S'ils se considèrent bons gestionnaires, les DSI estiment en revanche qu'ils manquent de vision et d'influence, ce qui leur fermerait la porte de la direction de l'entreprise.
Qu'elle est la plus forte compétence du DSI ? Où qu'il soit dans le monde, c'est la gestion informatique au jour le jour qui l'emporte. Le DSI se considère donc bon gestionnaire au quotidien.
Cette aptitude, il la reporte avec force au profit de son entreprise, en particulier pour gérer les opérations et l'exécution. Mais également dans l'exécution de projets de grande envergure, et dans la relation avec ses partenaires externes.
Le DSI en manque de compétences personnelles
Et pourtant, cela ne lui suffit pas, et de son propre avis le DSI manque de compétences personnelles. Ce qui l'empêcherait de se différencier dans la course au leadership technologique qu'il doit (souhaiterait ?) mener. Pour résumer, le DSI manque de compétences pour briguer le poste de PDG…
Ainsi 9 % seulement des DSI estiment posséder toutes les compétences pour assumer ce rôle. Et ils ne sont que 42 % a avoir placé le 'talent' parmi leurs points forts. C'est une bonne claque à l'idée que nous promouvons du DSI intrapreneur !
Grille des compétences du DSI selon Deloitte, en bleu les compétences idéalisées, en vert les compétences perçues par le DSI.
Que lui manque-t-il ?
- Du temps, tout d'abord et de la volonté. Le DSI investit également peu dans sa propre formation. Et donc dans la foulée dans le coaching et le mentoring.
- L'expérience de la prise de décision. Nous n'évoquons pas ici la gestion au quotidien, mais plutôt l'éloignement du DSI des décisions stratégiques de l'entreprise. 42 % des DSI y sont associés, un chiffre qui tombe à 19 % lorsqu'il s'agit de procéder à des fusions et acquisitions.
- Le manque d'investissement dans l'innovation. Un paradoxe pour quelqu'un qui se targue d'accompagner la transformation digitale de son entreprise. Plus des deux tiers des budgets de la DSI sont consacrés à l'opérationnel business au jour le jour, à raison de 57 % pour les opérations et 27 % pour leur amélioration.
En ne consacrant que 16 % de son budget à l'innovation, c'est une porte largement ouverte qui est laissée aux métiers pour investir dans les projets IT, et ils ne s'en privent pas puisque désormais plus de la moitié (55 %) des budgets IT sont engagés hors de la DSI.
L'après solutions IT des métiers, une chance pour la DSI
Bien mal mené par les métiers, se dévalorisant de lui même, le DSI a pourtant une opportunité qui se présente devant lui pour faire valoir ses compétences et son leadership : l'analyse.
Les investissements IT consentis pas les métiers, pour indispensables qu'ils soient, sont principalement tournés vers le commercial et l'opérationnel métier. Pour qu'ils amènent de la valeur à l'entreprise, ils vont devoir se conjuguer avec la stratégie et la prise de décision.
Concrètement, les technologies numériques sont certainement une forte avancée dans la stratégie commerciale des organisations, mais ces dernières ont besoin d'aller plus loin que leur seule exploitation. Elles ont besoin d'analyse.
Se refondre avec l'infra
Cette démarche exige une refonte de l'infrastructure de base de l'entreprise, indispensable pour que la mission des investissements numériques - analyse des données des clients, développement de nouveaux produits et services, amélioration de l'expérience client, de la collaboration et de la productivité des équipes – s'accomplisse pleinement.
Voilà qui définit clairement la mission du DSI, et lui indique la direction pour sa (re)conquête du pouvoir. A la condition d'affronter deux difficultés majeures : savoir se faire transverse pour se rapprocher des métiers et intégrer pleinement les stratégies de l'entreprise ; savoir négocier le financement nécessaire pour investir dans la transformation. L'opérationnel demeure un boulet pour la DSI qui se veut innovante, il va faloir s'appuyer sur son leadership pour négocier les budgets…
Source : Rapport « Deloitte 2015 Global CIO Survey »
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