Les temps sont durs pour Intel, chahuté sur le marché des puces et en retard sur une feuille de route qui enregistre des reports en cascade d’innovations technologiques annoncées prématurément. Le coup de grâce est venu du patron de Third Point, un fonds spéculatif activiste qui détiendrait 1 Md $ d’actions Intel selon Reuters, qui a adressé une lettre au président d’Intel, Omar Ishrak, pour demander « une action immédiate » et la révision de sa stratégie afin d’externaliser ses capacités de production.
Sommé de réagir, la réponse d’Intel ne s’est pas fait attendre. Le 13 janvier le fondeur a annoncé le retour comme CEO d’un ancien de la grande époque, Pat Gelsinger. Le nouveau patron, qui prendra ses fonctions le 15 février prochain, n’est pas un inconnu. C’est un ancien pilier de l’entreprise dans les années glorieuses de son ascension. Pour Intel, c’est non seulement le retour d’un ancien qui connait très bien l’entreprise et ses marchés, mais aussi un ingénieur qui a été l’architecte du développement du fameux processeur 80486. En tant que CTO il a chapeauté la création de technologies aujourd’hui largement répandues, telles que l'USB et le Wi-Fi. Il a en outre dirigé 14 programmes de microprocesseurs différents et a joué des rôles clés dans la création des familles Core et Xeon.
Avec cette nomination, Intel fait d’une pierre deux coups : il rassure les investisseurs et les marchés et opère un retour aux fondamentaux qui ont fait son succès dans les années 80 et 90 : l’innovation technologique pilotée par un savoir-faire technologique comme moteur de la croissance.
L’ascension fulgurante d’un jeune diplômé
Avant de passer à la tête d’EMC puis de VMWare, Pat Gelsinger a commencé sa carrière chez Intel au début des années 80, où il est engagé comme technicien de contrôle qualité. Il gravit ensuite les échelons pour être nommé le plus jeune vice-président de la société. Quelques années plus tard, il devient le premier directeur technique d’Intel. En 2008, il a été nommé membre de l’IEEE et a reçu un doctorat honorifique en lettres de l’université William Jessup. Et en 2020, il a été nommé par le président des États-Unis au Comité consultatif national des télécommunications pour la sécurité (NSTAC).
Dans une note envoyée aux employés d’Intel, le prochain CEO exprime son émotion de retrouver son premier employeur. « Je suis ravi et humble de revenir chez Intel en tant que PDG, écrit-il. J’avais 18 ans lorsque j’ai rejoint Intel, tout juste sorti du Lincoln Technical Institute. Au cours des 30 années suivantes de mon mandat chez Intel, j’ai eu l’honneur d’être encadré par Grove, Noyce et Moore. Intel m’a ensuite aidé à poursuivre mes études à l’université de Santa Clara et à l’université de Stanford. La société m’a également donné l’occasion de travailler à la pointe de l’innovation dans le domaine du silicium avec les meilleurs et les plus brillants talents du secteur ».