L'Europe commence à montrer son dynamisme en matière d'investissement sur des jeunes pousses, même si un sacré chemin reste à parcourir avant d'atteindre la maturité de l'écosystème des start-ups américaines.
Au premier semestre 2015, 641 jeunes pousses européennes ont levé 6 milliards de dollars, soit globalement mieux que la globalité de l'année 2011 qui avait affiché 5,1 milliards de dollars levés lors de 738 'deals'.
Au cours des 5 dernières années, l'Europe aurait également donné naissance à 40 licornes, c'est à dire à 40 entreprises présentant le potentiel d'être valorisées 1 milliard de dollars ou plus.
L'évolution de l'écosystème des start-ups en Europe
Ces chiffres ont été compilés par le fonds d'investissement américain Sapphire Ventures, qui a la particularité d'avoir un pied aux Etats-Unis et un autre en Europe (étendue jusqu'à Israël). Cette position lui permet de porter un regard bienveillant sur l'évolution de l'écosystème des start-ups en Europe.
Et de constater que si nous sommes encore loin du modèle américain, les choses bougent sur le vieux continent. Certes, il sera difficile de rivaliser avec l'écosystème de la Silicon Valley et ses plus de 50 ans d'âge qui lui donnent une certaine maturité. Si on peut parler de maturité pour un système qui ne cesse de se renouveler par le jeu des entrées/sorties de jeunes pousses.
En phase 2.5
Selon Sapphire Ventures, l'écosystème européen des start-ups entrerait dans sa phase 2.5. La phase 1.0 aurait démarré en 2000, avec toutes ses exagérations avant d'imploser avec la bulle Internet, mais la machine a été mise en route. La phase 2.0 aurait été engagée dès 2008, avec l'arrivée d'une vague d'accélérateurs et d'incubateurs, et l'émergence de start-ups en pointe.
La qualification de l'état actuel en 2.5, malgré un écosystème en ébullition depuis quelques mois, en non pas en 3.0, provient d'un manque de maturité. L'écosystème européen serait en phase de démarrage, même s'il affiche une croissance rapide. Il se renforce, s'élargit, et le parcours de l'entreprenariat des start-ups est de plus en plus et mieux en mieux accepté. Ce qui offrirait de nouvelle opportunité à des personnes expérimentées – entrepreneurs, ingénieurs, production, gestionnaires, marketing, services, etc.
Sapphire Ventures a également identifié 3 zones d'épanouissement des start-ups, qu'il désigne comme les points chauds d'innovation. Il s'agit de Londres, Berlin et Stockhom. Ses critères de distinction sont la concentration des projets, des start-ups, des talents, des sociétés de capital-risque et de l'argent.
Quand l'Amérique ne veut pas lacher le morceau
Le dynamisme de l'écosystème des start-ups européennes est tel que les grands fonds américains, de crainte de laisser passer les prochaines pépites, s'y intéressent. Ils s'appellent Sequoia, Union Square, Andreessen Horowitz, AEN, etc. Idem pour les grandes entreprises technologiques privées, Google, Facebook, Cisco, eBay, etc.
Toutes soulignent une évolution dans le profil des jeunes pousses européennes qui les incite un peu plus à s'y intéresser : nos entrepreneurs seraient plus expérimentés, ils pensent plus grand, leur ambition est mondiale, et ils cherchent à attirer des capitaux provenant des acteurs locaux, mais également de l'étranger.
La phase 3.0, culturelle
La phase 3.0 de l'écosystème européen des start-ups passerait donc par un changement de génération au sein des start-ups, mais également des gestionnaires des fonds, avec de meilleurs entrepreneurs et une approche plus trans-frontalière pour les premiers, et une approche qualifiée de plus amicale des seconds, qui afficheraient la volonté de renforcer leur savoir-faire et de privilégier la vitesse.
Une bonne nouvelle pour l'écosystème des start-ups européennes ? Il faudra juger sur pièce. En revanche, ce sera toujours mieux que le modèle prudent à l'excès imposé jusqu'à présent par les fonds européens !