OVHcloud vient de dévoiler des résultats semestriels qui sonnent comme une note d’optimisme dans un climat économique européen et mondial toujours sous le coup de la guerre commerciale. Le champion des infrastructures souveraines apporte une note d’optimisme dans un climat des affaires qui s’aggrave.

Alors que la Commission européenne n’anticipe qu’une croissance de 1,5 % du PIB de la zone euro en 2025 et une inflation encore légèrement au-dessus de 2 %, l’hébergeur roubaisien parvient à conjuguer expansion de son chiffre d’affaires, amélioration de sa rentabilité et montée en puissance de son positionnement « cloud de confiance ».

Sur les six premiers mois de son exercice décalé (clos le 28 février 2025), le groupe affiche 536 millions d’euros de revenus, soit un bond organique de 10,2 % par rapport à 2024. Le moteur principal reste le cloud public, dont les ventes grimpent de 17,3 % grâce aux usages liés à l’intelligence artificielle et au succès des formules d’engagement « Savings Plan ». Le cloud privé, toujours cœur de métier d’OVHcloud, gagne 10,4 %, stimulé par la nouvelle gamme de serveurs Bare Metal et par la qualification SecNumCloud obtenue pour la solution Bare Metal Pod. Au total, la rétention nette atteint 107 %, preuve de la fidélité des 1,6 million de clients répartis dans plus de 140 pays. La marge d’EBE ajusté progresse de deux points pour atteindre 40 %, générant 214,6 millions d’euros, tandis que le résultat net repasse dans le vert à 7,2 millions.

La dynamique du cloud : « un îlot de croissance »

Ces performances s’inscrivent pourtant dans un environnement où les entreprises serrent la vis budgétaire. Dans ce paysage, la dynamique mondiale du cloud fait figure d’îlot de croissance : Gartner projette 723 milliards de dollars de dépenses en services de cloud public pour 2025, soit une progression de 21 % sur un an, tandis qu’IDC évalue à 337 milliards de dollars le marché des solutions dédiées à l’IA l’an prochain. Autant de courants porteurs sur lesquels surfent les offres d’OVHcloud, notamment l’Object Storage
« 3 AZ » lancé en région parisienne et la mise à disposition de « Local Zones » dans 23 métropoles afin de réduire la latence pour les charges applicatives critiques.

La stratégie industrielle reste fidèle au modèle intégré du groupe : 43 centres de données sur quatre continents, serveurs conçus et assemblés en interne, et un réseau de fibre optique opéré en interne. Cette chaîne de valeur courte, combinée à une politique de prix prévisible, séduit aussi bien les PME que les grands comptes, à l’image du contrat signé avec une entité du groupe Commerzbank en Allemagne ou du projet de « cloud souverain » luxembourgeois mené avec Deep autour de la plateforme On-Prem Cloud Platform. Pour soutenir cette expansion, les investissements atteignent 192,9 millions d’euros
— l’équivalent de 36 % du chiffre d’affaires — un ratio supérieur à celui des hyperscalers, mais cohérent avec la volonté de maîtriser l’ensemble de l’infrastructure.

Une trésorerie sécurisée jusqu’en 2030

Sur le terrain financier, OVHcloud a sécurisé son horizon jusqu’en 2030 par des émissions obligataires et une ligne de crédit de 200 millions. La trésorerie disponible dépasse 307 millions, même si la remontée des coûts de la dette pèse déjà pour 24,2 millions
sur le semestre.

Face aux géants américains du cloud, la carte maîtresse demeure la souveraineté. Les débats autour du futur schéma européen de certification EUCS, plusieurs fois repoussés depuis un an et à nouveau bloqués en début d’année 2025, entretiennent
l’incertitude réglementaire.

Tandis qu’Amazon, Microsoft et Google font campagne pour assouplir les critères, OVHcloud milite, de concert avec d’autres acteurs européens, pour maintenir des exigences strictes d’hébergement et de contrôle des données dans l’Union. Cette prise de position renforce son image d’acteur et de partenaire de confiance pour les secteurs réglementés (banque, santé, administration), même si elle pourrait aussi retarder certains appels d’offres en l’absence de cadre clair.

Pour l’exercice 2025, la société confirme ses objectifs : croissance organique comprise entre 9 % et 11 %, avec une marge d’EBE autour de 40 %, et des investissements ramenés entre 30 % et 34 % des revenus tout en visant un flux de trésorerie non endetté supérieur à 25 millions d’euros. À court terme, le principal risque reste la conjoncture : un nouveau ralentissement de la dépense numérique ou un durcissement géopolitique pourraient différer certains projets d’infrastructure.

Mais l’appétit intact des entreprises pour les usages d’IA, le besoin croissant de localisation des données et la détente graduelle du coût du capital plaident pour la poursuite de la trajectoire haussière. Dans un marché du cloud public toujours dominé par les hyperscalers, la capacité d’OVHcloud à combiner innovation, frugalité énergétique et garanties de souveraineté continue de faire la différence.