Malgré une confiance affichée dans les dispositifs anti-blanchiment, leur efficacité reste insuffisante face à des réseaux criminels qui exploitent l’IA, les cryptomonnaies et le dark web.

Une enquête internationale commandée par BioCatch révèle que les institutions financières, notamment françaises, sont dépassées par la sophistication croissante des criminels en matière de blanchiment d’argent. Malgré des investissements importants, les pertes liées à la fraude augmentent, soulignant l’urgence d’une réponse collective, technologique et réglementaire plus ambitieuse.

Selon cette enquête menée auprès de 800 cadres dirigeants de banques dans 16 pays, dont la France, 82 % des directeurs financiers français estiment que les criminels surpassent les banques en matière de techniques de blanchiment d’argent.

Ce constat alarmant s’accompagne de pertes économiques lourdes : 51 % des banques déclarent des pertes annuelles supérieures à 10 millions d’euros, et 61 % constatent une augmentation de ces pertes d’année en année.

Intervention publique renforcée

L’étude met en lumière un paradoxe saisissant :
  • 92 % des professionnels interrogés pensent que leur organisation est efficace contre la criminalité financière,

  • mais seuls 51 % estiment que leurs actions ont un réel impact mondial et 43 % reconnaissent que leurs efforts n’ont aucun effet au-delà de leur propre entreprise.
Ce désalignement illustre l’isolement des initiatives et l’absence de dynamique globale coordonnée, particulièrement pour les banques françaises. Malgré une montée en puissance des investissements dans la lutte contre le blanchiment, les résultats
restent mitigés :
  • 44 % des banques consacrent entre 10 et 24,9 millions d’euros par an à la lutte contre le blanchiment,

  • Pourtant, 13 % enregistrent des pertes supérieures à 25 millions d’euros par an.
Les obstacles identifiés incluent les défis de cybersécurité (33 %), l’intégration difficile de nouveaux outils dans des systèmes obsolètes (28 %), le manque de ressources humaines et budgétaires (23 %) et la complexité réglementaire (20 %).

Une majorité (59 %) limite les enquêtes de blanchiment à un seul compte bancaire, négligeant les réseaux élargis impliquant des mules ou des bénéficiaires indirects. Pourtant, 76 % reconnaissent qu’un cas de blanchiment est rarement isolé et 83 % lient directement le blanchiment à des crimes graves comme le terrorisme, la traite humaine ou
le trafic de drogue.

Face à cette menace, 90 % des professionnels interrogés appellent à une intervention publique renforcée. Ils réclament une coopération accrue entre banques, régulateurs et entreprises technologiques, une harmonisation des cadres réglementaires et un renforcement des outils technologiques à disposition des institutions financières.

En conclusion, cette étude révèle un déséquilibre croissant entre les moyens des institutions financières et les méthodes des criminels. Pour retrouver l’avantage, les banques devront sortir de leur isolement, moderniser leurs outils et s’inscrire dans une lutte mondiale concertée, où l’innovation technologique et la coopération seront
les clés de la résilience.