Le dernier système d'exploitation de Microsoft, Windows 8, se voit interdire l'accès des PC de l'administration chinoise. Les motifs évoqués, économies d'énergie et failles de sécurité, cachent certainement une décision politique.

 

Même si la Chine a toujours cherché à disposer de son propre système d'exploitation – le gouvernement chinois est en particulier le support du développement de plusieurs distributions Linux – le système d'exploitation (OS) Windows de Microsoft y est très présent Qu'il agisse de produits sous licence ou de copies piratées... Mais le parc des équipements chinois en PC est plutôt vieillissant, avec selon Les Echos une part de marché de Windows XP d'environ 70 %, voire plus dans les administrations.

L'arrêt du support de cet OS, avec en corollaire d'une part un fort risque sécuritaire sur le parc XP, et d'autre part la nécessité de migrer vers un OS plus récent et sécurisé, représente un important potentiel pour Microsoft. L'éditeur a d'ailleurs engagé des travaux avec le gouvernement chinois afin de valider la capacité de Windows 8 à répondre aux exigences des marchés publics.

Seulement voilà, ce même gouvernement chinois vient d'annoncer que Windows 8 est interdit d'administration. Le Centre des achats du gouvernement central a purement et simplement interdit l'usage de Windows 8 sur « tous les ordinateurs de bureau, ordinateurs portables et tablette tactiles » que les agences gouvernementales peuvent acquérir.

Energie, sécurité...

Concernant le motif du rejet, c'est la cacophonie dans le message des autorités chinoises. L'interdiction est officiellement liée à une inadéquation de Windows 8 aux normes chinoises en matière d'économie d'énergie. C'est pourtant un point sur lequel Microsoft a beaucoup travaillé ! L'agence étatique Chine Nouvell évoque quant à elle une décision liée à la présence de failles dans Windows 8. « Le gouvernement chinois ne peut évidemment pas ignorer les risques d’utiliser un système d’exploitation sans un support technique garanti.  Il a agi pour éviter d’être confronté à une situation identique dans le futur s’il continue à acheter de l’informatique avec des systèmes d’exploitation étrangers . »

L'argument sécuritaire est certes vrai, mais ce n'est pas nouveau. Et surtout Windows 8 est de facto plus sécurisé qu'un Windows XP qui n'est plus supporté !

... 'made in China' ou représailles ?

Comme c'est souvent le cas dans ce genre d'affaire, la vérité est probablement au delà de ces considérations techniques. Et serait plutôt d'ordre politique. L'effet Snowden et les pratiques d'espionnage à grande échelle de la NSA, auxquels Microsoft a peut-être pris part, ont certainement pesé dans la balance. Et une nouvelle affaire d'espionnage industriel, avec procédure judiciaire engagée aux Etats-Unis contre cinq militaires chinois, a enfoncé le clou.

Par ailleurs, le gouvernement chinois pourrait souhaiter équiper son administration avec un système national, un OS 'made in China'. Un argument qui prend toute sa valeur face au risque de s'équiper d'un système d'exploitation sur lequel des agences américaines auraient pu glisser du code espion. Et pourquoi pas adopter un OS dont il peut lui-même prendre le contrôle ?

C'est en tout cas un bien mauvais coup que le gouvernement chinois a réservé à Microsoft, dans un pays où la majorité des produits de l'éditeur proviennent de circuits parallèles et ne rapportent rien en licences. Si même les acquéreurs 'officiels', qui disposent de licences légales, se mettent à l'écarter... Il ne lui reste qu'à espérer que ses partenaires chinois qui hébergent Azure puissent renverser la vapeur ! Et surtout que l'idée ne vienne aux pays émergeants de suivre l'exemple de la Chine...