Alors que les taxis se déchainent contre les chauffeurs Uber, l'application UberPOP a été propulsée à la tête de l'AppStore en France… marquant les vraies attentes des utilisateurs !
Les manifestations des taxis français se sont multipliées, parfois violemment, contre Uber et ses chauffeurs. Le ministre Bernard Cazeneuve en est venu à demander aux préfets, en particulier le préfet de police de Paris, de prendre des arrêtés d'interdiction de l'activité UberPOP. Sans que pour autant cela ne mette fin aux manifestations.
Dans le même temps, l'application UberPOP n'a jamais rencontré un tel succès parmi les apps d'Apple. Ce vendredi 26 juin, l'app Uber a été propulsée par les clients de l'AppStore France d'Apple à la première place des téléchargements. Elle flottait jusqu'à présent autour de la 25ème place, ce qui est déjà un succès.
Le paradoxe de l'uberisation
C'est donc un vrai paradoxe qui s'affiche devant nous : décriée, chahutée, menacée, Uber est l'objet d'un véritable plébiscite de la part des internautes. De quoi marquer une nouvelle fois le gouffre qui sépare le produit – la course, qu'elle soit en taxi, en VTC ou en Uber – de son usage et de la satisfaction qui peut en découler. Les internautes valident en effet en masse les nouvelles pratiques qui s'appuient sur les IT, même si celles-ci sont si disruptives qu'elles menacent les éco-systèmes auxquels elles s'attaquent. Ici le monopole des taxis. Cela porte d'ailleurs un nom, l'« uberisation ».
En fait, ce gouffre est surtout révélateur d'une situation qui n'a cessé d'empirer, celle d'un service dégradé et onéreux. Les clients Uber cherchent à accéder à un service plus efficace que celui des taxis, qui ne les trompe pas sur le chemin parcouru, facturé au juste prix, et qui peut être suivi en quasi. Ce qui est le signe que, pour certains d'entre eux, les taxis ne remplissent pas leur mission correctement. Rappelons à ce titre que c'est à la suite de ses déconvenus avec les taxis parisiens que le fondateur d'Uber a créé son service !
Uber, révélateur des dérives érigées en monopoles
En cela, Uber est un révélateur. Faut-il en réaction prendre les consommateurs en otage, bloquer la circulation et bruler des véhicules ? Pire encore, peut-on accepter que des clients de véhicules Uber soient agressés physiquement, tout comme les chauffeurs ?
Dans leur lutte contre UberPOP, les chauffeurs de taxis mènent un combat dont on se demande qui doit en porter la responsabilité… Uber qui pallie aux déficiences d'un système dont on connaît depuis longtemps les dérives ? Ou les compagnies de taxi qui vivent depuis longtemps sur une mine d'or et qui entendent la protéger alors qu'elles ont réalisé si peu de choses au profit de leurs chauffeurs.
Certes, les conditions de pratique des chauffeurs d'Uber n'ont rien de commun avec celles des chauffeurs de taxi. Licence, taxes, conditions d'accès viennent maintenir une forte pression sur les taxi. Sans que dans le même temps le service soit rendu au client. Les interdictions faites à Uber dans de plus en plus de grandes villes ne feront que donner un court ballon d'oxygène aux taxis. Mais il leur faudra bien un jour proche s'adapter aux nouvelles conditions des pratiques du numérique.
Et si c'était les taxis qui cédaient à l'« uberisation », mais à leur profit et à celui de leurs clients ? Il faudra bien trancher, certes s'opposer voire interdire Uber, dont les pratiques sont autant de pieds de nez à la règlementation du traval, mais à la condition d'améliorer un service qui déçoit... Alors la question ne se posera plus et Uber n'aura été qu'un épiphénomène...