L’Iran figure parmi les pays les plus touchés par la pandémie de coronavirus. Dans ce contexte, le gouvernement iranien a dévoilé une application, AC19, destinée à aider les citoyens à diagnostiquer le virus. Il apparaît pourtant que AC19 serait davantage utilisée pour un contrôle politique. L'application demande en effet à l’utilisateur ses données de localisation en temps réel, alors que la fonctionnalité n'est pas utile pour un tel diagnostic. La fenêtre contextuelle qui demande les coordonnées géographiques de l’utilisateur est en anglais. On suppose que bon nombre d’iraniens ne la verraient même pas, vu que plus de 40 % d’entre eux utilisent une version ancienne d’Android. La suspicion vis-à-vis de l’application semble fondée vu que son concepteur, Sarzamin Houshmand, est la startup connue sous l’ancienne appellation de Smart Land. Cette dernière est connue pour avoir développé un certain nombre d’applications pour le compte du gouvernement iranien, dont des clones de Telegram, essentiellement destinées à la surveillance.
Jusqu’ici, il est impossible de connaître l'usage des données collectées par le gouvernement iranien. Le ministre iranien chargé des nouvelles technologies, Azari Jahromi, s’est contenté de déclarer que des millions d’utilisateurs ont déjà soumis des informations de localisation, permettant d’élaborer une carte des risques. Par contre, certaines raisons laissent penser que l’Iran est en train de profiter du contexte pandémique de coronavirus pour raffermir sa capacité en surveillance de masse, et en parallèle, faire taire les idées dissidentes. Certains observateurs craignent par ailleurs que l’Iran ne dévoile pas les chiffres réels sur la situation de la propagation de la maladie sur son sol. Pour le gouvernement, ce serait une manière de laisser apparaître un contrôle de l’évolution du virus. L’application AC19 serait un outil qui aiderait les autorités à savoir où se trouvent les personnes qui diffusent des avis contraires.
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