Les sénateurs américains de la puissante commission bancaire du Sénat ont émis de sérieuses mises en garde vis-à-vis des entreprises qui participent au développement de la cryptomonnaie Libra de Facebook. Cette semaine, ils ont envoyé une lettre à l'intention de plusieurs sociétés financières comme Visa, Mastercard et Stripe précisant qu'elles seront la cible d’un contrôle accrue si elles s’impliquent davantage dans le projet à travers leur participation à Libra Association. Les sénateurs ont invité ces entreprises à la plus grande prudence face à l’incapacité de Facebook de gérer les risques que représente le lancement de sa monnaie virtuelle, aussi bien pour les consommateurs que le système financier mondial. Ils soutiennent que jusqu’ici, Facebook n’a pas démontré au Sénat sa capacité à les endiguer. Pour soutenir leur déclaration, les législateurs ont réitéré que les problèmes de Facebook avec sa monnaie seront aussi les leurs, et que leurs systèmes ne pourraient pas apporter les mesures nécessaires en temps voulu en cas de déconvenue.
Facebook n’a émis aucun commentaire sur cette lettre. Son PDG, Mark Zuckerberg a d'ailleurs toujours soutenu que la société ne lancera pas la monnaie sans le consentement des régulateurs financiers. Toujours est-il que face aux incertitudes, certains membres de l’association Libra l’ont quitté. C’est le cas de PayPal qui continue, toutefois, de soutenir le projet. Les voix commencent aussi à s’élever contre les cryptomonnaies lancées par les sociétés technologiques. En juillet, le Secrétaire d'État au trésor, Steven Mnuchin, a déclaré que Libra, tout comme Bitcoin et les autres monnaies virtuelles, constitue une menace potentielle à la sécurité nationale. Il estime que celles-ci sont des moyens susceptibles d’être utilisés par des criminels de tous genres (cyberpirates, trafiquants d’armes ou d’êtres humains, fraudeurs du fisc, etc.). Des élus démocrates du Congrès ont aussi proposé un projet de loi visant à empêcher les entreprises technologiques américaines qui réalisent un chiffre d’affaires de plus de 25 milliards de dollars de lancer leur propre monnaie électronique. Mark Zuckerberg sera appelé en tant que témoin lors de l’audience avant vote de cette loi.