L’étude « Les Français et les IA génératives » menée par l’Ifop pour Talan, et publiée récemment, a révélé des conclusions significatives sur la perception, l’utilisation et les préoccupations des Français concernant les intelligences artificielles génératives. Cette étude intervient dans un contexte où les technologies de l’IA évoluent rapidement, transformant notre quotidien et notre environnement professionnel.
L’enquête, réalisée auprès de 1103 personnes en France âgées de 18 ans et plus, met en lumière l’engouement croissant pour les IA génératives en France, en particulier chez les jeunes générations, ainsi que les défis et les préoccupations liés à leur utilisation future. Elle souligne également l’importance de la formation pour une utilisation sûre et efficace de ces outils, en particulier dans les environnements professionnels où les préoccupations de sécurité et de confidentialité sont prégnantes.
L’étude montre que, malgré les inquiétudes et les incertitudes quant à la validité des informations fournies par l’IA, notamment ses « hallucinations », les jeunes générations, en particulier les 18-24 ans, sont les plus grands utilisateurs de ces technologies, avec près de 70 % d’entre eux affirmant les utiliser, contre seulement 22 % des individus de 35 ans et plus. Cette tendance peut s’expliquer par la familiarité des jeunes avec les technologies numériques et leur volonté d’explorer de nouveaux outils pour améliorer leur productivité et leur efficacité.
L’appréhension est toujours présente
Toutefois, l’appréhension est toujours présente 79 % des individus ressentent de l’inquiétude vis-à-vis des IA génératives, contre 68 % en mai 2023. Si les rédacteurs de l’étude estiment que « inquiétude est probablement liée à la méconnaissance de ces technologies et à leur impact potentiel sur la société et l’emploi », la peur des biais et des« hallucinations » y est également pour beaucoup, même si tous les utilisateurs n’en en pas conscience. De plus, l’étude ne précise pas si ces 79 % sont des utilisateurs de l’IA ou font partie des 30 % des répondants qui ne l’utilisent pas.
Il est donc difficile de dire si cette inquiétude est spécifique aux utilisateurs de l’IA générative ou si elle reflète une préoccupation plus générale de la population à l’égard de ces technologies. Cependant, l’étude souligne que cette inquiétude est un défi important pour la démocratisation de l’IA générative, car elle peut freiner l’adoption de ces technologies par le grand public. Il est donc important de prendre en compte ces préoccupations et de travailler à réduire les risques et les incertitudes liés à l’utilisation de l’IA générative.
Lorsqu’il s’agit de faire le compte des bénéfices de l’IA, les utilisateurs des IA génératives expriment une satisfaction aux implications qui vont bien au-delà des bénéfices personnels. En effet, les utilisateurs interrogés ont signalé une augmentation significative de leur productivité et de leur efficacité, estimée en moyenne à 38 %. Il n’est pas étonnant que cette augmentation suscite l’intérêt des dirigeants d’entreprises et des économistes, car elle pourrait potentiellement stimuler la croissance économique et améliorer la compétitivité.
L’amélioration de la productivité et la recherche de nouvelles expériences créatives
Dans l’ensemble, les motivations et les besoins des utilisateurs de l’IA générative sont multiples et variés, allant de l’amélioration de la productivité à la recherche de nouvelles expériences créatives. Cependant, l’inquiétude concernant la confidentialité et la sécurité n’est pas limitée aux professionnels : 62 % des Français et 74 % des cadres et professions intermédiaires supérieures considèrent qu’elles constituent un risque important pour la sécurité des données contre 53 % en mai 2023, soit une progression de + 17 % en un an.Qui plus est, cette utilisation croissante de l’IA générative soulève des préoccupations quant à la dépendance, voire l’addiction aveugle, des utilisateurs. Il est notable que 44 % des utilisateurs (61 % des 25-34 ans) reprennent les résultats des IA génératives tels quels, sans les modifier. Ceci même s’ils risquent l’intoxication par les « délires hallucinogènes » de l’IA, et même si les éditeurs ont grandement réduit ce risque, il est toujours possible.
Il est donc important qu’ils soient conscients de ces risques, et formés pour utiliser ces outils de manière responsable et modérée. Par ailleurs, il y a le risque culturel de standardisation/normalisation des informations, sachant que les IA du commerce sont formées sur des corpus de données limités, reflétant généralement la culture de ceux qui les ont sélectionnées pour convenir aux consensus des domaines qu’elles abordent. Dans ce cas, l’IA n’est pas créative, car elle puise dans un réservoir d’informations délimité. Elle a plutôt tendance à standardiser ses réponses selon le plus petit dénominateur commun.
ChatGPT domine le marché
Dans ce contexte, la formation à l’utilisation des IA génératives est considérée comme un enjeu majeur pour leur démocratisation, car 73 % des individus estiment ne pas avoir suffisamment de connaissances pour les utiliser. Cette formation est particulièrement importante dans les environnements professionnels où les préoccupations de sécurité et de confidentialité sont prégnantes. Elle permettrait aux employés de comprendre comment utiliser ces outils de manière sûre et efficace, tout en minimisant les risques.En termes d’usage, la prime va au premier arrivé, ChatGPT, qui se taille la part du lion avec 66 % des répondants qui l’utilisent, laissant loin derrière son poursuivant direct, Gemini de Google, anciennement Bard, (15 %), d’Adobe Photoshop IA (14 %), et de Bing Copilot de Microsoft (13 %). Quant aux « accros », ils sont 35 % à déclarer avoir du mal à se passer de l’IA générative.