Depuis le début de la Coupe du Monde de football, le monde entier est pris d’une frénésie faite de ballons ronds, de T-shirts aux couleurs de leurs équipes favorites et de spéculations sur les vainqueurs. Les bookmakers anglais n’ont de cesse de prédire les résultats pour mieux coter les paris. La bourse aussi est fortement influencée par les 32 équipes qui se disputent le trophée tant convoité. En effet, de nombreuses équipes européennes sont cotées en bourse et voir un joueur nommé Homme du Match ou marquer un but décisif est à même d’influencer les cours au même titre que les décisions politiques et les mouvements économiques impactent les cotations du Forex.
Dans quel objectif les clubs de football européens entrent-ils en bourse ?
La première équipe à ouvrir son capital aux investisseurs fut le club anglais de Tottenham (TTNA). En 1983, déterminé à faire construire son nouveau stade de Northumberland Park, le club offre ses actions aux investisseurs dans l’espoir de lever près de 350.000 livres sterlings. Le succès de l’opération ayant dépassé largement les attentes, nombreux sont les autres clubs surendettés à suivre leur exemple. Le premier club français à tenter l’aventure n’interviendra pourtant que beaucoup plus tard : en 2007, l’Olympique Lyonnais demande à faire son entrée en bourse, ce que le gouvernement français l’autorise enfin à faire sous la pression des législateurs européens. Aujourd’hui, une vingtaine de clubs sont présents sur les marchés, regroupés sous l’indice STOXX Europe Football.
Quelles sont les équipes les mieux cotées ?
A l’échelle mondiale, on comptait, en 2016, 22 clubs cotés en bourse, parmi lesquelles l’Arsenal FC, Manchester United, la Juventus de Turin ou encore la Borussia de Dortmund.
En France, le Paris Saint-Germain totalise le chiffre d’affaire le plus important, notamment en raison des droits audiovisuels, mais surtout grâce à un principal sponsor, le Qatar, qui capitalise à outrance sur le merchandising associé à l’équipe. Et pourtant, le club parisien n’a pas encore fait le pas d’ouvrir ses actions aux investisseurs privés, et la seule équipe française cotée en bourse reste l’Olympique Lyonnais.
Quels sont les facteurs susceptibles d’influencer les mouvements boursiers de ces équipes ?
Si les recettes des billetteries et les droits audiovisuels vendus par les clubs contribuent largement aux recettes des clubs, et donc à leur attractivité sur les marchés boursiers, c’est le mercato – c’est-à-dire les transferts des contrats des joueurs moyennant des sommes exponentielles – qui a le plus de poids sur les cours. On en veut pour cause la hausse des droits télévisés, notamment en Angleterre, dans la négociation desquels le nom d’un grand joueur de championnat, ou mieux encore, de coupe du monde, est déterminant.
Ainsi, si Anthony Lopes arrête un but aujourd’hui, son contrat prendra une forte valeur en prévision des transferts de demain et les investisseurs seront plus tentés d’investir dans le club qui pourra en bénéficier, l’Olympique Lyonnais. Les victoires et défaites d’un club sont donc des facteurs influençant l’évolution du cours de l’indice STOXX.
Un club coté en bourse est-il un club en bonne santé ?
Avec le recul, on constate maintenant que les actions des clubs ont toutes perdu près de 25 % de leur valeur dans les 10 ans qui ont suivi cette entré en bourse, selon les indices Bloomberg et Dow Jones STOXX. L’Olympique Lyonnais ne fait pas exception à la règle, l’action de l’OL ayant perdu près de 95 % de sa valeur en 5 ans.
Cet échec apparent est étroitement lié à la volatilité apparente des marchés, trop dépendant des résultats sportifs, mais aussi à la mauvaise gestion dont se rendent coupables les clubs de football, et notamment aux salaires exorbitants des joueurs que les clubs ne peuvent entretenir à long terme, facteurs qui ont peu pour plaire aux investisseurs potentiels. Toutefois, les clubs les plus compétents en termes de résultats sur le terrain comme de gestion des budgets pourraient encore se montrer attractifs auprès des investisseurs. Or, d’après la Direction Nationale de Contrôle de Gestion, c’est le cas de nombreux clubs français. Le principe n’est donc pas encore entièrement condamné à disparaitre.