10 ans après sa création, le service de stockage professionnel en ligne Box a rejoint le NYSE… Sans avoir jamais gagné d'argent, la start-up est désormais valorisée 2,4 milliards de dollars !
Photo d'entête : Dylan Smith (CFO) et Aaron Levi (CEO), fondateurs de Box.
La nouvelle saison du bal des grosses IPO technologiques à la bourse de New York est lancée. Box a enflammé le New York Stock Exchange (NYSE) vendredi dernier, où cela tombe bien le titre prend le nom de code 'BOX'.
Introduit à 14 dollars, le titre Box a dès l'ouverture de Wall Street enflammé les marchés et performé à près de 25 dollars, avant de terminer à la clôture sur une gain exceptionnel de 66 % à 23,23 dollars. Dans la ligne des projections de certains financiers, ce qui augure d'une position stable sur le long terme.
IPO réussie pour une start-up dans le rouge
Ce résultat est tout à fait étonnant, comme quelques unes des grosses introductions d'entreprises IT ces dernières années. Depuis sa création, il y a 10 ans, Box n'a jamais gagné d'argent ! Sur son dernier exercice, sur une période 9 mois clos le 31 octobre 2014 afin de répondre aux attentes de calendrier des marchés financiers, Box a enregistré :
- un chiffre d'affaires de 153,8 millions de dollars, en progression spectaculaire de 80 % mais malgré cela bien faible, soit une tendance à 225 millions de dollars sur 12 mois avec plus de 44.000 clients professionnels ;
- une dépense en ventes et marketing de 152,4 millions de dollars (+23%) ;
- une charge de R&D de 48,9 millions de dollars (+49%) ;
- soit une nouvelle perte nette d'exploitation de 121,5 millions de dollars.
Le jeu boursier du 'qui perd gagne'
A l'énoncée de ces chiffres, et sur le constat d'une perte récurante depuis 10 ans, l'engouement des marchés financiers pour la start-up a de quoi surprendre. En réalité, les investisseurs institutionnels américains – banques, fonds de placement, caisses de retraite, etc. -, les principaux concernés par l'introduction, misent sur la profitabilité à long terme de l'entreprise, avec une part de cash flow sur les revenus de l'ordre de 20 à 25 %.
Dans son dossier S-1 pré-IPO remis à la SEC, le gendarme de la bourse américaine, Box annonce une prévision de chiffre d'affaires de 250 millions de dollars pour son premier exercice coté.
L'IPO devait être lancée en mars 2013, date à partir de laquelle la start-up, placée sous la loi américaine des introductions en bourse, a rendu ses documents internes confidentiels. Elle a su attendre. D'une part pour réduire sa dette avec une prise de participation de deux fonds institutionnels il y a 6 mois pour 150 millions de dollars. Mais surtout pour laisser passer l'orage qui a plané sur son concurrent (sur le marché du grand public) DropBox, dont une partie du fichier client a été hacké. Un concurrent qui devrait prochainement tenter son IPO.
Aaron Levie… Levie… Levie… Levie...
Aaron Levie (CEO) est le lycéen qui, avec son ami Dylan Smith (CFO), a créé Box voici 10 ans. Agé de 30 ans, et toujours à la tête de Box, il devint millionnaire (désormais valorisé 57 millions de dollars) avec ses 4,1 millions d'actions qui ont été proposées au marché, et acquises. Dylan Smith est quant à lui valorisé 25 millions de dollars avec ses 1,8 millions d'actions.
Permettez-moi de vous compter ma première rencontre avec Aaron Levy
Membre de l'IT Press Tour (ITPT), un groupe de journalistes européens qui plusieurs fois par an visite des start-up de la Silicon Valley, je rencontre Box.net à Los Altos. La start-up évolue dans un hangar aménagé le long d'un Fries (la chaine américaine d'hypermarchés d'électronique), divisé en 3 parties : travail avec des tables et PC alignés ; restauration avec une scène et des instruments de musique pour des concerts improvisés ; et une plus petite partie dans le fond réservée aux loisirs (basket, bowling, jeux vidéo, etc.). Certains employés circulent dans ces espaces en trottinette !
Aaron Levie, que nous venons de rencontrer pour la première fois, m'accorde une interview vidéo. Alors âgé d'à peine plus de 25 ans, le bonhomme a encore tout du lycéen. Son allure juvénile est éloignée des fondateurs de start-up que nous côtoyons habituellement. Et surtout c'est un hyper-actif.
Nous prenons place dans l'entrée de la start-up, où trône un canapé. Derrière-moi, l'incontournable cuisine qui équipe toutes les start-up de la Valley. Je place ma caméra sur son trépied, et l'interview débute. Hyper-actif, donc, Aaron Levy n'a cessé de bouger, verticalement, horizontalement... Impossible de le conserver dans la focale de la caméra. A la vision de l'interview, une partie du bonhomme manque presque en permanence à l'écran.
La vidéo ne sera pas retenue, elle n'a jamais été diffusée !
L'an passé, Aaron Levy, toujours aussi 'speed', a été élu homme de l'année par un magazine économique américain dont il a fait la couverture. Et il est aujourd'hui millionnaire grâce à l'IPO d'une start-up qui n'a encore jamais gagné d'argent...