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La pandémie du Covid-19 impacte les supply chains. Les responsables des chaînes d'approvisionnement doivent relever de nombreux défis dont l’un des principaux est l’incertitude quant à l’évolution de la situation. Elle oblige surtout les entreprises à étudier précisément les risques qui peuvent impacter leur supply chains

Des linéaires vides dans la grande distribution. Ces usages ont fait le tour du monde. Mais elles n’indiquaient pas des défaillances de la chaîne d'approvisionnement, ni même des pénuries au sens strict.

Plutôt, des comportements irrationnels des consommateurs. Cependant, 94 % des entreprises de l’indice Fortune 1000 voient leurs supply chains perturbées par le Covid-19, selon EY.

Pour Kyu Associés (qui publie un « Baromètre des risques supply chain », en collaboration avec le mastère spécialisé de management des risques de l’École des arts et métiers ParisTech), cela est dû à « une totale sous-estimation du risque épidémique considéré comme un des moins probable et des moins impactant pour la supply Chain ».

Or, ce n’est pas la première fois qu’elles sont impactées.

De nombreux événements ont perturbé les supply chains : catastrophes naturelles (le tremblement de terre de Tōhoku au Japon avait obligé les constructeurs automobiles à stopper leur production), attaques terroristes, tensions sociales, cyberattaques ou encore tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine.

Flux tendus

La rupture des supply chains est donc une menace constante pour les entreprises. En temps normal, les opérations en flux tendu de nombreuses entreprises se traduisent par des marges de stock très faibles.

C'est la position stratégique adoptée par la majorité des organisations. Mais en période de demande inattendue comme celle que nous vivons en ce moment, ces faibles marges de stock sont à l’origine de ces fameuses images de linéaires vides ou très peu remplis.

Mais les responsables des supply chains s'efforcent de trouver des solutions créatives, d'identifier des sources plus locales pour certains produits et de contribuer ainsi à la lutte contre le coronavirus (c’est aussi une nécessité, étant donné qu'il existe une réelle pénurie de masques et d'autres équipements médicaux.

Pour construire une supply chain plus résiliente, les entreprises doivent s’écarter des modèles linéaires et rigides qui ont eu cours jusqu’ici, optimisés très souvent selon le critère du coût. Elles doivent se projeter au sein d’un réseau d’écosystèmes agiles.

Pour y parvenir, cinq actions clés sont recommandées par EY :

  1. Procéder à une évaluation complète des risques de la supply chain afin de tester sa résistance, d’identifier des scénarios de risques critiques et de définir des réponses potentielles ;
  1. Investir dans des capacités clés de la supply chain comme la visibilité et la surveillance ; développer des modèles opérationnels différents, des stratégies alternatives de recherche de fournisseurs, un réseau flexible et une planification agile ;
  1. Instaurer une surveillance des menaces, développer des outils de reporting, mais aussi créer un système d’alerte des risques et des perturbations pour y répondre au plus vite ; évaluer les risques pour les nouveaux produits et s’adapter aux changements de l’offre et de la demande ;
  1. Instaurer un plan B en cas de perturbation, des processus opérationnels et prévoir des réponses adaptées. S’assurer que les délégations d’autorité et de prise de décision sont claires et que les protocoles de communication internes et externes sont bien en place ;
  1. Mettre en place un cadre de gestion de crise en cas d’événements majeurs.

Un risque systémique

« On a coutume de dire que le risque supply chain est devenu un risque systémique », déclare Thibaud Moulin, associé chez Kyu. Par effet papillon, « il peut en effet mettre à genoux tout un secteur industriel ».

Présenté en janvier dernier, le Baromètre de Kyu indiquait que si l’industrie « a globalement intégré ces risques dans ses processus opérationnels et décisionnels en se dotant d’outils, la distribution et les services sont moins avancés sur le sujet. Certains risques comme la cybersécurité ou les incendies restent assez mal appréhendés par tous, faute de prise de conscience ».

La pandémie du Covid-19 est révélatrice de cette situation et obligera les entreprises à évaluer plus précisément les risques de leur supply chain.