Vertiv et GreenScale officialisent une coopération qui accélère l’émergence de plateformes de centres de données prêtes pour l’IA en Europe. L’accord porte sur des modules préfabriqués à haute densité, refroidis par liquide et conçus pour accueillir les générations de processeurs graphiques les plus exigeantes. En arrière-plan, cette alliance illustre une tentative très concrète de structurer une capacité de calcul européenne capable de soutenir les ambitions d’autonomie numérique et énergétique du continent.

GreenScale n’est pas un simple sous-traitant immobilier. L’entreprise développe des campus de données hyperscale et se positionne comme concepteur d’infrastructures numériques durables sur des marchés européens en expansion. Soutenue par l’investisseur en infrastructures DTCP, elle travaille au plus près des grands utilisateurs de calcul afin de proposer des solutions de centres de données adaptées aux charges hyperscale, IA et cloud, avec une promesse de performance, d’évolutivité et d’intégration énergétique avancée.

La collaboration annoncée avec Vertiv consolide cette stratégie. GreenScale prend la main sur la construction des sites, l’intégration au réseau électrique, les autorisations, les systèmes de gestion technique et de sécurité. Vertiv apporte des plateformes OneCore préfabriquées et testées en usine, déjà dimensionnées pour des baies dépassant les deux cents kilowatts et des architectures de refroidissement liquide adaptées aux processeurs graphiques Grace Blackwell et Vera Rubin. L’ensemble forme une offre de campus IA-ready qui cherche à concilier densité, efficacité énergétique et délai de mise à disposition.

GreenScale, un développeur de campus de calcul

Le profil de GreenScale mérite d’être explicité pour les décideurs qui suivent les trajectoires d’infrastructures souveraines. L’entreprise se déploie sur des zones jugées stratégiques pour l’économie de la donnée européenne. Son programme actuel prévoit environ cent vingt mégawatts en Irlande du Nord et plus de trois cents mégawatts dans les pays nordiques, avec une ambition proche du gigawatt à terme. Ces territoires combinent conditions climatiques favorables, accès à des énergies renouvelables et volonté politique d’attirer des investisseurs du numérique.

GreenScale se présente comme un acteur de centres de données à haute performance, mais aussi comme un vecteur de retombées locales. Ses communications insistent sur la stabilité du réseau, l’intégration des énergies renouvelables et la contribution à la croissance économique. Dans les faits, l’entreprise se positionne comme un maillon intermédiaire entre les grands fournisseurs de technologie et les acteurs qui souhaitent exploiter des infrastructures de calcul intensif en Europe, qu’il s’agisse de fournisseurs de services cloud, d’industries gourmandes en calcul ou de nouveaux venus de l’IA générative.

Une brique d’infrastructure souveraine et durabile

La portée de cette alliance dépasse le seul périmètre technique des baies à haute densité. En standardisant ses futurs campus sur des plateformes préfabriquées comme Vertiv OneCore, GreenScale contribue à créer un socle industriel reproductible pour l’IA en Europe. Les décideurs publics et privés cherchent à soutenir des chaînes d’infrastructures moins dépendantes de déploiements entièrement externalisés, tout en restant compatibles avec les exigences des grands fournisseurs de technologies IA. Une offre de centres de données conçue et opérée sur le sol européen, optimisée pour le refroidissement liquide et les très fortes densités, va dans ce sens.

Il ne s’agit pas pour autant d’une réponse complète aux enjeux de souveraineté, qui se jouent également au niveau des couches logicielles, de la maîtrise des données et des cadres réglementaires. En revanche, l’alliance Vertiv GreenScale matérialise un mouvement de fond. Elle montre que des acteurs spécialisés peuvent industrialiser une capacité de calcul compatible avec les besoins d’inférence et d’entraînement IA à grande échelle, en l’ancrant dans des territoires européens où les questions de mix énergétique, de résilience du réseau et d’acceptabilité locale sont devenues centrales.

Un soutien pour les stratégies IA des fournisseurs européens

Pour les entreprises européennes qui cherchent à développer des offres IA ou des services de calcul avancé, la disponibilité de plateformes AI-ready représente un élément clé de leurs arbitrages. Des campus standardisés, refroidis par liquide, livrés plus rapidement et dimensionnés pour des générations successives de processeurs graphiques peuvent faciliter l’émergence de services de calcul localement ancrés, voire de solutions qualifiées pour des usages régulés lorsque les cadres de certification le permettent.

Cette alliance peut ainsi devenir un atout pour les opérateurs de cloud régionaux, les fournisseurs de services managés et les intégrateurs qui souhaitent bâtir des offres différenciées sur une base d’infrastructure européenne. Elle ouvre la voie à des architectures hybrides où des charges IA stratégiques peuvent être déployées dans des centres de données situés en Irlande du Nord ou dans les pays nordiques, tout en restant intégrées à des chaînes de valeur régies par les contraintes européennes de résilience, de durabilité et de conformité.

La transition vers des usines à calcul IA en Europe

L’alliance Vertiv GreenScale illustre l’évolution progressive des centres de données vers des usines à calcul IA conçues selon des modèles industriels. Les modules OneCore préfabriqués et le réseau de fluide secondaire SmartRun s’insèrent dans une logique de plateformisation des centres de données, où l’on assemble des briques standard pour répondre à des demandes de capacité croissantes, sans rallonger indéfiniment les délais de projet. Pour GreenScale, cette approche conditionne l’exécution d’un plan d’expansion ambitieux qui repose sur des volumes, des délais et une qualité reproductible.

Pour les responsables d’infrastructures et les directions informatiques, l’intérêt immédiat réside dans la réduction de la complexité technique à gérer sur site, la prévisibilité de la montée en densité et la capacité de projection sur plusieurs générations matérielles. La question n'est pas de savoir si ces plateformes vont trouver leur marché, mais si ces plateformes seront assez pour répondre aux besoins européens, en consolider une base industrielle de centres de données IA-ready, et qui servira de support aux stratégies de souveraineté numérique, tout en répondant à la pression croissante de la demande en computation (pour l'apprentissage et l'inférence), des performance énergétique et de l’intégration des énergies renouvelables.

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