainframe travaille à apporter des réponses, et il serait encore une fois prématuré d’anticiper sa fin…
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