« Une des pires menaces contre la liberté de la presse », c’est ainsi que l’organisation Reporters sans frontières a qualifié le cyberharcèlement contre les journalistes. Et dans son rapport publié hier, RSF rapporte que les attaques de « trolls » augmentent de plus en plus et ciblent particulièrement la gent féminine. Et ce rapport confirme l’étude menée en 2013 par la Fondation internationale des femmes dans les médias (IWMF). A l’époque, on recensait déjà 75% d’entre elles qui étaient victimes de harcèlement en ligne. A cela s’ajoute aussi un billet publié cette année par le think tank britannique Demos. Les harceleurs utilisent divers moyens pour toucher leurs cibles : les vidéos ou photos pornographiques non-consenties sont les plus courantes.
Les harcèlements en ligne ne sélectionnent pas les cibles. Qu’elles viennent de pays où la presse est libre ou d’autres avec un régime autoritaire, les journalistes féminins sont toujours les premières visées. En Finlande par exemple, où le journalisme est libre, la journaliste Linda Pelkonen a fait l’objet de cyberharcèlement après sa chronique sur le viol d’une jeune fille où elle avait pointé du doigt les autorités policières qui avaient divulgué les origines du suspect. En réponse à son article, un lecteur a publié son numéro de téléphone dans son commentaire. En France, Nadia Daam, d’Arte et Europe 1, a été menacée de viol et de mort pour avoir parlé d’une campagne de haine contre deux militantes féministes. Autre cas que l’on peut citer, celui de Laura Kuenssberg, une britannique, qui a dû se faire accompagner par un garde du corps lors de sa participation au Congrès du Labour en 2017. Elle avait été accusée de partialité lors de la couverture des élections locales.