Google New se retire en Espagne, avant l'application d'une loi qui instaure des royalties sur les citations d'articles de presse.
Après avoir été la première à faire valoir le droit à l'oubli sur le moteur de recherche Google, l'Espagne vient de nouveau de frapper le géant du web. Une loi votée par le parlement espagnol, à la demande des éditeurs de presse réunis en association des éditeurs de journaux quotidiens (AEDE), qui prendra effet le 1er janvier prochain, impose des royalties sur la reprise des titres et contenus de presse sur le portail Google Noticias.
Google Noticias ferme ses portes
La réaction de la version espagnole de Google News est cinglante : le 16 décembre prochain, Google Noticias fermera purement et simplement ses portes !
Richard Gringas, Senior Director des produits News and Social chez Google, a justifié cette décision décrivant la nouvelle législation espagnole comme étant une imposition à royalties sur toutes les citations, même les plus courtes, d'un article de presse. Un modèle de rémunération qui serait incompatible avec la mission d'information de Google News, et l'absence de modèle économique, en particulier publicitaire, sur les pages de son service d'agrégation.
Qui sera le plus grand perdant ?
Une partie des internautes espagnols adeptes du service d'agrégation, qui pourront cependant se tourner vers les autres versions en espagnol de Google News !
En réalité, toute l'ambiguïté de cette affaire provient du fait que les déclinaisons internet des grands médias sont aujourd'hui « Google dépendantes ». Le bilan en Europe est particulièrement lourd, le moteur de recherche affiche 80 % des requêtes (voir 90 % en France), une partie des revenus publicitaires proviennent de la régie des Google Adwords, jusqu'à l'audience des sites souvent mesurée sur Google Analytics.
Quant à Google News, l'indexation sur le service d'agrégation représente une source parfois très importante de visiteurs sur les sites web d'information. Suffisamment en tout cas pour que nous puissions affirmer, sur IT Social, que nous n'avons pas à rougir de notre audience, face à nos confrères médias IT pro qui tirent une partie de leur audience de... Google News. Alors que nous mêmes ne sommes pas reconnus par le service du moteur !
Et en France
C'est bien là qu'est toute l'ambiguïté de cette affaire. D'un coté Google est accusé de faire son business sur le dos des médias, en profitant gratuitement des contenus accessibles. Mais de l'autre coté, Google News représente une part d'audience importante des médias en ligne, suffisante pour que le service se rende indispensable.
Les grands médias français semblent s'en accommoder, Google ayant acheté la paix médias sous la forme de compensations financières en dizaines de millions d'euros apportées à un fonds d'investissement pour l'aide à la numérisation de la presse. Que certains assimilent, non sans malice, à une aide financière aux grands médias, qui déjà sont soutenus par des fonds d'état. Oubliant que ces financements échappent totalement à la majeure partie de la presse en ligne, qui en a tout autant besoin...