La campagne annuelle 2025 de l’Arcep sur la qualité des services mobiles en métropole confirme l’avance d’Orange dans la plupart des indicateurs, tout en soulignant la persistance d’écarts notables entre zones urbaines et rurales. Si les performances globales progressent pour l’ensemble des opérateurs, la fracture numérique territoriale demeure, notamment sur l’internet mobile et la continuité de service dans les transports.
L’amélioration de la qualité des services mobiles reste un enjeu central pour les opérateurs télécoms en France, alors que les usages numériques s’intensifient et se diversifient. Chaque année, l’Arcep réalise une vaste campagne de mesures sur le terrain afin d’objectiver les performances des réseaux mobiles en métropole. Les résultats 2025 dressent une photographie du marché, révélant les positions relatives des acteurs sur la voix, les SMS, l’internet mobile et la couverture dans les transports, tout en mettant en lumière les marges de progression.
La dynamique concurrentielle se joue désormais sur la capacité à garantir une expérience homogène sur tout le territoire, alors que les écarts entre centres urbains et zones rurales restent sensibles. Les entreprises, les administrations et les particuliers placent la continuité et la fiabilité des services mobiles au cœur de leurs attentes, dans un contexte d’accélération de la transformation numérique et de généralisation des usages collaboratifs.
Orange conserve sa position sur la voix et les SMS
Sur la voix et les SMS, Orange conserve son leadership au niveau national, avec 91 % des appels considérés en qualité parfaite et 95 % des appels sans coupure, devançant Bouygues Telecom et SFR, ex aequo à 88 % et 87 % respectivement, tandis que Free Mobile ferme la marche avec 84 %. En zones denses, Bouygues Telecom rejoint Orange en tête, alors qu’en zones rurales, l’écart se creuse : Orange maintient 83 % d’appels parfaits, loin devant SFR (79 %), Bouygues Telecom (77 %) et Free Mobile (76 %). L’écart se resserre toutefois pour les SMS, où tous les opérateurs dépassent 93 % de messages délivrés en moins de dix secondes. Ces performances traduisent la maturité des infrastructures, mais soulignent la persistance d’une inégalité de service hors des grandes agglomérations.
La nouveauté 2025 réside dans l’intégration d’une seconde plateforme de voix sur IP pour mesurer la qualité des appels via applications de messagerie instantanée. Les résultats affichent des taux de succès inférieurs aux appels traditionnels, avec Orange (82 %) et Free Mobile (80 %) en tête, Bouygues Telecom et SFR à 77 %, confirmant la dépendance de ces usages à la qualité du réseau et à la configuration des terminaux.
La qualité de l’internet mobile s’apprécie désormais à travers plusieurs seuils de débits descendants — 3, 8 et 30 Mbit/s — afin de refléter la diversité des usages, du web au streaming et aux outils collaboratifs. Orange domine globalement, surtout en zones rurales et intermédiaires, tandis que Bouygues Telecom se distingue sur les seuils les moins exigeants en zones denses. Les débits montants, stratégiques pour l’envoi de données et l’essor de l’intelligence artificielle, placent Orange loin devant en zones urbaines (34 Mbit/s) comme rurales (14 Mbit/s), alors que les autres opérateurs restent sous la barre des 12 Mbit/s en campagne.
Cette approche, adoptée par l’Arcep dans une logique de « numérique soutenable », vise à ne plus privilégier la course au débit maximal, mais à garantir une expérience adaptée aux besoins réels. Malgré des progrès, la couverture et la performance en zones peu denses demeurent un point d’attention pour la régulation et pour les opérateurs qui cherchent à réduire la fracture numérique.
Expérience utilisateur : fluidité urbaine, contraintes rurales
La fluidité de la navigation web et du visionnage vidéo se confirme en zones denses et intermédiaires, où plus de 93 % des pages se chargent en moins de cinq secondes chez Orange et Bouygues Telecom. En zones rurales, Orange se détache (79 %), suivi par SFR (75 %), Free Mobile (72 %) et Bouygues Telecom (71 %). Côté vidéo, la quasi-totalité des flux restent fluides en centre urbain, mais les écarts se creusent sur les axes moins densément couverts, mettant en évidence la nécessité de poursuivre les investissements en dehors des grandes villes.
Cette situation illustre la difficulté à assurer une qualité homogène sur tout le territoire, malgré la généralisation de la 4G et la diffusion progressive de la 5G. La capacité des opérateurs à garantir cette continuité de service devient un élément différenciateur, alors que les usages collaboratifs, les visioconférences et les applications en temps réel se généralisent dans toutes les sphères d’activité.
Dans les transports, la continuité est perfectible dans le ferroviaire
Les performances sur les axes routiers et en milieu urbain restent élevées, avec 95 % d’appels maintenus deux minutes pour Orange, suivi de près par Bouygues Telecom et SFR (94 %) puis Free Mobile (92 %). Toutefois, le secteur ferroviaire révèle de fortes disparités. Sur les TGV, Orange maintient 74 % des communications, Free Mobile 61 %, Bouygues Telecom 58 % et SFR 56 %. Dans les Intercité et les TER, la hiérarchie reste similaire, avec un taux de succès qui tombe à 63 % pour Orange. Concernant la navigation web, Orange affiche la meilleure performance (70 % de pages chargées en moins de cinq secondes dans les TGV), devant Free Mobile et SFR (63 %), Bouygues Telecom (61 %).
Les transports collectifs franciliens (RER, Transilien, métro) bénéficient d’une meilleure continuité, Orange et Bouygues Telecom y atteignant 85 % ou plus de pages chargées rapidement, tandis que les résultats dans le métro flirtent avec l’excellence pour les quatre opérateurs. L’expérience sur le réseau ferré longue distance reste, elle, en retrait, posant la question de la couverture à bord et des stratégies de déploiement spécifiques au secteur ferroviaire.
La publication 2025 de l’Arcep atteste de la progression continue de la qualité des réseaux mobiles en métropole, tout en rappelant l’ampleur des disparités géographiques. Orange consolide sa position de référence, mais la concurrence progresse sur des segments spécifiques et continue d’investir dans les infrastructures. Pour les entreprises et les collectivités, la généralisation des usages mobiles, l’essor du travail collaboratif et le développement de l’intelligence artificielle posent de nouveaux défis en matière de capacité, de latence et de fiabilité. L’enjeu à venir réside dans la réduction des écarts de service, l’adaptation des réseaux aux nouveaux usages et l’accompagnement des transitions territoriales, dans le cadre d’une régulation qui privilégie la qualité d’expérience plutôt que la seule course à la performance technique.























