« Nous allons rationaliser la prochaine version de Windows en partant de trois systèmes d'exploitation qui vont converger vers un système d'exploitation unique pour les écrans de toutes tailles ». Satya Nadella, CEO de Microsoft.

La déclaration de Satya Nadella, le CEO de Microsoft, lors de sa conférence sur les résultats trimestriels de l'éditeur, fait le buzz. Elle fait suite à l'annonce de Windows 9 et de UI 2.0 'All devices, one OS'. Pris à la lettre, le patron annonce que prochainement il n'y aura plus qu'un seul Windows quelque soit la plateforme, PC, smartphone, tablette, Xbox ou objet connecté. Ce serait trop facile...

Rappelons tout d'abord que Microsoft dispose de 3 plateformes Windows : Windows 8, Windows Phone et Windows Embedded. Partant de là, Windows se décline en de multiples versions du système d'exploitation (OS), par exemple pour PC familial ou professionnel, pour la Xbox, pour la tablette Surface, pour les smartphones Nokia, etc. Et à chaque version de l'OS sa licence et son prix.

Rien de neuf dans le paysage...

D'abord l'annonce n'est pas réellement une nouveauté. La réunion des plateformes qui permettrait de ne développer qu'une seule application qui tournerait sur toutes les déclinaisons de Windows n'est pas une chimère, Microsoft a commencé à l'évoquer il y a plus de 10 ans. A l'époque, ce type de projet figurait sous le label « write once, run anywhere ».

Et c'est en 2011, avec l'annonce de Windows 8, que l'on a commencé à croire au rêve. Plus récemment, l'annonce d'une plateforme unique, Windows Store, qui se substitue aux Windows Store for desktop, Windows Phone Store for mobile et Xbox Live, laisse à penser que prochainement une application unique pourra être proposée quelle que soit la plateforme Windows... C'est probablement là qu'est le sens de l'annonce de Satya Nadella.

... sauf un vrai problème sur le mobile !

En fait, comme d'habitude, il faut chercher le sens caché derrière le message. Et se poser la question : quelle faiblesse Microsoft cherche à combler en réunissant les 3 plateformes Windows ?

  • Windows 8 adresse le marché des PC et des tablettes Intel (et bientôt ARM ?) avec une double position de leader et de vache à lait du groupe.
  • Windows Embedded est un produit particulier, qui adresse le marché des technologies embarquées. Microsoft ne cesse d'y progresser, la nombreuse famille des développeurs Microsoft tire profit de sa capacité à développer sur Windows PC pour s'adapter à l'embedded. Et l'explosion exponentielle de l'Internet des Objet est attendue.
  • Microsoft est dans les choux sur le mobile... Cela se traduit par une part de marché Windows Phone qui reste marginale et peine à décoller. Mais surtout par une riche et nombreuse communauté de développeurs sur mobiles et smartphone largement acquise à IOS (Apple iPhone et iPad) et Android. Une situation à laquelle Microsoft, dont une part de sa réussite porte sur sa capacité à conserver captive sa communauté, n'est pas habitué. Et surtout un enfermement dont il n'arrive à s'extirper !

Le vrai intérêt pour Microsoft de proposer une plateforme commune pour ne développer qu'une application, déclinable sur toutes les matériels qui embarquent une version de Windows, c'est bien de permettre à son écosystème de développeurs de pouvoir simplement, et mieux encore sans qu'ils en aient la volonté, porter leurs applications vers le Windows mobile.

Un seul OS ou une seule application ?

La question mérite donc d'être posée. Et l'expérience Linux en ce domaine est riche d'enseignements. Dans la communauté du pingouin, la plateforme de développement est bien quasi unique, mais l'OS Linux se décline également en autant de versions de que devices. Apple vise également la convergence entre Mac OS X et IOS, par touches successives, mais prend son temps, ce qui démontre que la démarche n'est pas simple !

En annonçant une plateforme unique, les 3 BU (business unit) étant déjà réunies sous une direction unique, Satya Nadella s'adresse plutôt aux développeurs. D'ailleurs, appelé à entrer plus en détail dans sa nouvelle stratégie, mais sans en révéler réellement plus, le CEO a indiqué que cette « équipe sur une architecture en couches » sera profitable aux développeurs. Qui pour leurs applications n'auront plus à faire qu'avec « un magasin, un système de commerce, un mécanisme de découverte. (…) Cela nous permet également d'adapter l'interface utilisateur (UI) à l'échelle de toutes les tailles d'écran. Cela nous permet de créer cette notion d'applications Windows universelles et d'être cohérent. »

Sans oublier le nuage, avec une mission de stockage, de partage et de synchronisation via le cloud computing, Microsoft Azure, évidemment. Etrangement une approche innovante qui n'a pas été évoquée par Satya Nadella, ce qui tendrait à rappeler que décidément sur la convergence il est bien difficile de passer du concept à la mise en application...

Une armée de développeurs au secours des mobiles Windows

Le rêve de Satia Nadella et de Microoft est donc des plus simples : disposer d'un catalogue d'applications Windows qui tournent sans intervention sur le code sur les smarphones, les tablettes, les PC, et les objets connectés. Ce qui d'ailleurs serait une réponse à l'une des attentes des utilisateurs, qui à 50% n'exploitent pas les applications fournies par leur entreprise, leur préférent les applications grand public (lire « La DSI se plante sur ses applications mobiles »). Donc une armée de développeurs Windows au secours de Microsoft sur les mobiles !

En revanche, il faudra continuer de maintenir les applications sous les OS vieillissants de Microsoft, XP, Vista, Windows 7, Windows 8, etc. Autant de futurs exclus de la convergence, mais qui aujourd'hui représentent 100 % des clients de l'éditeur, et qu'il faudra donc continuer de satisfaire !