Scality, éditeur français de la solution logicielle de stockage objet RING dont la direction est implantée à San Francisco, a franchi une étape importante dans la vie d'une start-up, elle atteint la maturité. Nous l'avons rencontrée lors de notre voyage sur la Silicon Valley.


Seconde étape de notre périple sur la Silicon Valley, nous restons à San Francisco pour retrouver une start-up française, Scality. Retrouver, car nous apprécions cette entreprise issue de la recherche française. Dont la R&D et le développement, essentiellement autour de mathématiciens, demeure à Paris, rappelant qu'en France nous disposons d'un réel savoir-faire qui n'a rien à envier de nos concurrents étrangers. Dont la direction est à SanFrancisco, rappelant en revanche que le tissu des investisseurs et des structures d'accompagnement des jeunes pousses en France est encore loin de ce que l'on peut en attendre. Et enfin dont les équipes, son CEO et fondateur Jérôme Lecat en tête, en plus d'être compétentes, sont également transparentes et ouvertes à la discussion.

Scality a levé en plusieurs tours 36 millions de dollars de Menlo Ventures, Iris Capital, BPI France,
 Idinvest, Omnes, et Galileo Partners.

Nous avons d'ailleurs récemment publié une interview de Philippe Nicolas, directeur de la stratégie produit de Scality, « Favoriser l’adoption d’OpenStack dans les entreprises, le retour d'expérience de Scality », qui a rencontré un certain succès sur IT Social et lancé une série d'articles passionnant et même polémiques sur OpenStack, que nous prolongerons dans les prochains jours.

Une infrastructure de stockage Software-defined Storage multi-application

Scality face à la baie...

Nous voici donc dans les bureaux de l'investisseur Partech, où Scality est actuellement hébergée. Dans ce gratte-ciel du centre économique de San Francisco, d'immenses baies vitrées dominent la baie et Embarcadero, la gare maritime où accostent les navettes qui relient San Francisco à Berkley. Et là, une surprise nous attend : le discours de Scality a changé ! L'accroche n'est plus le logiciel de stockage objet, un domaine dont la start-up est le champion mondial, mais le « Software-defined Storage at Petascale scale ».

Ce changement qui touche à la communication de la jeune pousse est significatif de sa maturité. Il marque une étape importante dans la vie d'une start-up, justement celle où désormais l'expression originelle de son offre n'est plus adaptée à sa déscription. Scality ne produit plus une solution logicielle aux qualités exceptionnelles, mais apporte une réponse à une tendance majeure du marché.

« Les entreprises veulent conserver le contrôle sur leurs infrastructures et leurs opérations, commente Jérôme Lecat. Le stockage objet est seulement une technologie. En revanche, nous sommes une entreprise de logiciels qui résout les problèmes de stockage. Notre solution Scality RING est la fondation du stockage du Software-defined Datacenter, multi-tenant, multi-application, multi-workload. »

Une offre de stockage logiciel mature

Scality propose une solution de stockage logiciel, RING, qui crée un anneau virtuel qui chapeaute l'ensemble des équipements de stockage des données d'une organisation. Cette approche regroupe l'ensemble des données dans une organisation unique - avec une application unique pour tous les clients et des transactions qui s'effectuent en mémoire - et supprime les silos et les migrations. Rappelons que selon le Gartner, 70 % du temps des équipes stockage est consacré à la migration des données.

Les composants stockage de l'architecture de l'entreprise sont réunis dans des nodes, jusqu'à 36 nodes de stockage logiquement organisées dans un espaces d'adressage binaire. Chaque node est connectée à celles qui lui sont proches, ainsi qu'à celle qui lui est la plus éloignée (voir l'image en entête de notre article). La donnée est ainsi dupliquée et stockée 6 fois sur des équipements qui habituellement sont sous exploités, ce qui rend théoriquement l'information indestructible. Dans la nouvelle version de Scality RING, l'approche en profondeur de l'archivage des données autorise même la perte de 9 serveurs !

Scality RING

Scality RING intègre en particulier l'archive active, le backup, la collaboration et le partage de documents, des services cloud pour répondre à des besoins étendus en nombre d'utilisateurs, le mail – le stockage des messageries a été la première activité de Scality, qui aujourd'hui stocke 60 milliards de mails depuis 110 millions d'utilisateurs sur une plateforme qui ne s'est jamais arrêtée depuis sa création ! - l'archivage et la distribution de vidéo, etc. Débuter sur le mail n'est pas anodin, ce choix stratégique est assumé par Jérôme Lecat et a pesé sur la stratégie de Scality : « nous avons démarré avec les énormes bases de mails, avec la contrainte de la pression sur les prix. »

Par ailleurs, les développeurs de la solution se sont concentrés sur des algorithmes dont le focus porte sur la disponibilité. Egalement pour le Big Data sur Hadoop qui appelle directement le RING via l'exploration du data repository de Hadoop. Le 'technical computing' prend de l'ampleur. Sans oublier OpenStack, nous en avons parlé lors de notre précédente interview. Et dans un futur proche, un cloud global d'entreprise, attendu en particulier par les banques pour couvrir l'ensemble des workloads.

Et des clients prestigieux

Dernier signe de réussite, Scality affiche ses clients, dont certains sont prestigieux, et qui sont en production et non pas sur des PoC (Proof of Concept). Même si, comme le reconnaît Jérôme Lecat, « Les clients savent aujourd'hui ce qu'ils veulent, mais ne posent pas toujours les bonnes questions... ». En France, Orange et SFR dans les télécoms, eTF1 et AB dans les médias vidéo, figurent parmi les clients de la start-up. Dernier entrant sur l'exagone, le site de partage vidéo Dailymotion, doté d'une infrastructure de stockage EMC sur laquelle Scality a déployé son RING.  

Quant au dernier contrat signé par Sacality, qui nous a été dévoilé lors de notre visite. Il s'agit de Los Alamos, le centre d'expérimentation nucléaire de l'armée américaine. Les dimensions du projet font rêver, chaque simulation enregistre de 200 à 500 Po de données. Un projet qui affiche une particularité, le logiciel a été choisi en préalable à celui du matériel de stockage. C'est dire la pertinence d'une solution et de ce qui n'est plus tout à fait une start-up dont nous reparlerons certainement.