La vague du cloud s’accompagne d’une transformation profonde des métiers autour du cloud. Cependant, la tendance n’est plus à la multiplication des ressources en interne mais aux services apportés par des partenaires sur des infrastructures multi-cloud.
La tendance est positive sur les métiers du cloud. Dans sa dernière étude sur l’évolution des emplois dans la filière IT, le Syntec Numérique laisse apparaître une création nette annuelle de 28 000 emplois. La progression est plus forte qu’à l’habitude, et elle s’accompagne d’une transformation profonde des métiers autour du cloud. Concrètement, nous assistons à une spécialisation des métiers, de la DSI aux éditeurs et entreprises de services, qui démontre une maturité plus forte sur le cloud, ses composants, ses usages et ses modèles, donc une meilleure compréhension des enjeux qui accompagnent une clarification de la stratégie de l’entreprise.
1Du cloud interne aux clouds des partenaires
Le chemin à parcourir est cependant loin d’être tracé. Pendant longtemps, les organisations ont cherché à concevoir et mettre en place leur cloud en interne. Cependant, beaucoup de métiers de la DSI subissent la pénurie des compétences, en particulier sur la cybersécurité et sur le cloud, ce qui impose de consommer des ressources externes, dont les entreprises de services du numérique (ESN). Ce qui ne fait que reporter la problématique des compétences sur des prestataires externes, et se traduit invariablement par une inflation sur les salaires. Et les ESN, qui par rapport à d’autres secteurs d’activités souffrent de ne pas disposer de marges confortables, n’ont d’autre alternative que de répercuter cette hausse dans le coût de leurs prestations. C’est le constat que fait le Syntec Numérique, de la remontée des salaires et des prix…
Pour faire face à ces problématiques, les entreprises n’envisagent plus de faire leur cloud elles-mêmes, mais plutôt d’acheter et de faire implémenter leur cloud par d’autres. Elles vont rechercher une infrastructure de cloud qu’elles connaissent, pour partie à implanter chez soi, en mode ‘on premise’, avec la mise en place de briques de cloud privé ou public de fournisseurs, et l’ensemble géré par leurs partenaires. Elles abandonnent le design et l’intégration pour se diriger vers le convergé avec des briques on premise proposées par les fournisseurs de cloud.L’autre axe étant d’adopter une approche multi-cloud ‘as-a-Service’ afin d’aller rechercher le meilleur du cloud proposé par les meilleurs fournisseurs.
2Fournir des services autour du cloud, les métiers du développement
Les paradigmes du cloud changent. Les clients ne parlent plus de ‘designer’ et de faire tourner leur cloud, mais de le consommer. Ils parlent de management du cloud, d’interface avec les équipes métiers, de mise en place de DevOps. Ils se tournent vers leurs fournisseurs pour créer les nouveaux services et répondre à leurs besoins métiers. Et si la tendance n’est plus à la fourniture d’une plateforme, elle se repositionne sur les services autour de la plateforme. C’est ainsi que l’on parle aujourd’hui de plateformes et du modèle ‘cloud brokerage’ pour le conseil sur l’utilisation du cloud, et d’interfaces entre les équipes IT, Dev et infra. Les développeurs rejoignent alors les équipes SaaS et PaaS, ils doivent s’approprier le cloud et disposer d’outils pour déployer les services.
3Sécuriser, les métiers de la sécurisation du cloud
C’est un autre domaine sensible du cloud, celui de la cybersécurité. Entre la multiplication des attaques, qui se font toujours plus sophistiquées, et les contraintes réglementaires fortes sur les OIV (entreprises d’intérêt vital), la loi de programmation militaire, le domaine bancaire, voire le RGPD, il ne s’agit plus seulement de sécuriser les infrastructures, mais surtout de sécuriser les usages. Ce qui passe par une réflexion sur les modèles de consommation du cloud. Par exemple, les usages sécurisés et la garantie d’un SLA sur une stratégie reposant exclusivement sur le cloud public sont moindres que sur un cloud privé, et coûtent beaucoup plus cher...
Ainsi de nouveaux métiers apparaissent, sur la gestion des infra dans le cloud, le développement, la cybersécurité, mais également sur le support et sur la bonne utilisation du cloud. L’explosion attendue du multi-cloud crée de nouveaux besoins, comme celui de disposer du cloud le mieux adapté au meilleur prix, ainsi que pour la mise en place de bonnes pratiques d’usages. L’objectif est de trouver la bonne formule, ce qui se traduit par l’émergence de métiers qui prennent place entre les applications, la cybersécurité et la compliance.
4Accélérer sur la veille technologique
Je suis impressionné par le nombre de logiciels annoncés, à implémenter, certifier et faire tourner sur notre plateforme, dont la majorité est ‘cloud native’ ! C’est intéressant pour les métiers qui peuvent adopter une logique de micro-services qui évite de re-développer et facilite la maintenance. C’est une démarche qui incite également à la création de nouveaux métiers liés à la veille technologique, à l’identification et au test de ce qui existe. Ils apportent d’énormes effets d’échelle chez les clients, avec un potentiel d’emplois à court-terme.
Il est désormais difficile de suivre la demande. Nous continuons de mettre en place du nearshore et du offshore, car ce sont des potentiels de ressources, en particulier sur l’Inde. De toutes les façons, avec les déficits de compétences, nous n’avons pas d’autre choix que d’y aller !
Dans le même temps, les entreprises vont devoir ré-internaliser des équipes de développement pour disposer de plus d’agilité. Et profiter des méthodes de développement Scrum, avec des équipes spécialisées pour développer plus facilement et plus vite, avec la possibilité de coder moins de lignes. Mais le code est de plus en plus complexe, ce qui fait que le développement de qualité est beaucoup plus compliqué qu’avant. Ce qui crée des tensions sur tous les métiers, avec des gens qui travaillent de plus en plus.
L’effort du ‘blended rate’ a été déjà fait, le ratio offshore semble commencer à baisser. Les micro-services bien utilisés vont permettre de faire d’importants gains de productivité. Mais attention, nous devons dès aujourd’hui anticiper une pénurie sur les métiers du PaaS (Platform-as-a-Service), qui intègre une grande complexité...