Vivendi a tranché au profit de Numericable pour la cession de SFR, malgré une dernière surenchère de Bouygues. Un choix justifié selon Jean-René Fourtou, le président de Vivendi. Pour autant l'affaire n'est peut être pas encore terminée...

En photo, Patrick Drahi, le patron d'Altice/Numericable.

Fin du suspens, le Conseil de surveillance de Vivendi a finalement choisi de retenir l'offre de Altice-Numericable, au détriment de celle de Bouygues. Un choix « à l'unanimité » selon le communiqué.

Vivendi n'a pas cédé à la dernière surenchères de Bouygues (15,5 milliards d'euros). Le Conseil de surveillance lui a préféré les 13,5 milliards d'euros, avec un complément de 750 millions soumis à conditions de résultats, et la participation de 20 % dans le nouvel opérateur.

La prudence de Vivendi

Le choix de Numericable, guidé par Jean-René Fourtou, le président du Conseil de surveillance de Vivendi, a le mérite de limiter les risques d'intervention de Bruxelles sur la création avec Bouygues d'un opérateur considéré trop gros par les autorités européennes de la concurrence. « Un rapprochement avec Bouygues aurait créé un groupe avec 47% de part de marché en valeur dans le mobile, ce qui était intenable au plan de la concurrence. Le régulateur aurait demandé des remèdes très importants afin de rééquilibrer le marché », a déclaré Jean-René Fourtou dans une interview aux Echos.

De même, le montage de Bouygues avec Free a certainement pesé dans la balance. Tandis que la multiplication des offres a certainement laissé planer le doute quant à la démarche du troisième opérateur télécoms français.

C'est pourquoi le conseil de Vivendi a préféré l'offre de Numericable, écartant le risque de recouvrement entre les activités de la société dans le câble et SFR, et proposant « un projet porteur de croissance », dixit Jean-René Fourtou. Qui par ailleurs a pointé le volet social de Bouygues avec la crainte d'une multiplication des doublons qui auraient représenté un sur-effectif de 4.000 à 6.000 personnes.

Bouygues n'a pas dit son dernier mot...

Bouygues ne devrait cependant pas en rester là. Sa dernière offre, annoncée à la veille de celle de Vivendi, avec 15,5 milliards d'euros en numéraire et 5 % du nouvel ensemble pour Vivendi, est maintenue jusqu'au 25 avril. Le groupe, qui a contesté l'exclusivité des négociations engagées entre Vivendi et Altice-Numericable, pourrait également engager des poursuites judiciaires. Les actionnaires minoritaires de Vivendi pourraient faire entendre leur voix. On évoque également la possibilité d'une 'class action', une action collective menée aux Etats-Unis contre le groupe Vivendi.

Quant au gouvernement, on se souvient des prises de position de certains ministre pour Bouygues, il pourrait bien adopter un profil bas après le remaniement... Arnaud Montebourg, le nouveau ministre des finances - qui avait pris position pour Bouygues dans l'optique de « renforcer les opérateurs de télécommunication français » en vue de la consolidation du secteur à l'échelle européenne - s'est contenté d'affirmer qu'il entendait « redoubler de vigilance » sur les engagements pris en terme d'emploi.