Archaïsme à la française, AMOA/AMOE continuent de rythmer les projets informatiques, et de creuser le gouffre qui sépare maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre .
Le sujet est récurrent, pas un salon IT sans évocation de l’articulation des projets informatiques autour des AMOA et AMOE. La présence régulière d’un public attentionné, même s’il continue de se réduire d’une année sur l’autre, vient rappeler l’intérêt que lui portent les entreprises, à moins que celui-ci ne soit imposé par des pratiques issues d’une autre époque, ce que nous ne sommes pas loin de penser…
Certes, dans d’autres contrées, sur d’autres projets, les méthodes et outils existent et se rapprochent de ceux que nous pratiquons. Mais, comme le souligne Jean-Sylvanus Olympio, directeur des opérations de Consultencia que nous avons rencontré lors d’une table ronde sur le sujet organisée dans le cadre des Salons Solutions, « Le rôle de l’AMOA doit être redéfini. L’assistance à la maîtrise d’ouvrage n’est pas une nième façon de faire de la prestation. C’est au contraire une prestation d’accompagnement au changement pour l’entreprise ».
C’est pourquoi à l’approche classique, il préfère le modèle anglo-saxon des ‘Key users’, du groupe de travail. En effet, AMOA et AMOE ne peuvent fonctionner efficacement que si la MOA a une parfaite maîtrise et connaissance générale des activités de la MOE et une bonne culture en matière de conduite de projet, et si la MOE, qui se doit de disposer d’une bonne connaissance des processus métiers de l’entreprise, est à l’écoute des préoccupations de la MOA.
MOA et MOE ont fait leur temps
Autant le dire tout de suite, l’articulation n’est pas simple, avec une mise en situation souvent mal maîtrisée, surtout si les projets s’étalent dans le temps, et si comme c’est trop souvent le cas le chef de projet change régulièrement. On comprend pourquoi cette méthode à la française, destinée à accompagner les projets vers le succès, se révèle souvent inefficace
Camelia Druga, consultante en management et organisation au Cabinet Opteam, qui nous a fait part d’une mission réussie de 3 ans d’accompagnement de la MOA d’un grand acteur de l’aéronautique, insiste également sur la nécessité de créer une véritable équipe projet qui réunit les deux composantes. Et d’affirmer « Il faut apporter autant d’importance au choix de la méthode qu’au choix des outils ». Cette approche a permis de partager une méthodologie, ce qui rappelle que la formation joue également un rôle essentiel, mais trop souvent oublié dans les budgets dans les projets.
Et pour aller plus loin, elle a joué la carte du collaboratif, en outillant l’équipe projet d’une plateforme collaborative. « Les équipes projet d’aujourd’hui doivent trouver les solutions les plus performantes qui les aident à piloter leurs activités et leurs projets. L’implémentation d’outils 2.0 amène les acteurs projet sur un mode collaboratif et participatif ».
Changer pour une approche collaborative
Quel qu’il soit, l’installation d’un progiciel est un changement majeur pour l’entreprise. Il faut pour mener à bien un tel projet disposer de méthodes, d’outils, et d’un sponsor qualifié, reconnu et engagé. Le chef de projet est-il le mieux placé pour mener à bien cette mission La question mérite d’être posée.
Se pose ensuite la question de la pertinence de la séparation MOA et MOE. Les questions qui ont émaillé la table ronde apportent la preuve qu’elle est mal comprise, mal appliquée, mal gérée. C’est une des causes d’échec de nombreux projets. De plus, l’approche MOA/MOE est-elle adaptée à l’agilité, la flexibilité, la rapidité des projets d’aujourd’hui Si l’on écarte l’habitude, la réponse est non.
La solution existe, cependant, elle est dans la collaboration et le partage autour de méthodes et d’outils communs. Tout comme de moins en moins d’entreprises ont recours à un cahier des charges, surtout les PME qui n’en ont ni le temps ni souvent les moyens. Il faut transformer voire changer les méthodologies.
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