La transformation numérique des entreprises françaises connaît une accélération notable, notamment en matière de partage des données. Selon le 4ᵉ Observatoire de la démocratisation des données réalisé par Opendatasoft et l’institut Odoxa, 45 % des organisations de plus de 50 collaborateurs déclarent désormais partager leurs données en interne, soit une progression de 10 points en trois ans. Cette dynamique illustre une prise de conscience croissante de l’importance de la data dans la performance des entreprises. Pourtant, malgré ces avancées, un défi majeur demeure : l’accès réellement autonome aux données pour tous les collaborateurs.
L’essor de l’intelligence artificielle, et plus particulièrement de l’IA générative, joue un rôle moteur dans cette transformation. L’Observatoire révèle que 60 % des Data Leaders considèrent désormais l’utilisation des données comme un axe de développement prioritaire, soit une augmentation de 21 points en trois ans. Ce phénomène s’explique par l’impact de plus en plus perceptible de la donnée dans l’efficacité opérationnelle
et l’innovation.
Pour Jean-Marc Lazard, co-fondateur et président d’Opendatasoft, l’accès à des données de qualité est une condition indispensable au déploiement de systèmes d’IA performants. Cependant, de fortes disparités subsistent entre secteurs. Alors que 54 % des entreprises privées ont instauré un partage global des données, ce chiffre chute à 21 % dans les organisations publiques, et 15 % d’entre elles n’ont même pas amorcé cette démarche.
D’importantes disparités selon les secteurs
Les bénéfices du partage des données sont pourtant largement reconnus. Près de 64 % des collaborateurs se disent satisfaits de leur accès aux données, un chiffre qui masque toutefois d’importantes variations selon les secteurs. Si le commerce affiche un taux de satisfaction de 71 %, le secteur de la finance et de l’assurance est en net retrait, avec 44 % des collaborateurs exprimant leur insatisfaction. Les utilisateurs identifient clairement les gains concrets du partage des données : 84 % estiment qu’il permet un gain de temps significatif, 82 % y voient une amélioration de l’efficacité et 81 % considèrent qu’il favorise une meilleure prise de décision. De plus, 72 % des répondants perçoivent la donnée comme un levier d’innovation pour le développement de nouvelles offres et services.Cependant, des obstacles persistent et freinent encore une véritable démocratisation des données. 45 % des Data Leaders évoquent un décalage entre les ambitions de leur organisation et la réalité opérationnelle. L’un des principaux freins identifiés est le manque d’autonomie des collaborateurs : 30 % d’entre eux déclarent ne pas pouvoir accéder directement aux données et doivent encore passer par des analystes spécialisés. Cette dépendance s’explique notamment par des structures encore trop cloisonnées, comme en témoignent les 33 % des Data Leaders et 36 % des utilisateurs qui jugent que leurs données restent silotées. De plus, lorsque la donnée n’est pas perçue comme une priorité stratégique, 55 % des Data Leaders attribuent ce retard à un manque de vision et d’ambition des dirigeants, alors que seulement 8 % estiment que cela est dû à un manque de compétences internes.
Un atout stratégique à exploiter
Pour accélérer cette démocratisation et permettre une appropriation plus large des données, plusieurs leviers apparaissent comme essentiels. La formation des équipes à la culture data est citée comme une priorité par 57 % des Data Leaders, tout comme le déploiement de l’intelligence artificielle pour faciliter la gestion et l’exploitation des données (55 %). Par ailleurs, les collaborateurs expriment un besoin croissant d’outils adaptés : 70 % souhaitent accéder à des données contextualisées et analysées, tandis que 63 % plaident pour la mise en place d’une plateforme unique leur permettant de chercher et d’exploiter les données de manière autonome.Jean-Marc Lazard, co-fondateur et président d’Opendatasoft, insiste sur la nécessité de structurer ces efforts pour que la donnée devienne réellement un outil accessible à tous.
« Pas d’IA sans data, affirme-t-il. L’accès à une donnée de qualité en interne est la condition sine qua non au déploiement de systèmes d’IA efficaces et utiles. Cette révolution, qui imprègne le débat public, incite tous les collaborateurs à s’approprier le sujet de la donnée et à mesurer tout ce qu’elle peut leur apporter au quotidien. »
Pour lui, le déploiement de solutions centralisées, ouvertes à tous les collaborateurs, constitue un levier puissant pour briser les silos et accélérer la démocratisation des données. Alors que la donnée s’impose de plus en plus comme un atout stratégique, les entreprises qui sauront en faire un usage fluide et accessible à tous auront une longueur d’avance dans leur transformation numérique.