L’incendie récent d’un centre de données dans la région lyonnaise pointe à nouveau du doigt ce risque majeur. Ce sinistre fait suite à l’embrasement en octobre 2022 d’un centre de colocation sud-coréen et celui d’un datacenter d’OVH en mars 2021.

Le 28 mars, les flammes ont ravagé les infrastructures réseaux et électriques du datacenter Adeli situé dans l'Ain, lors du raccordement d'un lot de batteries litihium-Ion (Li-Ion) à un onduleur du circuit photovoltaïque du bâtiment. Ce dernier servant à l’alimentation électrique de secours en cas de problème. L'incendie d’un pack de batteries lithium-ion est également à l'origine d'un incendie majeur survenu le 15 octobre 2022 dans un datacenter sud-coréen. Concernant l’incendie du batiment d’OVH Cloud à Strasbourg le 10 mars 2021, le rapport d’enquête du Ministère de la transition écologique ne cite les batteries lithium-Ion comme cause du sinistre mais conclut que les départs de feu se sont produits quasi simultanément sur des batteries au plomb et sur un onduleur.

Ce type de risque est bien connu à ce jour, nous l’avions mentionné dans un article sur les centres de données. D’autre part en juin 2022, la fédération française des métiers de l’incendie (FFMI) l’avait décrit de manière très précise et argumentée dans un guide les risques d’incendie liés aux batteries de technologie Lithium-Ion en ces termes « Le nombre croissant de batteries Lithium-Ion et la quantité croissante d'énergie stockée dans différentes applications de stockage d'énergie présentent un nouveau type de risque d'incendie où la protection incendie est difficile qui n’est pas appréhendé par le marché ». Les avantages de ce type de type de batteries ont poussé les acteurs du domaine à les adopter. Par rapport aux autres technologies, elles ont une taille plus réduite, une maintenance plus facile et surtout, une durée de vie plus longue. Le Li-Ion devrait représenter 38,5 % du marché des batteries pour les centres de données d'ici à 2025, contre 15 % en 2020, selon le cabinet de conseil Frost & Sullivan.

Des précautions à mettre en place

Revers de la médaille, lors d’un incendie, les batteries Li-Ion brûlent plus vite que pour les autres technologies d’accumulateurs. En outre, la FFMI alerte sur le fait que les incidents impliquant des batteries au lithium-ion peuvent dégénérer en emballements thermiques importants, impossibles à arrêter. Il s’agit donc d’un problème important dont les acteurs vont devoir se saisir, depuis l’évaluation des risques jusqu’à la réglementation nationale ou régionale des services d'incendie.

Le risque de feu n’est visiblement pas maitrisés par les fabricants pour la structure des batteries mais pas davantage pour un système de charge sûr et efficace. Côté organisations, celles qui n’ont pas prévu un plan de reprise d’activité (PRA) avec des sauvegardes complètes doivent tirer les conclusions de ce type d’alerte. D’autre part, bien noter qu’un tel PRA est indispensable en cas de cyberattaque.

Gageons que ces incidents devraient ralentir l’installation des batteries LI-Ion et dans tous les cas, modifier les nouveaux projets de création de datacenter pour assurer une meilleure sécurité.