Remis au gouvernement, le rapport « Quantique : le virage technologique que la France ne ratera pas » présente de façon détaillée et rigoureuse cette technologie prometteuse. La France affiche de sérieuses ambitions afin de garantir sa souveraineté.
Le 9 janvier, les rapporteurs Paula Forteza, Députée des Français d’Amérique latine et des Caraïbes, Jean-Paul Hertaman, Président d’Honneur du GIFAS, Président-directeur général, du Groupe SAFRAN, et Iordanis Kerenidis, Directeur de recherche au CNRS ont présenté leurs analyses.
Leur mot d’ordre : la France doit agir vite. Selon Paula Forteza, « seuls les pays qui auront osé prendre des risques trouveront une place dans ce nouveau tournant technologique et pourront donc garantir leur souveraineté ».
Plusieurs projections macroéconomiques, sur les deux prochaines décennies, attribuent aux technologies quantiques un potentiel de contribution significatif au PIB ainsi qu’à l’emploi dans les pays développés.
Une offre logicielle quantique métier « clé en main »
Ils rappellent que la France a la « chance de déjà disposer d’un écosystème dynamique, d’une recherche d’excellence et d’industries de pointe pour s’inscrire comme leader de cette technologie ».
Selon ce rapport, notre pays pourrait capitaliser sur ses chercheurs en algorithmie et industriels du logiciel pour se positionner en acteur de rang mondial des logiciels métiers exploitant le calcul quantique en proposant, dès 2023, avec le concours de l’Allemagne, la première offre logicielle quantique métier « clé en main » pour les domaines de la chimie, la pharmacologie, les matériaux avancés, la logistique et l’apprentissage en IA.
« Faire du QCaaS (Quantum Computing as a Service) est déjà proposé par IBM et AliBaba. Cela ne veut pas dire qu'il soit inutile d'en créer d'autres, meilleurs et/ou différents mais cela ne montre pas une énorme ambition », rappelle sur son blog Stephane Bortzmeyer.
Mais pour l’instant, force est de constater que la majorité des entreprises construisant des calculateurs quantiques ne sont pas françaises : DWAVE, IBM, RIGETTI, Google, IonQ… L’exception étant PASQAL, une Spin off de l'Institut d'optique de Palaiseau.
Ce rapport détaille 37 propositions s’articulant autour de six axes :
- Une infrastructure de pointe pour la recherche et l’industrie ;
- Un programme de soutien au développement technologique ;
- Un programme de soutien au développement des usages ;
- Un environnement d’innovation efficace ;
- Une stratégie de sécurité économique adaptée ;
- Une gouvernance efficace.
Pour résumer, ces rapporteurs estiment qu’il est urgent et nécessaire de :
- Augmenter l’investissement sur ces technologies pour atteindre 1,4 milliard d’euros sur 5 ans. Pour y parvenir, il s’agirait de doubler, voire tripler, les investissements actuels de l’État et renforcer ceux du secteur privé ;
- Prouver les usages de cette technologie, en sortant le quantique des laboratoires avec la création de trois hubs quantiques à Paris, Saclay, Grenoble.
- Former de nouveaux talents en créant des parcours de formation avec une spécialisation en ingénierie et en informatique quantique pour ainsi anticiper la croissance du besoin en ingénieurs et techniciens des filières industrielles.
Sur la base des recommandations présentées dans ce rapport, le gouvernement a annoncé cinq mesures :
- La création d’une task force opérationnelle (État, opérateurs de recherche & financiers) chargée, dans le cadre du prochain Pacte productif, de mettre en œuvre cette stratégie ;
- L’intégration du quantique dans le décret sur les investissements stratégiques étrangers ;
- Début 2020, le ministère des Armées lancera un appel à projets sur l’adaptation, pour la défense, des capteurs quantiques et financera le développement d’un gravimètre quantique embarqué sur un futur bâtiment d’hydrographie et d’océanographique ;
- Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation va créer un nouveau programme de recherche sur le sujet.
https://forteza.fr/wp-content/uploads/2020/01/A5_Rapport-quantique-public-BD.pdf