Face à l’intensification des menaces numériques, l’Union européenne durcit son arsenal réglementaire. Désormais, des directives comme le CER, CRA, NIS2 ou DORA posent les bases d’un renforcement indispensable de la sécurité des systèmes d’information. Pourtant, leur mise en œuvre se heurte à une réalité bien plus contrastée. Pour répondre efficacement à cette situation, les acteurs de la transformation numérique doivent revoir leur approche ; proposer des accompagnements réellement adaptés, intégrer les contraintes métiers dans chaque réponse, et s’appuyer sur des alliances solides pour renforcer leur capacité d'intervention.

Un cadre réglementaire exigeant face à une réalité terrain disparate

Sur le papier, les exigences des directives européennes en matière de cybersécurité sont “claires”. Dans la pratique, leur application révèle un écart important entre ce que le législateur impose et ce que les organisations peuvent réellement déployer, à l’instar des dissonances entre l’AI act et la loi sur la cybersécurité des données personnelles en Chine. En effet, de nombreuses entreprises se trouvent dans l’incapacité de répondre à ces obligations, non par négligence, mais faute de moyens financiers ou humains. Certaines peinent à recruter, tandis que d'autres ne disposent pas des ressources pour intégrer durablement les compétences nécessaires à la conformité.

Par ailleurs, l’interprétation de ces directives peut parfois paraître contradictoires avec d'autres normes, notamment dans les environnements à périmètre international. Une complexité qui renforce l’incertitude, et ralentit les initiatives. Face à cette situation, une mise en conformité réussie ne peut reposer sur une application purement “mécanique” des textes. Elle doit au contraire s’adapter à la réalité opérationnelle de chaque structure, en tenant compte de son organisation, de ses contraintes et de ses priorités métiers.

Le sur-mesure comme impératif de mise en conformité

Aujourd’hui, la conformité ne peut suivre un modèle unique ; chaque organisation a son niveau de maturité, ses contraintes métier et ses marges de manœuvre. Appliquer les mêmes exigences à une grande banque et à une PME industrielle, par exemple, revient à ignorer leurs réalités. C’est pourquoi, pour être efficace, la cybersécurité doit s’inscrire dans les usages concrets de chaque structure.

Et tout commence par un état des lieux précis. Beaucoup d’entreprises sous-estiment leur exposition ou ignorent les obligations qui leur incombent. Ce diagnostic permet de bâtir un plan d’action réaliste, avec des priorités claires et des moyens définis. Dans les structures les plus petites, la réussite repose aussi sur l’implication des équipes internes. Embarquer les profils clés (DSI, administrateur, responsable sécurité…) garantit la pérennité des mesures, une fois l’accompagnement terminé. Adapter la méthode ne revient pas à alléger les exigences, mais à les rendre applicables. C’est cette approche pragmatique qui permet de sécuriser sans freiner, et de transformer la conformité en valeur ajoutée pour votre organisation.

Multiplier les forces pour répondre aux nouveaux enjeux

Face à des exigences croissantes et à des attaques toujours plus sophistiquées, la force du collectif permet d’encore mieux appréhender les risques Cyber. Toutes les entreprises doivent composer avec la complexité des réglementations, la diversité des environnements techniques et l’évolution rapide des menaces. La logique de partenariat devient alors un levier stratégique.

Nouer des partenariats solides avec des établissements de formation permet, par exemple, d’aligner les compétences émergentes avec les besoins concrets du terrain, tout en investissant sur la relève. Côté solutions, la collaboration étroite entre intégrateurs, éditeurs et distributeurs techniques facilite la conception de réponses sur mesure, à la fois performantes, actuelles et économiquement maîtrisées. Cette proximité opérationnelle favorise la co-innovation, la montée en compétence continue et une meilleure anticipation des besoins.

Demain, d’autres défis viendront encore complexifier le paysage. L’émergence de l’intelligence artificielle dans les outils de cybersécurité promet des gains d’efficacité, mais soulève aussi de nouvelles questions techniques, éthiques et opérationnelles. Comme pour les réglementations, l’enjeu sera moins de suivre la tendance que de l’intégrer avec discernement. À condition de rester ancrés dans le réel et dans les usages, les acteurs de la cybersécurité pourront transformer chaque contrainte en levier, et chaque mutation technologique en opportunité.

Par Mouhédine Habache, Directeur de l’agence Cybersécurité chez Néosoft

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