La dernière et quatrième version majeure de la suite logiciel SAP Business Suite S/4 SAP HANA est dimensionnée pour « l'âge numérique », mais affiche un gros problème… elle est SAP HANA !
Dithyrambique ! Le CEO de SAP Bill McDermott s'est montré littéralement dithyrambique lorsqu'il a annoncé SAP Business Suite 4 SAP HANA (SAP S/4 HANA), la dernière version de la suite logiciel de l'ERP vedette de l'éditeur, qu'il a qualifiée de « réinventée pour l’âge numérique ».
Le patron de SAP a comparé l'annonce de SAP S/4 HANA à « un jour historique », allant jusqu'à affirmer que l'évènement est aussi important que le jour où l'homme a marché sur la Lune ! « C'est un jour historique qui, nous en sommes convaincus, sonne le glas de l'architecture informatique du 20e siècle et de toute la complexité qui lui est associée ».
La 4ème génération de l'ERP SAP Business Suite
SAP a repensé Business Suite pour l'intégrer à sa plateforme in-memory et temps réel SAP HANA. Elle intègre également la nouvelle interface SAP Fiori, qui simplifie en particulier l'usage de l'ERP en mobilité. Et elle est supportée sur site, dans le cloud ou en mode hybride. Sous réserve, et c'est le nouveau pari de SAP, de tourner sur HANA.
« Aujourd'hui, SAP redéfinit le concept de planification des ressources d'entreprise pour le 21e siècle. SAP S/4HANA jette un pont entre les logiciels et les hommes afin de permettre aux entreprises d'exercer leurs activités en temps réel, en réseau et en toute simplicité », a continué Bill McDermott.
Les avantages de l'ERP sur SAP HANA sont indéniables : vitesse de traitement in-memory en quasi temps réel, accélération de l'accès aux données (x3 à x7), optimisation de l'espace e stockage (x10), approche native de l'analytique et du Big Data... Mais mérite-t-elle la bascule ?
SAP cherche à imposer HANA
Le problème, avec SAP S/4 HANA, c'est que la rupture annoncée repose sur une infrastructure de nouvelle génération, SAP HANA. Or, il y a fort à parier que c'est de cette dernière que la nouvelle mouture de Business Suite tire sa performance.
Quelque soit la puissance de la solution, l'éditeur veut tirer un trait sur 20 ans de lutte pour séparer le logiciel du matériel. Pour atteindre le résultat annoncé, les organisations ne vont plus seulement devoir assurer la mise à jour de l'application, elles vont devoir engager la migration de leur plateforme actuelle vers la plateforme HANA !
C'est bien là qu'il faut rechercher l'erreur dans l'annonce de SAP. Après plus d'une décennie d'investissement dans un ERP qui cherche à s'affranchir d'une infrastructure imposée, SAP fait marche arrière et cherche de nouveau à s'appuyer sur un environnement matériel propriétaire, quelqu'en soit la marque.
ERP dans le cloud
A moins que l'éditeur ne cherche à imposer le modèle économique du Cloud Computing. Car si une organisation s'intéresse à la Business Suite S/4 mais ne souhaite pas déployer une infrastructure in-memory, il lui restera toujours la solution de prendre un abonnement dans le nuage.
L'autre enjeu de SAP est de s'affranchir de la base de données Oracle, sur laquelle la solution repose historiquement. Et en la matière, rien de vaut une solution maison comme HANA. L'éditeur a cependant annoncé que Business Suite S/4 disposera d'une version alternative à HANA, pour fonctionner sur une autre base de données. Le succès de cette solution dépendra probablement du modèle de licence que proposera l'éditeur…
Avec 250.000 clients dans le monde, dont 5.800 ont déjà déployé HANA – mais 2.000 seulement ont intégralement basculé sur la plateforme in-memory – SAP à de la marge. Cela prendra de temps pour convertir sa communauté à migrer sur HANA. En revanche, on ne pourra reprocher à l'éditeur de jouer la carte de l'innovation, au risque d'entrainer la rupture !