Il s’agit d’une décision qui pourrait avoir de lourdes conséquences. La police de Londres vient d’annoncer qu’elle va déployer la technologie de reconnaissance faciale en direct (Live Facial Recognition ou LFR) dans la ville. L’objectif est de localiser et d’identifier rapidement les suspects. Le commissaire adjoint de la police londonienne, Nick Ephgrave, veut toutefois faire taire toute critique envers cette décision en promettant que la technologie utilisée sera plus transparente et éprouvée. Le chef adjoint de la police a déclaré qu’une telle technologie est déjà utilisée dans le privé. Celle utilisée par la police a été testée préalablement par des spécialistes de cette technologie. Dans le détail, des caméras LFR seront installées dans des zones définies, celles susceptibles d’abriter les délinquants les plus dangereux. Une liste « sur mesure » de personnes à surveiller sera utilisée en parallèle avec le système de reconnaissance faciale. Des essais ont déjà été réalisés dans le centre commercial de Westfield et dans le quartier de West End. Selon la police, la présence des caméras LFR sera signalée, tandis que des agents de police seront présents sur place pour distribuer des brochures d’information. La police affirme aussi que la LFR n’est pas destinée à remplacer les policiers, à qui revient la décision d’appréhender un suspect ou non. Par ailleurs, la police a communiqué sur Twitter que les images qui n’ont pas déclenché d'alertes seront supprimées de la liste des personnes à surveiller.
Néanmoins, la précision affichée par le système de reconnaissance faciale LFR ferait défaut selon certains spécialistes. Si la police déclare que 70 % des suspects recherchés ont été identifiés, et qu’une seule personne sur 1000 faisait l’objet d’une fausse alerte, une étude indépendante affiche un résultat opposé. Cette dernière confirme que seuls 8 des 42 correspondances annoncées par la technologie de reconnaissance étaient correctes. Cela correspond à une précision de 19 %. De plus, le système LFR affichait parfois des résultats inexacts menant entre autres à l’arrestation de personnes impliquées dans des affaires déjà résolues. Big Brother Watch, un organisme de défense de la vie privée brandit déjà la poursuite judiciaire à l’encontre du Metropolitan Police Service et du ministre de l’Intérieur. L’agence déclare que cette technologie constitue une grave menace vis-à-vis des libertés civiles. Un autre groupe de protection de la vie privée, Liberty, affiche la même position. Dans tous les cas, cette décision de la police de Londres intervient au moment où l’Union européenne réfléchit à interdire toutes les technologies de reconnaissance faciale dans les lieux publics pendant trois à cinq ans. Au Royaume-Uni, nul n’est capable de dire qu’une telle décision va s’appliquer dans le pays après l’amorce du Brexit. En attendant, une pétition initiée par le groupe Liberty demandant au ministre de l’Intérieur de retirer la décision de la police de Londres a déjà réuni plus de 22.000 signatures.
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