Le mainframe est cher, peu sécurisé, et présente des difficultés de migration, affirment ses opposants ! Faux, répliquent ses défenseurs… vieillissants !
Malgré son âge vénérable, ou à cause de cela peut-être, le mainframe continue d'être l'objet de nombreuses critiques. Au point que ses opposants affirment qu'il y a quelque chose qui ne va plus dans le monde du mainframe...
C'est certainement aller un peu vite en besogne. Et parmi les arguments des opposants du mainframe figurent quelques contre-vérités. Qui proviennent, pour nombre de ses défenseurs, d'une méconnaissance de la réalité de cette plateforme qui tient encore sa place dans notre économie.
Le mainframe est cher !
Voilà des décennies que cette affirmation circule. Certes, face à ses opposants des architectures distribuées construites sur des serveurs sur base PC, l'investissement initial reste élevé. En revanche, le TCO des infrastructures distribuées demeure plus élevé.
Et les tenants du mainframe s'amusent à observer les mouvements de trésorerie associés à la virtualisation - un domaine dans lequel le mainframe n'a rien à apprendre ! - de l'infrastructure vers les poches de VMware, le 'petit' éditeur en passe de racheter sa maison mère le géant EMC !
Il est vrai que la comparaison mérite d'être faite entre le marché du mainframe, globalement 10 milliards de dollars pour l'ensemble de l'écosystème, et celui de la virtualisation en environnement x86, largement dominé par VMware et ses 6 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Dans le même temps, ce même écosystème mainframe a réalisé une marge supérieure de 28 % pour chaque dollar investi !
Le mainframe affiche des problèmes de sécurité
Le contre-argument des tenants du mainframe est imparable : aucune des grandes affaires de sécurité qui ont défrayé la chronique ces dernières année (Target, Sony, etc.) n'est associée au mainframe. Face aux faibles pratiques de sécurités sur les réseaux distibués – et à la multiplication des vulnérabilités 0-day, intrusions, malwares, phishing, etc. - les défenses du mainframe demeurent un élément de sécurité incomparable.
Le mainframe affiche un problème de migration
Les opposants au mainframe militent pour la migration des applications au coeur du business et de la plateforme 'legacy' vers les architectures distribuées qui assureraient le succès de l'économie digitale. C'est oublier que les applications critiques tirent profit d'une plateforme fiable et éprouvée, hautement sécurisé, et scalable. Et là encore les défenseurs du mainframe ont un argument béton : pourquoi le patron de l'entreprise irait-il engager des ressources lilitées sur un projet de migration au ROI aléatoire ? N'a-t-il pas des impératifs autrement plus urgents ?
Voilà pourquoi les migrations du mainframe vers d'autres infrastructures plus modernes sont rares. Et pourquoi le Gartner a prédit encore une nouvelle décennie de vie au mainframe.
Quid du mainframe vieillissant ?
Certes, les arguments des défenseurs du mainframe sont séduisants, mais pour autant ils sont loin d'être convaincants. Car le mainframe n'est plus le fleuve bouillonnant qu'il a été, même s'il garde encore de sa superbe et parfois de sa prétenion, mais il est plutôt devenu un fleuve tranquille, trop tranquille ! Tout comme la plateforme et son intégrité, ses applications et ses données sont en place depuis des décennies. Certainement depuis bien trop longtemps ! Et les équipes vivent sur leurs lauriers, quand la retraite n'a aps commencé à les décimer...
N'en déplaise à ses membres, l'écosystème du mainframe est malade. De son éloignement des vagues innovantes, de ses retards sur l'adoption des dernières nouveautés (car il y en a), de sa capitalisation sur des technologies anciennes, de son absence d'opportunisme, et de l'arrogance de ses équipes. Par ailleurs, trop d'emphase sur la réduction des coûts a réduit le champ de manœuvre de la DSI, et dévalorisé la noblesse du produit.
Cela est suffisant pour que, malgré le dynamisme de certains acteurs qui se battent pour le maintenir sur ses rails, la géographie du mainframe n'évolue plus. Me revient cette tirade d'un responsable du mainframe IBM en France, qui lors d'un déjeuner nous avait affirmé : « si j'ouvre un nouveau client, je serai le roi du monde ! ». Depuis, le monde a évolué, mais point de nouveau roi !