La consolidation des IT aurait pu virer au cauchemar dans cette entreprise née en 1649, mais pas pour le DSI de Fiskars, Frans Westerlund, qui s'est impliqué dans ce projet largement au-delà de l'informatique.
20 services informatiques dans autant de pays et de centres de décision, et 15 ERP différents, voilà de quoi s'arracher les cheveux lorsque l'on est le DSI de Fiskars, le fabricant finlandais d'outils de coupe et de jardinage dont l'âge canonique est de 360 ans !
Consolider le mille-feuilles IT
Arrivé en 2009, après 15 ans d'exercice à des postes divers chez l'autre finlandais célèbre Nokia, Frans Westerlund a pris la tête de la DSI de Fiskars avec la mission de consolider le mille-feuilles des marques, des succursales et des systèmes d'information, afin de stimuler la compétitivité de l'entreprise.
Elle s'est déroulée en 2 étapes : la première a porté sur l'harmonisation de l'infrastructure informatique ; la seconde sur la mise en place d'une organisation informatique centralisée, avec des processus communs et de nouveaux modèles de prise de décision. Au final, c'est la gouvernance informatique qui a été totalement refondue, avec les décisions stratégiques qui ont été déplacées vers le Conseil exécutif.
Pour autant, après 6 ans de transformation majeure, le projet n'est pas terminé, et Frans Westerlund l'estime engagé à 70 % seulement. Une seconde phase doit porter sur la mise en œuvre de processus IT partagés avec des SI connexes, en particulier des ERP basés sur SAP.
Les clés du succès
Pour Frans Westerlund, il est essentiel pour les décideurs IT 'nouvelle génération' confrontés à un projet de transformation majeur d'apprendre à regarder leur entreprise selon de multiples perspectives. Le DSI de Fiskars s'est ainsi impliqué dans la logistique et les systèmes liés à la production. Son objectif était de disposer d'une compréhension globale de l'informatique de l'entreprise, afin de travailler sur tous les processus.
« Si vous ne pouvez pas comprendre les modèles et les stratégies des différentes business, il est impossible de construire des solutions IT pour eux », a-t-il déclaré, prônant le dialogue et la collaboration.
Si Frans Westerlund tient à souligner les avantages d'une infrastructure partagée - la facilité et la rapidité à déployer les messageries et les outils de communication, également à intégrer les entreprises nouvellement acquises – il souligne que la transformation des SI, des modèles opérationnels et de la gouvernance ne suffisent pas. Pour qu'un projet réussisse, la DSI doit adapter son expertise et le modèle d'organisation de l'information.
Les défis de l'expertise
L'expertise, voila probablement le troisième maitre mot du retour d'expérience du DSI de Fiskars, après le dialogue et la collaboration. Tout projet de transformation, surtout à l'échelle fixée par Fiscars, ne peut s'envisager sans expertise. « Les plus grands défis ont à voir avec l'expertise », précise Frans Westerlund.
Dans le projet mené par Fiskars, le défi de la connaissance a été abordé au niveau de la centralisation de l'IT. Les 20 équipes spécifiques à chaque pays ont été regroupées au sein d'une organisation unifiée, avec 70 personnes qui oeuvrent à partir de 9 pays. L'expertise recherchée était évidemment technique et fonctionnelle, mais elle a porté également sur la capacité à gérer l'information au niveau mondial. Avant d'atteindre cette efficience, la DSI de Fiscars s'est vue contrainte de faire appel à des expertises externes, puis à un transfert de ces expertises à un rythme jugé lent.
L'implication de la DSI
Fiskars a adopté voici longtemps le modèle de la croissance externe. Et continue sur cette lancée, avec par exemple pour l'an passé 2 acquisitions aux Etats-Unis et une acquisition majeure en Grande-Bretagne qui cumule 3 marques britanniques réputées. Pour Frans Westerlund, la DSI doit être intégrée au plus tôt dans ces projets d'acquisition.
« La chose principale pour l'IT est de faire partie de ces discussions dès le départ. Dès que les négociations d'acquisition sont engagées, vous commencez à préparer l'intégration. Si elle ne figure pas dans les discussions, il sera trop tard pour agir lorsque l'acquisition sera effective. »
Frans Westerlund était interviewé par Eve Haraamo, de ComputerWeekly.